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"Accumulation d'indices" sur un lien entre virus Zika et microcéphalies

 
 

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi qu'il faudrait probablement des mois avant de dire avec certitude que le virus Zika provoque des microcéphalies chez les nouveaux-nés, mais que les preuves s'accumulaient.

"Il y a aujourd'hui une accumulation croissante d'indices en faveur de ce lien", a dit à la presse Bruce Aylward, directeur général adjoint de l'OMS.

Le virus Zika, transmis par le moustique tigre, est suspecté de provoquer la microcéphalie (réduction du périmètre crânien, néfaste au développement intellectuel) chez les nouveaux-nés et le syndrome de Guillain-Barré, maladie neurologique qui peut entraîner une paralysie irréversible ou la mort.

En attendant, "le virus est considéré comme coupable jusqu'à ce qu'on prouve son innocence", a dit le numéro deux de l'OMS.

Il a expliqué que les chercheurs devraient probablement être en mesure de prouver plus rapidement le lien avec la maladie de Guillain-Barré qu'avec la microcéphalie, car les hausses de cas de ce syndrome apparaissent seulement 3 semaines environ après les épidémies de Zika.

Dans le cas de la microcéphalie, il faudra davantage de temps pour enregistrer un pic chez les bébés nés de femmes infectées à un moment ou à un autre de leur grossesse, a-t-il souligné.

Le moustique du genre Aedes aegypti ou Aedes albopictus (moustique tigre) a déjà propagé le Zika dans au moins 36 pays, dont 28 en Amérique du Nord et du Sud, et selon l'OMS, le virus est en train de s'étendre à six autres pays, dont 5 sont situés dans la région Asie-Pacifique: Malaisie, Indonésie, Philippines, Cambodge, Fidji, et un en Afrique, le Gabon.

"Nous sommes encore face à une situation qui évolue énormément", a reconnu M. Aylward.

Le Brésil est le pays le plus touché au monde, avec environ un million et demi de personnes contaminées depuis 2015, suivi de la Colombie.

Le ministère brésilien de la Santé a annoncé mercredi une hausse de 10% du nombre de nourrissons atteints de microcéphalie en l'espace d'une semaine, avec un chiffre total de 508 cas désormais confirmés, alors qu'on en enregistre en moyenne 150 par an.

Une augmentation anormale du nombre de microcéphalies avait également été enregistrée il y a trois ans en Polynésie française à la suite d'une épidémie de Zika.

Il n'existe pour l'instant aucun vaccin, ni traitement contre ce virus, mais deux vaccins semblent prometteurs: l'un est développé par l'Institut national de la santé américain et l'autre par le laboratoire indien Bharat Biotech.

En attendant, les pays touchés ont déclaré la guerre aux moustiques en essayant de supprimer les poches d'eau stagnante et d'éliminer les larves avec des produits chimiques ou des poissons qui s'en nourrissent.

Pedro Alonso, en charge du programme mondial antimalaria à l'OMS, a annoncé que l'agence allait convoquer une réunion à la mi-mars avec les meilleurs experts du contrôle des vecteurs d'épidémie afin de déterminer si de nouveaux moyens plus radicaux de lutte contre le moustique tigre pourraient être utilisés.

Ceux-ci incluent la dissémination de moustiques génétiquement modifiés ou de moustiques mâles stérilisés afin de stopper la reproduction.

Une autre méthode à l'étude consiste à infecter le moustique avec une bactérie, la Wolbachia, inoffensive pour les humains, qui peut empêcher les oeufs de se développer et réduire la capacité du moustique à transmettre un virus.

M. Alonso a toutefois souligné que les méthodes traditionnelles "peuvent avoir un impact très important".

"Nous ne nous attendons pas à une arme magique", a-t-il dit.


 

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