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"Redonner vie aux cimetières" en géolocalisant les soldats morts pour la France

"Redonner vie aux cimetières" en géolocalisant les soldats morts pour la France
Carré militaire du cimetière de la Chartreuse à Bordeaux, le 26 octobre 2018GEORGES GOBET
 
 

"Redonner vie aux cimetières" communaux en perpétuant le devoir de mémoire: c'est l'objectif ambitieux de l'association le Souvenir français, qui a présenté jeudi une application géolocalisant les tombes des soldats morts pour la France.

"Nos cimetières doivent devenir des lieux d'apprentissage de l'histoire", résume le président du Souvenir Français, Serge Barcellini, en présentant son application, "MémoiredHomme", devant des élèves de CM1-CM2 réunis dans le cimetière de Vélizy-Villacoublay, aux côtés d'anciens combattants, et même d'un représentant de l'ambassadeur d'Allemagne.

L'application fonctionne de façon très simple: le téléphone localise les cimetières communaux - pas les cimetières militaires - et les tombes des soldats, dont l'histoire, notamment les circonstances de la mort, est ensuite racontée en quelques lignes.

"Ça permet de recréer des destins individuels", explique Serge Barcellini. Surtout, selon lui, la géolocalisation fait perdurer la mémoire des différentes guerres françaises. "Une tombe, c'est au croisement de trois mémoires: familiale, communale et nationale."

Si la plupart des soldats morts pendant la Grande Guerre ont été inhumés dans des nécropoles nationales, comme à Verdun, certaines familles avaient demandé à récupérer les dépouilles de leurs proches pour les faire entrer dans les cimetières communaux. Une pratique qui s'est ensuite généralisée après la Seconde Guerre mondiale.

"Sauf qu'avec le temps, les concessions familiales sont remises en cause, et les tombes moins bien entretenues, voire détruites", regrette Serge Barcellini. "En les géolocalisant, on empêche leur disparition."

Disponible sur tablettes et Iphones, l'application cherche aussi à "faire venir les jeunes dans les cimetières", en incitant au "voyage scolaire de proximité".

Une idée qui plaît aux enseignants: "Quand on y va, c'est plus concret. Ils (les élèves) voient des noms, des tombes, ils comprennent mieux ce qu'on a pu leur dire", explique Valérie Ceccaldi, professeure des écoles à Vélizy-Villacoublay.

Vingt-quatre cimetières sont pour le moment référencés sur l'application. Trois fois rien, à l'échelle des 46.000 qu'on compte en France.

Les 96.000 adhérants du Souvenir Français, répartis dans 1.700 comités locaux, s'attèlent désormais à un travail conséquent: rechercher dans les cimetières les tombes des anciens soldats, les identifier, avec l'accord des familles, et retrouver leur histoire.

Une tâche souvent plus compliquée qu'elle n'en a l'air. "Pour 14-18, c'est facile, toutes les archives sont ouvertes", détaille Serge Barcellini. "Mais pour 39-45, c'est déjà une autre histoire, et je ne vous parle même pas de l'Algérie", deux guerres pour lesquels les données sont beaucoup moins accessibles.


 

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