Nous pensions voir le bout du tunnel : le prix du gaz et du pétrole baissait sur les marchés internationaux. Pourtant, voilà qu'il fait plus froid que prévu et cela remet tout en question. Notre Grand Baromètre révèle que 81% des Belges ont diminué la température de leur chauffage depuis le début de la crise. Devra-t-on encore moins chauffer, avec les prix qui repartent à la hausse ? Les experts invités sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche sont venus donner quelques éléments de réponse.
Le prix du gaz tourne, ce week-end, à 136€ le mégawattheure, alors qu'il était à 100€ il y a moins de trois semaines. Ce prix, va-t-il continuer à augmenter ? "Difficile de se prononcer", admet Francesco Contino, professeur spécialisé en énergie à L'UCLouvain. "On reste à des prix qui sont très élevés. Si on regarde par rapport à il y a 2 ans, c'est trois ou quatre fois plus, et sept fois plus par rapport à avant l'augmentation. C'est assez fort lié à la crise en Ukraine, le fait qu'on se soit rationnés, mais qu'on dépend beaucoup du gaz naturel liquéfié, cela fait augmenter les prix", ajoute-t-il.
Une augmentation du prix du pétrole à prévoir?
Le prix du pétrole, lui aussi, a baissé, mais cela risque de ne pas durer : dès lundi, l'embargo sur le pétrole russe venu par bateau va rentrer en vigueur. Cela veut dire que nous nous passerons des deux tiers de l'or noir venu de Russie. Samuele Furfari, professeur en géopolitique de l'énergie à l'ULB, prévient cependant : "Ce n'est rien par rapport à ce qui nous attend le 5 février. Ce jour-là, l'embargo va aussi porter sur les produits pétroliers. Or, l'Europe importe énormément de diesel depuis la Russie, parce qu'on n'en produit pas assez en Europe. Cela va être une catastrophe. C'est bien plus grave qu'on ne le pense cet embargo sur les produits pétroliers". Le spécialiste précise que cela concernera tant le diesel que le mazout de chauffage, car c'est le même produit.
Le prix de l'euro augmente: un espoir ?
Difficile de prévoir l'importance de la hausse, car d'autres facteurs rentrent aussi en jeu. Certains pourraient même tendre à diminuer les prix. Bertrand Candelon, économiste à UCLouvain, cite notamment le taux de change : "L'euro s'est un peu apprécié par rapport au dollar. Les marchés étant en dollar, nous sommes passés de 1 à 1.05. C'est bon pour les prix, puisque l'on achète en dollar. La récession qui est en train de prendre place en ce moment va aussi diminuer la demande en énergie, donc ça va pousser les prix à la baisse", explique-t-il. "Il y a des facteurs positifs, et il y a des facteurs négatifs, c'est ça qui est très difficile pour prévoir", précise Bertrand Candelon.
L'inflation, en revanche, est plus persistante : "Avant deux ou trois ans, cela va être difficile de revenir à une inflation de 2%. C'est une erreur fondamentale qu'ont faite les banques centrales dès la fin du Covid, de ne pas avoir pris conscience qu'on allait avoir une persistance de l'inflation", regrette l'économiste.
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