L’été est propice à l’observation de la nature. Sur vos balcons, dans vos jardins, et même à l’intérieur de vos maisons, vous remarquez diverses espèces, et vous nous soumettez vos photos. Avec nos spécialistes, nous les identifions, et vous faisons découvrir toute la diversité de la faune avec laquelle nous cohabitons parfois sans même le savoir. Chaque semaine, découvrez les trouvailles des lecteurs de RTL INFO.
Chaque année à cette période, cette araignée vous surprend. "En rentrant de vacances ce jour, j'ai eu l'étonnante "surprise" de découvrir cette araignée à l'entrée de ma porte de garage", nous écrivait Gael, depuis Villers-la-Ville, dans le courant du mois d'août. "Une araignée et guêpe en même temps ! Jamais vu ça en Belgique", dit une autre personne.
©Alertez-nous - Gael Dumont de Chassart (Villers-la-Ville)
©Alertez-nous - L. Masset
Ni échappée, ni dangereuse
Spontanément, beaucoup d'observateurs présument qu'elle s'est échappée, voire qu'elle est potentiellement dangereuse. Elle vit pourtant dans nos contrées, n'est pas rare, et ne présente pas la moindre menace pour l'humain. Elle a été rapportée pour la première fois en 1874 à Hastière par l'arachnologue belge Léon Becker, nous indique Arnaud Henrard, biologiste spécialiste des araignées au sein du Musée royal de l'Afrique centrale (MRAC).
Une grande discrète
Si sa présence vous étonne, c'est surtout parce qu'elle est généralement discrète: "Elle affectionne généralement les milieux ensoleillés et moyennement humides: friches, pelouses, prairies, talus herbeux du moment que ceux-ci ne subissent pas l'effet indésirable des pesticides et du fauchage intempestif", nous dit le biologiste. Nous avons cherché à connaître l'état des populations, mais aucune publication récente ne fait état de celles-ci. Compte tenu des observations encodées sur le portail Observations.be, alimenté par les naturalistes, et son pendant flamand, on peut simplement déduire que l'araignée se porte bien chez nous.
La plus grande de nos araignées
L'Argiope frelon (Argiope bruennichi), également appelée Épeire fasciée, est la plus grande araignée que l'on puisse observer dans notre pays. La femelle est deux fois plus grande que le mâle. La plupart de ces araignées atteignent généralement plutôt 5 cm d’envergure (pattes comprises).
Voilà la jolie demoiselle que je viens de découvrir sur la fenêtre de mon balcon plein sud dans la région de Charleroi. Je n'en avais jamais vue de pareille
©Alertez-nous (Montignies-sur-Sambre)
A quoi servent ces stries ?
Si elle présente ces stries jaunes et noires, ce ne serait pas forcément pour se faire passer pour une guêpe ou un frelon afin d'effrayer des prédateurs, explique Arnaud Henrard. Il s'agirait plutôt d'un atout pour attirer plus de proies: "Elle aime bien faire sa toile dans les hautes herbes et ça lui confère un camouflage relativement correct. Les proies sautent sans faire attention en direction de la toile". Le biologiste ajoute qu'une étude a démontré que plus un animal a des stries noires et jaunes, plus la quantité de proies est importante.
"La femelle peut pondre plusieurs cocons contenant plusieurs centaines d'œufs"
Sur la photo prise par Jérôme à Ougrée, on constate la présence d'une forme ronde sur la toile, il s'agit d'un cocon. "La femelle peut pondre plusieurs cocons contenant plusieurs centaines d'œufs. Les cocons sont abandonnés dans la végétation et ont une forme caractéristique de montgolfière renversée. Il est constitué de plusieurs couches de soies différentes", explique le spécialiste.
©Alertez-nous - Jérôme Nespola (Ougrée)
Après l'accouplement, le mâle fuit pour ne pas se faire manger par la femelle
Mais avant cette période de ponte, qui est généralement automnale, il y a un accouplement particulièrement mouvementé. Arnaud Henrard nous explique qu'au terme de celui-ci, le mâle s'ampute volontairement de l'un de ses "pédipalpes", un appendice qui contient les organes reproducteurs, dans l'appareil génital de la femelle. "Il augmente ainsi ses chances de fuir très vite avant de se faire éventuellement manger par la femelle. Mais surtout, en bloquant l'accès à l'appareil reproducteur, il diminue aussi la possibilité qu'un rival ne féconde la même femelle".
L'éclosion de l'argiope
Que devient ensuite ce cocon ? "Les œufs hivernent ainsi à l'abri du gel. Ils se développent rapidement, en un mois à peu près, puis les jeunes éclosent et restent dans le cocon jusqu’en avril-mai. Ils sortent au printemps par un trou unique découpé par un juvénile", nous dit le biologiste, décrivant l'observation filmée par l'entomologiste André Lequet.
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