La justice a ordonné mardi l'expulsion du polémiste controversé Dieudonné du théâtre parisien de la Main d'Or, demandée par les propriétaires de cette salle, où il se produit depuis 15 ans.
Le polémiste, condamné plusieurs fois pour antisémitisme, diffamation ou provocation à la haine, ne sera toutefois pas immédiatement chassé de son théâtre, le tribunal n'ayant pas demandé que la sentence soit exécutée sur le champ.
Le tribunal de grande instance de Paris "ordonne, à défaut de restitution volontaire des lieux, l'expulsion de la société Bonnie Productions et de tout occupant" des lieux, et notamment la société de Dieudonné, Les Productions de la Plume, de la salle située passage de la Main d'Or, dans le 11e arrondissement à Paris, dans un jugement consulté par l'AFP.
L'avocate des propriétaires, la SCI Passage d'Or, avait relevé que lorsqu'ils avaient acquis les lieux en 2011, c'était la société Bonnie Productions qui était titulaire du bail. Or, l'exploitation de la salle semblait en fait relever de la société Les Productions de la Plume. En outre, la société Bonnie Productions avait été provisoirement radiée du registre du commerce en septembre 2013, pour cessation d'activité.
Relevant que le "bail interdit la sous-location" et qu'il n'y avait "pas eu d'assurance pendant deux ans, une faute gravissime dans un théâtre", l'avocate des propriétaires, Dominique Cohen-Trumer, avait réclamé la résiliation du bail et l'expulsion immédiate de Dieudonné de la salle.
Outre l'infraction qui consiste à avoir "cédé le bail ou sous-loué les locaux" reconnue par la justice, le tribunal a également condamné mardi la société Bonnie Productions à verser une indemnité équivalente au montant du loyer mensuel, jusqu'à la libération effective des lieux.
Toutefois, le tribunal n'a pas exigé "l'exécution provisoire" du jugement, c'est-à-dire l'expulsion immédiate.
L'avocat de Dieudonné, François Dangléhant, a aussitôt fait part de son intention de faire appel "pour faire annuler cette décision illégale".
- Sans point de chute ? -
Lors d'une audience en juin, l'avocat avait dénoncé une opération "montée pour faire expulser Dieudonné", fustigeant les propriétaires pour n'avoir "jamais refusé que Les productions de la Plume paient le loyer, 13.000 euros par mois". Quant à l'assurance, il avait affirmé qu'il y avait eu "des pressions pour la faire résilier".
S'il était mis à la porte du théâtre de la Main d'Or, Dieudonné pourrait se retrouver sans point de chute: il vient de s'engager dans une nouvelle bataille judiciaire contre le propriétaire d'une salle louée par sa société à Saint-Denis, près de Paris, dont il a été expulsé.
Le polémiste a assigné en référé le propriétaire de cette nouvelle salle, pour obtenir la "restitution des lieux et leur remise en état". Le propriétaire, la SARL des Ateliers Christofle, avait dénoncé le bail en faisant état "d'un vice du consentement", ne sachant pas que c'était Dieudonné qui allait s'y produire et refusant "de favoriser une entreprise de spectacles qui sème la haine".
Cette affaire sera examinée vendredi au tribunal de Bobigny.
En attendant la suite du feuilleton judiciaire, le spectacle continue sur la scène de la Main d'Or: Dieudonné s'y produit jusque fin décembre dans "En paix", un spectacle où il "ne s'oppose plus au système en place", mais "l'absorbe, le transcende", selon la brochure publicitaire. Loin de ses provocations les plus bruyantes, comme son invitation sur scène à l'historien négationniste Robert Faurisson.
Outre ses multiples condamnations, Dieudonné M'bala M'bala a été mis en cause pour organisation frauduleuse d'insolvabilité, abus de biens sociaux et blanchiment. Il a été condamné à plus de 60.000 euros d'amendes pour des propos antisémites dans une série d'affaires différentes et, mesure rarissime, un de ses spectacles avait été interdit début 2014.
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