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"On ne peut pas se faire justice soi-même": l'indignation suite à l'incarcération du pompiste de Comblain-au-Pont est-elle justifiée?

 
 

Cinq individus ont tenté de cambrioler une station-service de Comblain-au-Pont dans la nuit de mercredi à jeudi. Après avoir été confronté aux gangsters, le gérant a utilisé son arme pour tirer vers leur véhicule. Un malfrat a été touché et a succombé à ses blessures. Le pompiste a été inculpé pour meurtre. De nombreuses personnes montrent leur soutien au gérant et à sa famille. L'indignation suite à cette incarcération est-elle justifiée? Si le pompiste avait été un policier, son sort aurait été exactement le même. On ne tire pas sur une personne en fuite ni sur un véhicule qui démarre. Ce n’est pas la personnalité du pompiste qui est ici en cause, c’est le geste qu’il a posé en tirant avec son 357 magnum, ce qui lui a instantanément fait perdre son statut de victime", explique Michel Henrion.

L’expert en médias politiques fait part de ses constats: "Pour l’instant, je vois deux familles qui sont plongées dans un drame, et des réseaux sociaux qui confirment un récent sondage qui montrait que 9 Belges sur 10 ne connaissaient pas la portée exacte de la notion de légitime défense. Les réseaux sociaux, ils tuent la réflexion. Il suffit de cliquer pour dire qu’on est d’accord".

Une histoire similaire s’était produite à Schaerbeek, en 2010. Un bijoutier turc avait écopé de trois ans de prison avec sursis après avoir été reconnu coupable de meurtre et de tentative de meurtre sur deux voleurs. "Il n’y a pas eu du tout la même indignation", estime Michel Henrion. "Sur les réseaux sociaux, ce sont les politiques qui font ça, d’extrême droite et de droite, qui mettent en avant tout ce qui peut justifier et condamner celui qui a été tué. Le danger de la légitime défense, c’est quand ce sujet est politisé".

Christophe Giltay, grand reporter à RTL-TVI, rappelle un grand principe: "Dans des Etats démocratiques, et nous sommes dans un Etat démocratique, on n’a pas le droit de se faire justice soi-même. Point. C’est la justice qui exerce la justice, c’est la police qui est le bras armé de la société, et qui a droit à une violence légitime, qui est d’ailleurs très cadrée, car les policiers sont pratiquement tenus par les mêmes règles de légitime défense que les simples citoyens".

Le journaliste explique que la justice ne peut pas sortir de ses rails: "C’est pour ça que ce monsieur est en prison, il ne va probablement pas y rester très longtemps, parce qu’en général, parce que ça arrive quand même assez régulièrement dans plusieurs pays européens, la justice, pour marquer le coup, met la personne en prison, on mène une instruction, et au bout d’un certain temps, la personne est mise en liberté conditionnelle, et très souvent la personne est condamnée, mais avec une peine de principe, avec sursis, etcetera, parce qu’on comprend bien qu’à l’origine, elle a été victime. Mais, on n’a pas le droit de se faire justice soi-même, c’est clair".


 

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