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Elargissement du tarif social: la Région wallonne pourrait-elle financer cette aide à 50% des Wallons?

 
 

Face à l'explosion des factures énergétiques, le CPAS de Liège a mis en place une procédure simplifiée, permettant aux Liégeois d'obtenir le statut de client protégé conjoncturel mis en place par le gouvernement wallon et de bénéficier ainsi du tarif social auprès du gestionnaire de réseau de distribution, a indiqué, vendredi, le collège communal, confirmant une information de RTL-TVI. "Il faut toutefois que ce statut soit réservé aux personnes rencontrant des difficultés de paiement", a ensuite nuancé le ministre wallon de l'Energie, Philippe Henry.

Ce tarif social est automatiquement accordé aux allocataires sociaux qui sont en défaut de paiement de leurs factures énergétiques. Dorénavant, la protection régionale conjoncturelle sera également accordée aux Liégeois qui s'adresseront au CPAS à condition que leurs factures d'acompte pour l'électricité et/ou le gaz atteignent au moins 10% de leurs revenus pour les isolés et 15% pour les ménages, a détaillé le collège communal. "Il faudra également, sur base des dernières factures de régularisation, que le niveau de consommation de la personne isolée ou du ménage se situe dans une moyenne (sur base de volumes établis par la Commission de Régulation de l'Electricité et du Gaz -CREG) en tenant compte évidemment du nombre de personnes à charge", a-t-il encore précisé. "Cette mesure - pour laquelle le gouvernement avait prévu 10 millions d'euros - doit être précisée et affinée. Le but, ce n'est pas que des personnes qui n'en ont pas besoin obtiennent ce statut et que d'autres, qui rencontrent de réelles difficultés de paiement, ne puissent plus en bénéficier. D'ailleurs, le décret précise bien que l'octroi du statut est lié aux difficultés de paiement. Il ne s'adresse pas aux hauts revenus", a de son côté souligné le ministre Henry.

Tous les CPAS vont-ils s’aligner sur celui de Liège? 

Si on passe de 20% des Wallons couverts par le tarif social à 50% (comme à Liège), cela signifierait qu'1,094 million de personnes en plus pourraient bénéficier de cette aide tarif (pour un total de 1,82 million). 

Pour Fernand Grifnée, l'administrateur d’ORES, la mesure est "intéressante". "On a des réductions de facture de 50% en électricité, de 80% en gaz. On sent qu’on a un levier concret qui apporte des réponses concrètes aux gens. Evidemment cette diminution de prix, quelqu’un les paie. Le budget de la région wallonne est calibré pour environ 50.000 personnes pour l’instant. Qui va payer ce geste qui est fait à cette clientèle-là ? Il faut faire attention que ça ne soit pas les autres, qui n’ont pas le tarif social. Du point de vue du gestionnaire de réseau de distribution, l’électricité qu’il va falloir vendre à ces clients, nous allons devoir l’acheter. Et aujourd’hui Ores ne sait pas encore à quel prix, elle paiera son électricité en 2023, car notre fournisseur ne nous le dit pas encore aujourd’hui. Il faut faire attention de ne pas mettre le gestionnaire dans une situation qui est non tenable."

De son côté, l'économiste Bruno Colmant souligne que "ce qui est intéressant dans les chiffres qui ont été cités, c’est qu’on arrive à ce qui était prévu, à savoir que 50% de la population a du mal. Au-delà du fait que 20% sont déjà dans le seuil de pauvreté et qu’ils bénéficient déjà du tarif social."

Et de poursuivre: "La solution s’oriente vers une facture énergétique qui sera basée sur les revenus imposables d’une personne. En fonction des revenus, on bénéficiera ou pas d’un subside ou d’une pénalisation. Je crois que c’est le démarrage lent d’un mouvement qui est en train de se mettre en place. Qui va payer ce tarif social ? Peut-être des gens qui peuvent se le permettre. Mais on ne peut pas laisser 50% de la population dans un stress financier."

La Région wallonne a-t-elle l'argent pour financier l'élargissement du tarif social à 50% des Wallons? "Si la population est en difficulté, et c’est le cas aujourd’hui, la responsabilité des pouvoirs publics est d’apporter une réponse. Les moyens doivent être trouvés d’une manière ou d’une autre", insiste Olivier Bierin, député wallon Ecolo. "(…) Maintenant, il faut examiner la mesure et l’évaluer. Il faut voir si on ne voit pas trop large avec les chiffres cités. Quand on est avec des factures d’acompte qui augmentent très fortement, on vite se retrouver à plusieurs centaines d’euros par mois. Est-ce que quelqu’un qui a un revenu de 7.000 euros par mois a besoin de faire appel à ça ? Il y a peut-être un ajustement à faire."


 

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