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Un fruit sur trois consommés en Belgique contaminé par des pesticides nocifs: une ONG alerte, l'AFSCA relativise

 
 

Qu'absorbons-nous réellement quand nous mangeons des fruits, censés être bons pour notre santé ? En Belgique, selon une organisation qui lutte contre les pesticides, un fruit sur trois présenterait des traces d'un pesticide nocif. Ce chiffre est nuancé les producteurs et l'Agence pour la sécurité alimentaire.

Selon une étude, l'utilisation de pesticides parfois dangereux serait en forte augmentation. Avec une hausse d'échantillons contaminés de 53% en 9 ans, la Belgique serait tout simplement le plus mauvais élève européen, surtout pour les cerises et les poires. 

"On parle d'une consommation des poires dans 87% des cas avec ces substances les plus toxiques, et une trentaine de pourcents de produits qui sont contaminés par ces substances. Donc, c'est majeur parce qu'on nous parle là des substances les plus toxiques", explique Salome Roynel, chargée de plaidoyer et campagne pour l'organisation Pesticide Action Network. 

Selon l'organisation à la base de cette étude, ces pesticides provoqueraient des soucis de santé : cancer, infertilité, risque pour les grossesses... C'est faux pour l'Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire : consommer des fruits belges n'est pas dangereux. En 2020, 97% des contrôles étaient d'ailleurs conformes. Mais alors, comment expliquer cette mauvaise position de la Belgique ?

"Ce qui est est intéressant de savoir, c'est que, lors de l'analyse et du contrôle de ces échantillons, on analyse près de 400 molécules différentes, et parfois même jusqu'à 600, alors que certains autres pays analyseront en moyenne 230 molécules différentes", explique Aline Van Den Broeck, porte-parole de l'AFSCA.

Avec ces analyses plus précises, des pesticides sont donc retrouvés dans les échantillons de fruits, mais largement sous les normes exigées. 

"Avec des normes de résidus très très faibles, parfois 100.000 inférieures à la norme autorisée", précise Olivier Warnier, responsable du centre fruitier wallon. 

Mais pourquoi ces pesticides sont-ils encore souvent utilisés chez nous ? Apparemment, les producteurs n'ont pas beaucoup d'alternatives : "Quand il faut lutter contre 10-15 insectes différents, une dizaine de champignons différents, des acariens, des mammifères, il faut trouver une solution pour qu'on puisse vendre ce fruit, que ce fruit soit beau visuellement et surtout, le moins cher possible", ajoute Olivier Warnier.

Selon l'AFSCA, en Belgique, le millier de producteurs de fruits subit des contrôles réguliers et stricts, et les chiffres sont rassurants. Ceux publiés par l'étude de l'ONG en question sont plus inquiétants en revanche. 

Un accroissement du nombre de résidus de pesticides

Les résidus de pesticides chimiques sur les fruits cultivés dans l'Union européenne ont augmenté entre 2011 et 2019, alors que les États membres auraient dû en limiter l'utilisation au profit de produits de substitution, selon une étude de l'ONG PAN Europe publiée mardi.

L'étude, basée sur l'analyse de quelque 97.000 échantillons de fruits frais (pêches, fraises, cerises, pommes, etc.), affirme que près d'un échantillon sur trois (29%) était contaminé par des traces de pesticides chimiques contre 18% en 2011.

Or depuis 2011, relève cette ONG spécialisée, les États membres sont censés encourager les produits de substitution pour limiter autant que possible le recours à ces pesticides de synthèse - herbicides, fongicides, insecticides - considérés comme les plus à risque et dont l'autorisation est plus strictement réglementée dans l'UE.

Au niveau national, cette autorisation doit notamment faire l'objet d'une évaluation comparative avec les produits de substitution, est-il rappelé.

Les résultats de l'étude jettent une ombre sur l'ambition de Bruxelles, arrêtée en 2020, de réduire de moitié d'ici à 2030 le recours à ces pesticides les plus dangereux.

L'ONG réclame des "mersures fortes"

"S'il n'y a pas de mesures fortes, on ne voit pas comment cet objectif pourrait être respecté", a dit à l'AFP Salomé Roynel, de PAN Europe, qui rappelle que la Commission a le pouvoir de rappeler à l'ordre les pays "défaillants sur ce sujet".

L'ONG cite parmi les produits autorisés dont il faudrait absolument limiter l'usage le Tebuconazole, un fongicide toxique pour la reproduction, dont des traces ont été fréquemment retrouvées sur des cerises produites en 2019, en Espagne entre autres.

Destinés à détruire des organismes vivants jugés nuisibles, les pesticides sont susceptibles d'avoir des effets sur la santé humaine, en augmentant les risques de problèmes de fertilité voire de déclencher certaines maladies (Parkinson, cancers).

En 2021, une expertise de l'Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a conclu à "une présomption forte de lien entre l'exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse ou chez l'enfant et le risque de certains cancers (leucémies, tumeurs du système nerveux central)".

Les fruits et légumes les plus concernés

Dans son étude, PAN (Pesticide Action Network) assure que la moitié des échantillons de cerises étaient contaminées par des traces de pesticides en 2019 (contre 22% en 2011), plus du tiers (34% contre 16%) pour ceux des pommes, le fruit le plus produit sur le continent.

Les fruits les plus contaminés sont les mûres (51% des échantillons), les pêches (45%), les fraises (38%), les cerises (35%) et les abricots (35%), sur les neuf années étudiées, ajoute l'ONG.

Pour les légumes, la contamination est plus faible car ils sont moins sujets aux insectes et aux maladies: 13% des échantillons étaient concernés en 2019 (11% en 2011), les légumes les plus concernés étant le céleri, le céleri-rave et le chou kale (31%).


 

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