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"Mon école, elle est high tech", dit Atem, élève dans un bâtiment "écolo"

"Mon école, elle est high tech", dit Atem, élève dans un bâtiment "écolo"
La cour de récréation de l'école PEF à Saint-Ouen le 7 octobre 2015ERIC PIERMONT
 
 

"Mon école, elle est high tech", dit Atem avec fierté. Le groupe scolaire Pef, au coeur de l'éco-quartier des Docks de Saint-Ouen (Seine-St-Denis), est une école "verte" à la qualité environnementale élevée, qui sera un jour la norme pour tous les bâtiments.

De grandes baies vitrées, des façades mêlant aluminium et bois blond, des patios plantés d'herbe... et surtout, 761 panneaux solaires qui font office de toit pour le préau : ouverte en 2013, cette école maternelle et élémentaire qui compte 284 élèves, ne ressemble pas aux autres.

Grâce à ses panneaux solaires, l'établissement produit l'électricité qu'il consomme (pour l'éclairage, l'eau chaude...) et revend le reste (60% des 118.000 kWh générés) à EDF, ce qui lui rapporte 15.000 euros par an.

Onéreux, le contrat d'entretien et de nettoyage des panneaux solaires coûte 7.000 euros annuels, mais le solde reste largement bénéficiaire.

Conçue par l'atelier d'architecture Mikou Design Studio, l'école se chauffe à la vapeur - à 60% produite à partir de biomasse - grâce au réseau de chaleur urbaine CPCU, qui dessert l'agglomération parisienne.

Depuis fin août, elle bénéficie d'une collecte pneumatique des ordures, qui sont automatiquement aspirées et acheminées via des conduits souterrains, à la déchetterie. Les déchets recyclables, eux, sont brûlés et servent au chauffage urbain.

Enfin, collectées et filtrées, les eaux pluviales servent à l'arrosage des espaces verts.

Conçue pour le bien-être des enfants et la qualité de vie des enseignants, respectueuse de l'environnement, bien isolée et lumineuse, l'école a reçu le label Effinergie BBC (bâtiment basse consommation) délivré aux bâtiments dont les performances sont supérieures à la réglementation thermique.

Elle vient aussi d'être certifiée NF HQE (haute qualité environnementale).

Délivrée par l'organisme indépendant Certivéa, cette certification atteste de hautes performances en matière d'économies d'énergie et d'eau, de réduction des déchets et des pollutions, de confort et de qualité de vie.

En France, 282 bâtiments d'enseignement (crèches, écoles maternelles, primaires, collèges, lycées, centres de formation etc) neufs ou rénovés l'ont décrochée.

- Pas un prototype, mais 'l'école de tout le monde' -

"Cette école est exemplaire, mais elle peut être l'école de tout le monde", affirme Patrick Nossent, président de Certivéa, lors d'une visite du site.

"Ce n'est pas un prototype : les enfants vivent dedans, et elle fonctionne vraiment. Elle a les qualités environnementales qu'on attendra de tous les bâtiments à l'avenir", dit-il.

Invités à "raconter" leur école, les enfants émettent toutefois quelques critiques : "Je n'aime pas la cour", dit ainsi Alexandre, "parce qu'elle est en hauteur, du coup on ne peut pas faire de sport".

Divisée en trois bâtiments disposés en "gradins" de niveaux différents, l'école a en effet des cours situés en étage, entourées de grilles de 1,60 mètre, par sécurité.

Le coût de construction, 16 millions d'euros, est supérieur à celui d'un bâtiment classique, en raison du prix des panneaux solaires.

"Il s'est élevé à un million d'euros, soit 7% du total", précise Toni Richard, responsable du développement durable et du pôle construction chez Sequano Aménagement, la société d'aménagement de la Seine-St-Denis.

A l'approche de la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) et alors que le secteur du bâtiment est responsable de près de 25% des émissions nationales de CO2, de tels bâtiments représentent l'avenir.

L'école Pef - nommée en hommage à l'auteur de "La belle lisse poire du prince de Motordu" et autres best-sellers pour enfants - est implantée dans le quartier des Docks, autour d'un vaste parc de 12 hectares.

En pleine gestation sur d'anciennes friches industrielles, ce nouveau quartier de 100 hectares comptera l'an prochain 2.115 logements, et doit accueillir une deuxième école, deux crèches, deux gymnases et des parkings.

Pour l'heure, il vit au rythme du bruyant chantier de prolongement de la ligne de métro automatique 14, dont les poussières viennent encrasser les panneaux solaires de l'école...


 

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