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Des Grands Cormorans par dizaines sur les arbres du boulevard Frère-Orban à Liège: pourquoi se réunissent-ils là?

Des Grands Cormorans par dizaines sur les arbres du boulevard Frère-Orban à Liège: pourquoi se réunissent-ils là?
©Alertez-nous
 
 

Michel nous a fait parvenir la photo ci-dessus, depuis le bord de Meuse à Liège. "Un rassemblement de cormorans par dizaines sur les arbres du boulevard Frère-Orban devant le port des yachts", écrit-il à notre rédaction après avoir cliqué sur le bouton orange Alertez-nous.

Ça fait un an ou deux qu’on a repéré ce manège-là à cet endroit-là

Nous avons soumis le cliché à Jean-Yves Paquet, directeur du département études chez Natagora. Il s’occupe du recensement des populations d’oiseaux et de leurs habitats et suit, notamment, le Grand Cormoran. "C’est assez particulier, parce que ça fait un an ou deux qu’on a repéré ce manège-là à cet endroit-là", nous dit-il.

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Tous au dortoir

Généralement, ces grands oiseaux au plumage noir et au long cou choisissent des coins plus tranquilles pour établir ce qui s’appelle leur "dortoir": "Chaque soir, et même une partie de la journée, ils s’installent en groupe sur des arbres pour se reposer, se nettoyer et digérer". C’est exactement ce qu’ils sont en train de faire sur la photo de Michel.


  
Ici, ce qui est surprenant, c’est qu’ils ont pris leurs quartiers sur le boulevard, alors qu’habituellement, ils cherchent des endroits au-dessus de l’eau, plus au calme. "Historiquement, il y avait un gros dortoir dans les gravières de Chertal, sur l’ancien site d’Arcelor Mittal. Maintenant, on ne sait plus trop ce qui s’y passe, parce qu’on n’a plus accès à ces gravières. Il est possible qu’une partie de ce dortoir se soit déplacé là. Un autre dortoir s’est créé à Visé. Finalement, en région liégeoise, il n'y a pas tellement d’îles tranquilles, donc ils sont obligés de se trouver des dortoirs sur les berges", commente Jean-Yves Paquet.


©Pixabay - Position typique d'un Grand Cormoran qui sèche ses plumes au soleil

"Le matin, ils partent pêcher"

Et si ces oiseaux se rassemblent à la fin de la journée sur les arbres, ils sont finalement en groupe tout au long de la journée. "Le matin, ils partent pêcher, en groupe de quelques dizaines d'oiseaux. Et ils synchronisent leur plongée pour s’attaquer aux bancs de poissons", détaille Jean-Yves Paquet.


©Observations.be - José Dermaux (photo prise à Harelbeke (De Gavers)) 

Persécuté jusque dans les années 1970

Ce piscivore [qui se nourrit de poisson], était rare en Belgique, jusque dans les années 1970. Il était jusqu’alors persécuté, partout en Europe, car il était vu comme un concurrent par les pêcheurs. La protection de l’espèce, actée dans la Loi sur la conservation de la Nature de 1973, a permis son redéploiement. Il a commencé à nicher chez nous dans les années 90, puis est devenu de plus en plus fréquent, jusqu’à ce que les populations se stabilisent au cours des années 2004-2005. Les populations sont restées stables partout… sauf en Meuse, où elles ont diminué, nous explique l’ornithologue, et ce en raison d’un gros changement dans l’écosystème.

Stable partout... sauf en Meuse

Les Grands Cormorans se nourrissent notamment du gardon. Autrefois, ce poisson était très abondant en Meuse, où il trouvait, pour s’alimenter, de grandes quantités de plancton. Et la présence de ce plancton était elle-même favorisée par "l'eutrophisation" de la Meuse, c'est-à dire, un apport excessif en nutriments, provenant des déchets organiques de l’agriculture et des égouts. Mais au début des années 2000, la quantité de plancton a chuté : "On pense que c’est à cause d’un bivalve invasif, la corbicule, qui est apparu en Meuse vers 2003-2004". Un bivalve, c’est un mollusque, et la corbicule en question, une sorte de petite palourde d’eau douce. "Comme c’est un filtrateur, un mollusque qui filtre le plancton, il a très fort fait chuter la teneur en plancton de la Meuse et donc aussi la quantité de poissons planctonivores [qui se nourrissent de plancton]".

Des observations précieuses

Les observations, comme celle de Michel, peuvent être signalées sur le site Observations.be. Elles sont une aide précieuse pour Jean-Yves Paquet et les autres ornithologues afin de bien connaître l’état des populations en Belgique. Les dortoirs de Grands Cormorans sont recensés deux fois par hiver. Le premier comptage a eu lieu en novembre, et le plus gros dortoir de la région liégeoise était celui de Visé. Le prochain comptage aura lieu au mois de janvier. Viendront ensuite, au printemps, les recensements de nids.


 

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