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"Complet": saturés, les refuges face à l'abandon massif des chiens et chats

 

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Ici, "on récupère les animaux achetés pendant le confinement", se désole Carole Retrou, responsable d'un refuge de la SPA saturé face aux abandons record de chiens et de chats depuis le printemps.

"Dès le mois de mai, nous étions complets, c'est beaucoup plus tôt que d'habitude", raconte la responsable du refuge de Chamarande (Essonne). "Depuis, on a reçu 23% d'animaux de plus qu'en 2019, qui était déjà une année record. Pour les chats, on atteint 48%".

Elles sont 17, dont deux vétérinaires, à s'occuper de plus de 200 animaux dans le refuge surpeuplé. Les 80 chiens que compte le centre ont été mis par deux dans les boxes pour faire de la place dans le chenil, entouré des enclos où les quadrupèdes sont lâchés quotidiennement.

"Actuellement, si quelqu'un vient pour abandonner son chien, je ne peux pas le prendre", annonce de but en blanc la responsable, énervée par les dérives commerciales autour des animaux de compagnie. "Les gens ne sont pas partis en vacances pendant deux ans et ont acheté des animaux pendant les confinements pour s'occuper. Maintenant, on les récupère".

"Tout est accessible sur internet. Même les éleveurs livrent à domicile sans que les nouveaux propriétaires aient jamais vu l'animal qui est traité comme un objet", développe-t-elle, alors que l'interdiction de la vente des chiens et chats en animaleries et l'encadrement de la vente en ligne, pour la réserver aux refuges et aux éleveurs, est sur la table au Parlement depuis le début de l'année.

Samedi, la fourrière doit amener au refuge huit nouveaux chiens, promis sinon à l'euthanasie. "On va trouver une solution, avec les autres refuges de la région, pour leur trouver de la place", affirme la responsable.

Loulou, grand chat blanc arrivé de Beauvais, ou Moucaya, femelle tachetée venant de Guyane, ont aussi été accueillis dans le cadre de l'entraide entre les associations de protection des animaux, débordées partout sur le territoire.

- Aires d'autoroute -

Lorsque les fourrières amènent les chats au refuge, ils sont gardés dans la maison principale à l'entrée. Ils sont désormais une centaine.

"A leur arrivée, on les met en quarantaine pendant 10 jours, à l'étage pour éviter les contaminations", explique Tiffany Poussin, qui travaille au chenil et donne souvent "un coup de main" à l'infirmerie ou à l'accueil. Ces "chats du haut", comme les appelle l'équipe, sont suivis médicalement pour détecter la présence du coryza (une maladie respiratoire), du typhus ou du sida du chat.

Pour protéger les chatons, fragiles, une cinquantaine de "familles relais" proposent de les garder à domicile, jusqu'à leur adoption. Elles les ramènent au centre le samedi, pour les visites des adoptants potentiels, triés sur le volet par les employés de la SPA.

"Environ 40 chatons sont adoptés chaque week-end", explique Carole Retrou. Chats adultes et chiens sont, eux, bien moins nombreux à trouver un foyer (3 à 4 par semaine).

Atteints de la teigne et du coryza, Majri a perdu trois chatons sur une portée de huit depuis son arrivée à l'infirmerie il y a un mois.

"Les petits sont très vulnérables", explique Carole Retrou. "Lorsqu'ils seront sevrés, on les enverra dans des familles qu'ils n’attrapent pas de nouvelles maladies."

Quant à Majri, elle sera relâchée: "c'est un chat sauvage, elle déteste le contact des humains, elle serait malheureuse dans une famille".

Entre le 1er mai et le 23 juillet, 11.335 animaux abandonnés ont été recueillis par la SPA sur l'ensemble du territoire, soit plus de 7% de plus qu'en 2019 sur la même période. L’augmentation la plus forte concerne les chats et les nouveaux animaux de compagnie (+24%).

Face à cette recrudescence, le gouvernement a lancé une campagne de sensibilisation autour du hashtag #StopAbandon. L'occasion de rappeler que 60% des abandons ont lieu sur les aires d’autoroutes.


 

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