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Santé: le laboratoire qui lutte contre les virus tueurs comme Ebola s'agrandit

 
 

Bunker ultra-sécurisé consacré à la lutte contre les virus les plus dangereux, tel Ebola, le laboratoire P4 de Lyon s'est agrandi pour devenir le "plus grand laboratoire européen de haute sécurité biologique", selon l'institut français de recherche Inserm.

Ouvert en octobre 2000 dans la deuxième ville de France, le laboratoire P4 Inserm/Jean-Mérieux étudie les "agents pathogènes de classe 4", des virus tueurs très contagieux, responsables notamment de fièvres hémorragiques extrêmement difficiles à soigner.

Le plus connu est celui d'Ebola, qui vient de ravager trois pays d'Afrique de l'ouest avec 26.593 personnes infectées et plus de 11.000 morts depuis décembre 2013. En fort déclin en Sierra Leone et en Guinée, l'épidémie est officiellement terminée depuis ce samedi au Liberia, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Le laboratoire de Lyon, mobilisé dès le début de l'épidémie d'Ebola pour identifier la souche du virus, en étudie aussi beaucoup d'autres: Marburg, Nipah, Hendra, Congo-Crimée, Lassa...

Son extension de 200 mètres carrés a permis de doubler la surface du laboratoire pour un investissement de 11 millions d'euros, a précisé l'Inserm. La nouvelle structure sera inaugurée lundi par le Premier ministre Manuel Valls.

Ce laboratoire est né de la volonté de Charles Mérieux, décédé en 2001, qui l'a financé à hauteur de 50 millions de francs via la fondation de son empire pharmaceutique.

"Il voulait que ce soit un lieu où on développe des programmes pour aider les pays en voie de développement où sévissent ces maladies", rappelle Hervé Raoul, directeur du P4, dans un entretien à l'AFP. "Il pensait que nos pays du Nord pouvaient un jour être confrontés à ces maladies pathogènes et avoir besoin de ces infrastructures, ce qui est le cas aujourd'hui".

- "Unique au monde dans son organisation" -

Depuis janvier 2004, la Fondation Mérieux a transféré la gestion de ce laboratoire à l'Institut français pour la santé et la recherche médicale (Inserm) qui l'a ouvert à "l'ensemble de la communauté scientifique", explique le directeur pour qui cela le rend "unique au monde dans son organisation".

A ce jour, il existe seulement une vingtaine de laboratoires P4 civils dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Europe.

Le laboratoire actuel est divisé en trois sous-unités, deux pour la culture cellulaire et la troisième pour l'expérimentation animale.

Hermétiques et filmés en permanence, ces unités sont dépressurisées pour empêcher toute diffusion des virus vers l'extérieur. Et les souches de virus sont conservées dans l'azote liquide dans des cuves verrouillées.

Derrière des vitres blindées, les chercheurs travaillent, équipés d’un scaphandre climatisé sur mesure, maintenu en surpression pour les protéger de toute contamination et alimenté en air pur par un tuyau jaune relié au plafond. Et pour entrer ou sortir du laboratoire, ils traversent un sas de décontamination.

"Pour des raisons de sécurité, ils travaillent par demi-journées car il faut pouvoir être concentré en permanence", observe M. Raoul.

Outre la vingtaine de personnes chargées du fonctionnement du P4, ce dernier "est ouvert à toute la communauté scientifique nationale et internationale qui a des projets à haute valeur ajoutée, répondant à des problématiques sanitaires", explique-t-il.

L'extension du bâtiment va permettre de "séparer les activités de recherche et de diagnostic", d'"abriter une animalerie" et d'"accroître les capacités d'expérimentation et de formation".

"Cela permettra aussi de créer une zone spécifiquement dédiée aux bactéries pathogènes, comme les souches multirésistantes de tuberculose", souligne Hervé Raoul.

"Cela va donner de l'espace pour travailler, car on faisait la queue pour faire des travaux dans le P4", se félicite pour sa part le Pr Bruno Lina, directeur du Centre national de référence sur la grippe.

D'autant que durant les huit semaines d'arrêt de maintenance, tous les 18 mois, les chercheurs travaillant sur les virus Ebola, ou d'autres fièvres hémorragiques mortelles, n'avaient plus accès au laboratoire.

"Ca permettra de faire une bascule avec deux structures indépendantes pour que les activités ne cessent jamais", ajoute M. Lina pour qui "c'est un appel d'air pour des projets européens de recherche compliqués avec un nombre important d'équipes extérieures".


 

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