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"Notre moment Oppenheimer": à Vienne, appel à réguler les "robots tueurs"

"Notre moment Oppenheimer": à Vienne, appel à réguler les "robots tueurs"
Des images sont projetées sur un mur lors de la conférence "L'humanité à la croisée des chemins : les systèmes d'armes autonomes et le défi de la régulation", le 30 avril 2024 à VienneJoe Klamar
 
 

Un appel à réguler les armes létales autonomes, aussi surnommées "robots tueurs", a été lancé mardi soir à Vienne, à l'issue d'une conférence internationale sur le sujet insistant sur "l'urgence" devant les efforts diplomatiques infructueux.

"C'est le +moment Oppenheimer+ de notre génération", souligne le document final transmis à l'AFP, en référence au physicien Robert Oppenheimer qui a fait entrer la planète dans l'ère nucléaire et dont un film aux sept Oscars retrace le parcours.

De l'invasion russe en Ukraine aux crises au Moyen-Orient, "les tensions géopolitiques menacent de conduire une percée scientifique majeure", l'intelligence artificielle (IA), "dans une voie très dangereuse".

Robots, drones, torpilles... toutes sortes d'armes pourraient être transformées en systèmes autonomes, régis par des algorithmes d'IA.

Dans le domaine des équipements militaires, l'IA s'annonce de l'avis des experts comme la troisième révolution majeure, après l'invention de la poudre à canon et la bombe atomique.

L'événement a réuni lundi et mardi un millier de participants de plus de 140 pays, à la fois responsables politiques, experts et représentants d'ONG et de la société civile.

Avant que "la fenêtre ne se referme", "nous avons la responsabilité d'agir et de mettre en place les règles nécessaires pour protéger l'humanité", exhorte la déclaration, qui va désormais être transmise au secrétaire général de l'ONU. "Le contrôle humain doit prévaloir dans l'utilisation de la force".

La veille, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, avait déploré le blocage diplomatique sur le sujet.

"La technologie accélère à la vitesse de l'éclair et la politique est à la traîne", avait-il averti, appelant "de toute urgence" à aborder "les questions légales, éthiques et sécuritaires fondamentales" que ce phénomène pose.

"Comment donner droit de vie et de mort à des machines? Comment gérer des algorithmes sujets aux erreurs et aux biais? Comment empêcher que la technologie ne tombe aux mains des terroristes?", a résumé le ministre.

L'Autriche, pays neutre soucieux de promouvoir le désarmement dans les tribunes internationales, avait été à l'initiative de la "première résolution" sur le sujet proposée à l'Onu en 2023.

Mais les discussions en vue d'un texte contraignant se heurtent aux réticences de plusieurs Etats, de la Russie aux Etats-Unis.


 

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