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Fragilisé en Chine, Carrefour cède ses activités au chinois Suning.com

Fragilisé en Chine, Carrefour cède ses activités au chinois Suning.com
Un magasin Carrefour à Pékin en Chine Frederic J. BROWN
 
 

En proie depuis plusieurs années à des difficultés en Chine, le géant français de la distribution Carrefour a annoncé dimanche la cession de sa filiale locale au groupe chinois Suning.com, prenant acte de la transformation en profondeur de ce marché.

D'ici la fin de l'année, Carrefour compte céder 80% des titres de Carrefour Chine à Suning.com pour un montant de 620 millions d'euros.

Une fois cette opération réalisée, le groupe français conservera 20% du nouvel ensemble et deux sièges sur sept au conseil de surveillance de Carrefour Chine.

Cette situation pourrait toutefois n'être que temporaire: l'accord prévoit la possibilité, au cours des quatre prochaines années, de céder au groupe chinois cette participation résiduelle de 20% détenue par Carrefour.

"Cette opération en numéraire valorise Carrefour Chine sur la base d'une valeur d'entreprise de 1,4 milliard d'euros", montant qui inclut la valeur des fonds propres, diverses dettes et la valeur des intérêts minoritaires, a précisé Carrefour.

- Dégradation progressive -

Présent en Chine depuis 1995, Carrefour y compte 210 hypermarchés et 24 magasins de proximité. Sa part de marché dans le pays n'en est pas moins modeste et ne dépasse pas la barre de 3%.

Suning.com est, quant à lui, un géant de la distribution en Chine avec plus de 8.881 magasins dans plus de 700 villes et la troisième plateforme de e-commerce du pays, selon les données présentes dans le communiqué de Carrefour.

L'accord annoncé ce dimanche est le résultat d'une dégradation progressive ces dernières années de la situation de Carrefour Chine, miné par des retards dans l'adaptation à la révolution numérique et un effritement de ses recettes.

En 2018, cette entité a généré un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros, en repli de presque 10% sur un an, et une perte d'exploitation de 32 millions d'euros, après une perte de 72 millions en 2017.

Pour redresser la barre, le groupe avait engagé fin 2017 un plan de redressement, lequel a "créé une dynamique positive et permis de rattraper une partie du retard", a déclaré à l'AFP une source proche du groupe.

Pour autant, ces efforts n'ont pas suffi à redresser durablement la rentabilité de Carrefour Chine, ce qui a conduit le groupe à opter pour une cession, après avoir été approché par plusieurs acteurs du secteur.

De fait, dans la distribution comme ailleurs, "le marché chinois est complètement bousculé, avec une accélération du digital, des habitudes de consommation qui changent et un début de consolidation", explique à l'AFP la même source.

- "Forte complémentarité" -

Dans ce contexte, "la forte complémentarité entre les activités de Carrefour Chine et de Suning.com permettra d'accélérer le développement de Carrefour Chine", justifie le groupe dans son communiqué.

"On est sur un niveau de valorisation attractif et qui était inconcevable il y a deux ans. C'est aussi parce que Carrefour Chine est devenu plus attractif que cette opération a été possible. C'était le bon moment et le bon partenaire", assure à l'AFP la même source.

L'opération présente par ailleurs un autre avantage: Carrefour va aussi devenir le principal fournisseur de Suning.com pour les produits alimentaires et de grande consommation, précise la source.

Ces manœuvres interviennent dans un contexte particulier pour Carrefour, engagé depuis un an dans un plan de transformation.

Fin avril, le distributeur a confirmé ses objectifs financiers du plan "Carrefour 2022" lancé début 2018, à savoir un plan d'économie de 2,8 milliards d'euros en année pleine à horizon 2020, et un chiffre d'affaires de 5 milliards en produits bio d'ici 2022, notamment.

Dans le cadre de ce plan, le géant de la grande distribution entend se recentrer sur l'alimentaire, avec une restructuration touchant six secteurs (caisses des stations d'essence, rayons hifi-électroménager et bijouterie, traitement des recettes en magasin, encadrement et services de paie).

Jusqu'à 3.000 départs sont prévus (dont 1.230 suppressions de postes) dans le cadre d'un projet de rupture conventionnelle collective.


 

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