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Air France: les menaces sur l'emploi plus fortes dans les escales

Air France: les menaces sur l'emploi plus fortes dans les escales
L'aéroport de Nice, le 18 septembre 2014VALERY HACHE
 
 

Les 3.000 suppressions de postes envisagées en 2016 et 2017 à Air France, dans le scénario le plus pessimiste, pèseront en grande partie sur le personnel des escales de province, selon un rapport d'experts consulté vendredi par l'AFP.

Ce rapport du cabinet Secafi portant sur la restructuration annoncée début octobre, a été présenté vendredi en comité central d'entreprise (CCE) d'Air France.

Un millier de départs sont actés pour 2016. Mais la direction pourrait renoncer à réduire son activité et à supprimer 2.000 postes supplémentaires en 2017, en cas d'accord avec ses pilotes d'ici à février.

Dans le pire des scénarios, Air France comptera à l'été 2017 un sureffectif de 2.987 postes, soit 7,1% des effectifs estimés à fin 2015, précise le cabinet Secafi.

Au sein du personnel au sol, la menace sur l'emploi est la plus importante avec 1.817 postes en trop (6,9% des effectifs), dont 500 postes (13,7% des effectifs) dans les "métiers de l'assistance en escale" à Orly et en province.

Air France n'a pas précisé à Secafi si un plan de départs volontaires (PDV) serait ouvert pour ces agents d'escale. Il est certain pour les autres personnels au sol.

En revanche, la direction envisage des départs à la fois volontaires et contraints pour les navigants. Pour l'été 2017, le sureffectif est estimé à 890 hôtesses et stewards et 280 pilotes, rapporte le cabinet.

Secafi souligne que la pleine application de la restructuration, en 2016 et 2017, se traduirait par "un rythme de départs en accélération" par rapport à 2015, où près de 1.900 équivalents temps pleins (ETP) vont disparaître. Entre fin 2014 et avril 2017, les effectifs fondraient de 4.889 ETP, a calculé le cabinet.

Pour les 1.000 emplois supprimés en 2016, "le recours à un PDV est indiqué par Air France comme fort probable courant du 1er semestre 2016", précise Secafi.

"Nous décrétons l'état d'urgence sociale à Air France", a réagi auprès de l'AFP Mehdi Kemoune (CGT), persuadé que la direction mettra en oeuvre la totalité du plan.

"On se dirige tout droit vers le modèle de l'industrie, à savoir deux tiers de navigants et un tiers de personnel au sol", ce qui aura "pour conséquence une externalisation maximale" de ce dernier, dit-il. Pour lui, cela va "à l'encontre de la logique de chaîne de sécurité du transport aérien".

Air France a par ailleurs confirmé l'annulation des livraisons de trois Boeing 787, initialement prévues en novembre 2016 et l'été 2017. Elles pourraient cependant faire l'objet d'un "report sur une commande ultérieure", écrit Secafi.

"La direction n'envisage plus d'investir dans l'entreprise qu'elle dirige", a regretté auprès de l'AFP Véronique Damon du SNPL, premier syndicat de pilotes à Air France. Selon elle, les experts ont soulevé "le risque d'une stratégie de repli systématique dans un contexte de croissance".

Les éléments contenus dans le rapport "confortent notre opposition au plan B" de réduction de l'activité, a réagi de son côté Béatrice Lestic (CDFT), en dénonçant un "discours de la direction (qui) reste imprécis donc inaudible".


 

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