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Le coronavirus continue ses ravages malgré le confinement du tiers de la planète

 
 

Implacable, la pandémie de coronavirus continuait mercredi de semer la mort malgré des mesures de confinement d'une ampleur inimaginable il y a encore quelques jours, qui concernent désormais plus de trois milliards de personnes.

Quelque 20.600 malades du Covid-19 ont succombé depuis l'apparition du virus, qui a franchi la barre des 450.000 cas recensés dans le monde et "menace l'humanité toute entière", selon l'ONU.

Avec deux tiers des victimes, l'Europe paie le plus lourd tribut et celui-ci s'est particulièrement alourdi mercredi en Espagne, qui a dépassé la Chine en nombre de morts, mais aussi en Italie et en France.

C'est toutefois aux Etats-Unis que la contagion progresse le plus rapidement, avec plus de 62.000 cas, dont près de 55.000 détectés au cours de la semaine écoulée.

Et l'Afrique, mal armée pour faire face à une crise sanitaire de grande ampleur, suscite de grandes inquiétudes avec l'apparition de premiers cas au Mali ou en Libye, des pays en guerre.

Pourtant, les gouvernements du monde entier se sont convertis à des mesures de confinement radicales, malgré leur coût économique et social faramineux. L'Inde s'est à son tour claquemurée mercredi, l'Egypte a entamé un couvre-feu, Helsinki s'isolera vendredi. Au total, plus du tiers de l'humanité est appelé à se cloîtrer.

Le monde à l'arrêt, l'économie plonge. Pour réfléchir à la parade, les 20 puissances les plus industrialisées doivent tenir un sommet virtuel jeudi au lendemain du déblocage attendu de 2.000 milliards de dollars aux Etats-Unis et de l'adoption d'un plan de soutien de 1.100 milliards d'euros en Allemagne.

- "Pire qu'une guerre" -

A la tête de la première puissance économique mondiale, le président américain Donald Trump ne dissimule pas son impatience de revenir à la normale, d'ici Pâques espère-t-il, pour éviter une longue récession. "Les gens veulent retourner au travail aussi vite que possible", a-t-il encore tweeté mercredi.

Ce scénario se concrétise en Chine: les restrictions drastiques imposées depuis des mois dans la province centrale de Hubei, berceau de la pandémie, ont été levées, sauf dans la capitale régionale Wuhan, provoquant embouteillages sur les routes, et ruées sur les trains et les autocars.

Le géant asiatique a réussi à endiguer la maladie et la contagion semble, à son tour, ralentir en Italie, avec un tassement des nouveaux cas.

Pays le plus cruellement touché, la péninsule déplore toutefois plus de 7.500 décès. C'est "pire qu'une guerre", a constaté Orlando Gualdi, le maire d'un petit village du nord, Vertova, où le virus a fait plus de morts que la Seconde Guerre mondiale.

Désormais deuxième dans ce classement funeste: l'Espagne, où le nombre total de morts - 3.434 - a dépassé mercredi celui en Chine (3.281).

Comme dans les autres pays européens les plus touchés, des hôpitaux espagnols sont au bord de l'effondrement, les personnels médicaux exténués et exposés à la contagion par manque d'équipements adaptés.

"Beaucoup de collègues pleurent car des gens meurent seuls, sans avoir revu leur famille, et nous avons à peine le temps de leur tenir compagnie", confie Guillen del Barrio, infirmier dans un hôpital saturé de Madrid.

La France, qui recense plus de 1.300 morts, se prépare à un "effort long". Elle a retiré ses troupes d'Irak et mis ses militaires sur le pied de guerre pour répondre à cette urgence sanitaire. Mais il lui faudra aussi faire face au "choc économique", au "choc social", a mis en garde son Premier ministre Edouard Philippe.

- "Bombe sanitaire" -

Deuxième pays le plus peuplé du monde, l'Inde (officiellement 519 cas, dont 10 mortels) a confiné à son tour mercredi ses 1,3 milliard d'habitants.

Dans les rues vides de New Delhi, le pépiement des oiseaux a remplacé l'habituelle cacophonie de klaxons et de cris. A Bombay, Rafiq Ansari, marchand de légumes, s'inquiétait de futures "pénuries" car il est "de plus en plus difficile de s'approvisionner".

La Colombie a également ordonné à ses 48 millions d'habitants de rester chez eux. Et l'Iran, l'un des pays les plus affectés, avec 2.077 morts recensés, s'apprête à interdire d'ici vendredi la circulation entre les villes du pays.

En Arabie saoudite, Ryad et les deux villes saintes de Médine et La Mecque sont désormais en quarantaine.

La semaine prochaine sera chômée en Russie, où le président Vladimir Poutine a appelé ses concitoyens à "rester à la maison", sans toutefois l'ordonner. Il a aussi reporté un vote populaire prévu en avril sur une réforme constitutionnelle.

La Russie, où aucun décès directement lié au coronavirus n'a été officiellement confirmé, a annoncé mercredi que deux patients contaminés avaient succombé, sans toutefois préciser la cause exacte de leur décès.

Au Royaume-Uni, confiné depuis mardi, plus de 400.000 personnes se sont portées volontaires, à l'appel du gouvernement, pour venir en aide aux plus vulnérables.

Mais le confinement est souvent compliqué à mettre en oeuvre. Comme dans le plus important camp de migrants d'Europe, à Moria, sur l'île grecque de Lesbos, qui fait figure de "bombe sanitaire".

"On nous a dit de ne pas sortir de nos tentes et de ne pas nous rassembler, mais c'est impossible à Moria", explique un migrant somalien, Ibrahim Mohament Hussein.

- "Corona bonds" -

La pandémie devrait entraîner une récession globale des économies des 20 pays les plus industrialisés (G20) du monde, a averti l'agence de notation Moody's.

Pour tenter d'enrayer les ravages économiques, la Maison Blanche et le Sénat américain ont trouvé un accord sur un plan destiné à mobiliser 2.000 milliards de dollars en soutien à la première économie du monde.

L'Allemagne a elle adopté un arsenal de mesures représentant presque 1.100 milliards d'euros pour soutenir entreprises, travailleurs et système de santé.

Ces annonces ont redonné des couleurs aux bourses.

A la veille d'un sommet européen par vidéoconférence, les dirigeants de neuf pays de la zone euro, dont France, Italie et Espagne, ont réclamé plus de solidarité, via notamment l'émission de "corona bonds" - un emprunt commun à l'UE -, mettant la pression sur l'Allemagne, opposée à toute mutualisation des dettes.

"Une action et une solidarité mondiales sont cruciales", a souligné le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres en lançant mercredi un "plan de réponse humanitaire mondial" destiné notamment à aider les pays les plus pauvres.

De leur côté, FMI et Banque mondiale ont appelé les créanciers bilatéraux à geler les remboursements de dettes des nations les moins favorisées, où des secteurs entiers sont menacés.

Au Kenya, par exemple, les exportations de roses vers l'Europe s'effondrent, menaçant de ruiner un secteur prometteur. "C'est tellement triste. C'est comme jeter de l'argent", se lamente Sarah, employée horticole, devant des brassées de fleurs splendides envoyées à la décharge.

Rare effet positif du confinement: la pollution de l'air diminue en Italie, comme dans le reste de l'Europe, selon l'Agence européenne de l'environnement.

burs-chp/sdu


 

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