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"Ce n'est pas normal de payer 8€ pour une bouteille d'eau": l'eau du robinet gratuite dans les restaurants... au grand dam des restaurateurs?

 
 

"Assurer l'utilisation gratuite de l'eau de distribution dans les lieux publics et les restaurants", c'est l'une des nouvelles mesures qui figurent dans l'accord gouvernemental wallon. Les restaurateurs sont évidemment inquiets et se demandent s'ils recevront une compensation. Mais si cela fonctionne en France, pourquoi pas chez nous ? C'était au cœur du débat dans "C'est pas tous les jours dimanche".

Proposer l'eau gratuitement au restaurant, quel impact cela pourrait-il avoir sur le secteur de l'Horeca? Albert Michiels, propriétaire de plusieurs établissements Horeca, était invité sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche". Il est contre cette nouvelle mesure. "Je ne comprends pas. C'est de nouveau un coût pour l'Horeca, un coût dans nos marges bénéficiaires. L'eau représente un gros volume. Une bouteille d'eau se vend 6 euros. Il y a 21% de TVA. Nous sommes le seul pays en Europe qui a 21% de TVA sur l'eau. Nos voisins ont 6%. On l'achète 1,10 euros/1,20 euros. C'est une très grosse marge, il faut le reconnaître. Mais cela permet de tenir et de ne pas être dans le rouge."

"On nous demande de donner de l'eau gratuite à table, mais cette eau, on la paie, elle n'est pas gratuite. Le serveur qui la sert, on va le payer. C'est du travail en plus. Il y a tous les paramètres, laver les verres, laver les carafes. Un autre problème m'inquiète: la responsabilité s'il y a quelque chose dans cette eau, elle revient à qui ?"


"Un bien vital de première nécessité"

Anne Lambelin, ancienne députée wallonne PS et autrice de la proposition de résolution visant à définir une stratégie de promotion de l'eau de distribution, était également invitée à ce débat. "L'eau, c'est un bien vital de première nécessité, affirme-t-elle sur le plateau. Le droit à l'eau a été reconnu en 2010 par l'ONU comme un droit fondamental. Et on parle d'une marge bénéficiaire presque colossale. Ce n'est pas normal de payer jusqu'à 8 euros pour une bouteille d'eau au restaurant. Cette marge me dérange d'un point de vue éthique parce qu'on parle ici d'un bien vital de première nécessité." L'ancienne députée wallonne affirme par ailleurs que l'eau du robinet est traitée et doit répondre à une série de critères de qualité. "Sa qualité n'est plus à prouver actuellement."

"Mais vous avez l'eau chez vous. Tout le monde a l'eau chez soi", a réagi Albert Michiels. La solution est-elle alors, comme l'ironise Christophe Deborsu, que tout le monde vienne avec sa propre gourde remplie d'eau du robinet au restaurant ? "Pourquoi demander à nouveau à la restauration de faire un effort financier en offrant l'eau?", demande le propriétaire de plusieurs établissements Horeca.

"Je peux comprendre les inquiétudes du secteur Horeca, assure Anne Lambelin. Cela ne va pas dans l'intérêt du gouvernement wallon de voir couler ses établissements et ses entreprises, bien entendu. Cela devra se faire dans une bonne intelligence avec le secteur. Mais nous sommes dans une phase de transition écologique obligatoire. Vous n'êtes pas les seuls secteurs concernés."


Si ça marche en France, pourquoi pas en Belgique?

"En Wallonie, l'exemple français domine évidemment. Quand on va en France, on a une carafe d'eau dans les restaurants", explique Christophe Giltay. Mais d'où vient cette tradition? "C'est un règlement qui date de 1967 en France, où l'on considère que la carafe d'eau fait partie du couvert comme le pain, le sel, le poivre, éventuellement la moutarde, les couverts et la serviette. Il y a des pays où on fait payer le pain, où on fait même payer le couvert. En France, on considère que la carafe d'eau fait partie du couvert, point final. C'est vrai dans les restaurants, mais pas dans les bars."


 

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