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Réduire la vitesse sur nos routes pour baisser la pollution? PS et MR tuent dans l'oeuf la proposition d'Ecolo

  • Paul Magnette démonte la proposition du ministre Philippe Henry: "On ne fait que rendre la cause écologique moins populaire"

  • Georges-Louis Bouchez réagit à l''idée de réduire la vitesse sur les routes: "Ce n''est pas en ennuyant la population qu''on sauvera le climat"

 
 
 

Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez ont été interrogés séparément dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI. Interviewés par Christophe Deborsu, le président du Parti socialiste et le président du Mouvement réformateur ont notamment été interrogés sur la proposition de Philippe Henry, Écolo.

Le ministre wallon du Climat a proposé ce samedi de réduire la vitesse sur l'ensemble des routes de 20 km/h (voir notre article). Le but? Réduire notre consommation et diminuer nos émissions de CO2. Le président du Parti socialiste ne croit pas en la mesure, qui rendrait "la cause écologique moins populaire", selon lui. Même position pour le président du MR: "ce n'est pas en ennuyant la population qu'on sauvera le climat".

Rappelons que le PS, le MR et Ecolo sont en coalition et dirigent ensemble la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils collaborent également au sein du gouvernement fédéral, aux côtés des partis flamands Open VLD (libéraux), Vooruit (socialistes), CD&V (chrétiens-démocrates) et Groen (écolos).

Voici la réaction de Paul Magnette (PS)

Christophe Deborsu: Vous êtes d'accord?

Paul Magnette: Je dois dire d'abord que j'ai été un peu surpris, puisque je découvre ça dans la presse hier (samedi). Ça n'a pas encore été discuté au sein du gouvernement. Ce sont les propositions de monsieur Henry.

Christophe Deborsu: Sur la base d'un panel de citoyens, dit-il.

Paul Magnette: Oui d'accord, mais enfin soit. Ça n'a pas été discuté au sein du gouvernement. Moi, très sincèrement, je ne crois pas que ça soit en punissant les gens, je ne crois pas que ce soit en taxant les gens, je ne crois pas que ce soit en interdisant ceci et cela qu'on va convaincre qu'il faut se lancer dans la transition écologique. À chaque fois qu'on dit "ce sont les citoyens, les particuliers, qui doivent faire des efforts, sinon on va leur interdire et on va les taxer", je pense qu'on ne fait que rendre la cause écologique moins populaire. Or, c'est une urgence climatique.

Christophe Deborsu: Vous êtes éco-socialiste.

Paul Magnette: C'est pour ça que je suis pour des solutions collectives. Il faut d'abord taxer massivement les grandes multinationales. C'est elles qui sont les premières grandes émettrices de CO2. Avant d'embêter les gens, allons embêter les milliardaires, allons embêter les multinationales.

Christophe Deborsu: Il n'y en a pas des masses en Wallonie malheureusement.

Paul Magnette: Vous savez monsieur Deborsu, un milliardaire qui prend son jet pendant deux ou trois heures, il va consommer (émettre) plus de CO2 qu'une famille entière pendant plusieurs mois. Qu'on commence par embêter ceux-là. Je ne crois pas que ce soit en embêtant les gens qu'on va y arriver. On doit investir. Investir massivement dans l'isolation des bâtiments. Investir massivement dans les transports en commun. Rendre les transports en commun gratuits le plus possible. Créer des cantines pour les enfants. C'est à travers des mesures qui aident, qui soutiennent, qui accompagnent, et pas à traverser des restrictions.

Christophe Deborsu: Le dimanche sans voiture, c'est aussi sur la table chez monsieur Henry. Une fois par mois, dit-il.

Paul Magnette: Une fois de temps en temps comme ça se fait à Bruxelles, pourquoi pas. Je veux bien discuter de tout, mais essayons de trouver des solutions où on aide et on soutient les gens, et pas des solutions où on les punit, où on leur interdit. Si on leur dit que la transition climatique ça veut dire plus de voiture, plus de voyage, plus de viande, plus acheter de vêtements, tout le monde va être contre. Si on leur dit, par contre, que la transition climatique c'est les transports en commun gratuits, c'est des maisons bien isolées, c'est l'accès de tous à une alimentation de qualité. Ça change tout.

Voici la réaction de Georges-Louis Bouchez (MR)

Christophe Deborsu: Vous êtes d'accord ou pas?

Georges-Louis Bouchez: À un moment donné, il faut que les écologistes comprennent que ce n'est pas en ennuyant les classes moyennes, que ce n'est pas en ennuyant la population qu'on sauvera le climat. On sauvera le climat avec des choix industriels intelligents. Moi je suis toujours surpris que quelqu'un demande aux gens de rouler à 100 km/h sur les autoroutes alors que c'est le même parti qui veut construire des centrales au gaz pour fermer des réacteurs nucléaires. Aujourd'hui, si on remplace ces centrales nucléaires, c'est 15 millions de tonnes de CO2 en plus. Sans compter l'usage de la technologie gazière. Donc il faut aujourd'hui avoir des choix industriels. C'est-à-dire avoir de la captation de CO2 dans les entreprises. Pouvoir utiliser de l'hydrogène qu'on produirait avec les surplus d'électricité produits via le renouvelable et le nucléaire. Renforcer nos réseaux électriques. Faire les bons choix industriels. Mais très franchement, continuer à ennuyer les gens, je pense que c'est pire que mieux. En fait, plutôt que de créer de l'adhésion sur les économies d'énergie et de l'adhésion sur le climat, on est en train de créer du clivage et de l'opposition parce que des gens se sentent dans l'incapacité de suivre une vie avec un relatif confort. Vous savez, pour sauver le climat, il faudra aussi prendre en compte deux autres paramètres: le maintien de la liberté et la cohésion sociale. Il faut arrêter avec ces effets d'annonce qui ne visent qu'à déranger les mêmes personnes et toujours à les attaquer.


 

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