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Elles expliquent comment le doyen d’Antoing a abordé leurs fils: "Il lui a demandé quels sont ses fantasmes"

Elles expliquent comment le doyen d’Antoing a abordé leurs fils: "Il lui a demandé quels sont ses fantasmes"
 
 

Suspecté de propos à caractère pédophile, le doyen d'Antoing, près de Tournai, a démissionné de ses fonctions. Dans l’émission "C’est pas tous les jours dimanche", les mères de deux jeunes garçons témoignent.

Le fils de Mélanie (prénom d’emprunt) a 13 ans. Cet été, le doyen d’Antoing lui a offert un petit job du nettoyage au presbytère. L’homme d’Eglise a ensuite pris contact avec son fils via Facebook. Et certains des messages allaient vraiment trop loin. "Il commence déjà par demander à mon fils s’il est homosexuel. Mon fils lui répond, pourquoi vous me posez cette question, puis il trouve l’excuse qu’il avait un peu trop bu, le soir même", explique la mère. Le lendemain, ça recommence: "Mais là il demande à mon fils s’il connaît quelqu’un qui pourrait lui donner un joint, parce qu’il a besoin d’un joint, puis il repose toujours les mêmes questions..."

Son fils a décidé de lui en parler, heureusement. "Mon fils est déjà très réservé. Puis il se disait, ce curé ne peut pas faire de mal aux gens. Donc c’est vrai qu’il a mis un petit temps, il a quand même mis 3 semaines avant de m’en parler". La mère a alors découvert la vingtaine de pages d’échanges de messages.

Le fils de Stéphanie (prénom d’emprunt) lui, a 15 ans. Il a appris à connaître le doyen via l’église. Le curé l’a aussi contacté sur Facebook. "Il lui demande quels sont ses fantasmes, mon fils lui a répondu, fantasme a plusieurs significations. Donc il a commencé à lui demander s’il préférait les filles ou les garçons, des histoires comme ça. Le lendemain mon fils s’est levé et m’a expliqué l’histoire, parce que j’ai vu qu’il avait l’air un peu embêté". Son fils s’est donc confié à elle dès le lendemain. "Là j’ai contacté ce monsieur via Facebook, et il m’a dit, oui je m’excuse, j’avais trop bu". La mère a alors porté plainte. "On attend le dénouement de l’enquête".

Eric De Beukelaer, doyen de Liège et également ancien porte-parole des Evêques de Belgique, aussi sur le plateau, a écouté ces témoignages avec consternation. Il a salué le courage de ces deux mamans: "Elles sont là, c’est pas facile, c’est pas facile pour leurs gosses, et je sais que ça ne va rien changer, je comprends même que vous ne les acceptiez pas, mais au nom de l’Eglise, toutes mes excuses. Je suis gêné, je suis honteux. Je ne veux pas accabler ces confrères, je ne sais pas ce qu’ils vivent. De fait c’est comme un cauchemar qui revient. J’étais à l’époque porte-parole quand nous avons géré la démission de l’évêque de Bruges, dans les circonstances qu’on connait".

Qu’est-ce qui est mis en place pour que ces comportements déplacés ne cessent ? "Chaque année nous ne sommes pas invités mais formellement convoqués à une journée de préparation, de mise en garde. Il y a cette brochure qui a été faite, que nous sommes tous sommés de lire, "Du tabou à la prévention: code de conduite en vue d’abus sexuels et de comportements transgressifs". Il y a aussi un numéro d’appel. Ça ne suffit pas, il faut continuer".

Le doyen de Liège estime que l’état d’esprit a changé. "Je suis très content que cette maman ait porté plainte. Il faut que, dès que vous voyez un comportement, il faut en parler à des professionnels, c’est-à-dire à la justice, c’est comme ça que les choses se feront".

Christophe Deborsu rappelle qu’un doyen, ce n’est pas "n’importe qui": c’est un responsable de 18 paroisses, ce qui rend les faits encore plus graves. "Je suis d’accord, et une fois de plus, il n’est pas là pour s’expliquer, la justice fera son boulot mais c’est clair qu’il y a des comportements transgressifs qui sont tout à fait inacceptables", a conclu Eric De Beukelaer.


 

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