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Pour Marc Uyttendaele, un "fossé incommensurable" se créé entre la Flandre et la Wallonie: "Plus que jamais, il y a 2 sociétés distinctes"

 
 

Depuis cette semaine, la Flandre a son nouveau gouvernement. La lecture de l’accord de gouvernement peut faire penser qu’il sera très à droite. C'est en effet un accord gouvernemental avec des mesures fortes Christophe Deborsu en parle avec ses invités sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche".

Le nouveau gouvernement flamand, composé de la NVA, Open VLD et du CD&V, a présenté son nouvel accord de gouvernement cette semaine. Celui-ci contient des mesures fortes: l'examen l’examen de citoyenneté sera payant, il faudra attendre 10 ans de résidence en Flandre avant de pouvoir profiter de la sécurité sociale flamande, les logements sociaux seront attribués en priorité aux Flamands, etc. Certains commentateurs jugent ces mesures très à droites.

Sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche", Christophe Deborsu pose donc la question à ses invités. Peut-on dire que le nouveau gouvernement flamand met la barre très à droite ?

Du côté flamand, il y a des valeurs fondamentales qui sont aujourd'hui méconnues

Marc Uyttendaele, professeur de droit constitutionnel à ULB, était présent ce dimanche et a fait part de son opinion. Pour lui, un "fossé incommensurable" s'est créé dans le pays. "C’est clair que plus que jamais il y a deux sociétés distinctes qui le peuplent. On peut constater que du côté flamand qu’il y a des valeurs fondamentales qui sont aujourd’hui méconnues : le vote obligatoire en est un exemple, la liberté dans l’emploi des langues en est un autre. Il y a de manière assez sous-jacente une conception très nationaliste, très populiste à la lisière malgré tout d’une sorte d’hostilité xénophobique qui fait se fait jour. Et donc on voit encore très mal comment on peut encore arriver à une sorte de pacte humaniste commun entre les deux composantes du pays", a-t-il dit.

La pierre angulaire de tout système: l'Etat de droit et les droits de l'Homme

Une vision qui n'est pas partagée par tous les invités, notamment Rik Torfs, professeur de droit canon à la KUL, ancien recteur et ancien sénateur CD&V. Pour lui, c'est une vision qui n'arrange rien et qui ne permet pas le dialogue entre les communautés. Bien qu'il admet que certaines mesures ne soient pas les plus efficaces, il estime que ça ne devrait pas être la priorité. "On ne peut pas prendre ce petit fil pour dire que la Flandre est devenue xénophobe et non démocratique. C’est peut-être une mauvaise idée mais ce n’est pas une idée anti-démocratique. Pour moi ce qui compte vraiment, c’est de voir comment on peut avoir une politique tout à fait flamande qui en même temps respecte l’Etat de droit et les droits de l’Homme. C'est la pierre angulaire de tout système donc c’est ça qui compte. Si on veut maintenir un dialogue en Belgique entre les communautés, il faut essayer de rester gentil ; ne pas dire des flamands qu’ils sont xénophobes, ni de dire des francophones qu’ils sont paresseux. L’un n’est pas vrai, l’autre n’est pas vrai non plus", rétorque-t-il.

Est-ce que c’est tellement à droite que d’exiger d’avoir des devoirs à côté des droits ?

La députée flamande et sénatrice à Open VLD, Els Ampe, explique également pourquoi le gouvernement flamand a mis en place certaines mesures, dont celles qui exigent que l'on paie l'examen de citoyenneté de 400-500 euros. Pour elle, le gratuité n'existe pas. "Il y a toujours quelqu’un qui paie. Est-ce que c’est tellement à droite que d’exiger d’avoir des devoirs à côté des droits ? Pendant trop longtemps, ici en Belgique, il y a eu des gens qui ont des droits sans jamais contribuer. Vous trouvez ça normal, qu’un pensionné qui a chômé pendant 20 ans gagne plus qu’un pensionné qui est indépendant et qui a toujours travaillé ? C’est le sentiment en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles : ce sont toujours les mêmes qui contribuent. La seule chose qu’on demande, c’est de faire un effort, soit étudier, soit travailler, soit contribuer à la société. Alors chacun sera égal", explique-t-elle.


 

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