Les secteurs de l’hébergement et du transport en ont fait les frais, mais l’uberisation s’attaque aussi au plus vieux métier du monde. Si les sites de prostitution existent depuis un moment, une nouvelle activité se développe et revendique plus d’éthique. Leur image est toujours plus lisse et ressemble à n’importe quel site d’échange de services entre particuliers. On ne parle pas d’escorts mais de sugar babies. Pourquoi ne se définissent-ils pas comme tel ? Reporters a mené l’enquête. Un reportage diffusé ce vendredi soir à 19h45 sur RTL-TVI.
Sugar Baby vous dites ? Ces filles tiennent compagnie à des hommes matures qui les soutiennent financièrement: restaurants, voyages, bijoux, minerval, loyer… On les appelle Sugar Daddy, littéralement Papa Gâteau. Et le phénomène existe aussi dans l’autre sens, où des Sugar Mamas "sponsorisent" leur Toy Boy. Les conditions sont négociées par les deux parties et fixées dans un "contrat" commun.
Une friandise qui a un prix
Nous ne serions plus dans une relation service-client, mais dans un rapport de confiance où chacun y trouve son compte. D’ailleurs, les plateformes proposant ces services se défendent de faire de la prostitution. Sur son blog, l’une d’entre elles mentionne plusieurs différences fondamentales. La première est la notion de transaction, que le réseau préfère gommer au profit des termes "relation" et "échange". De plus, il faut savoir que "Sugar est un mode de vie que l’on choisit, pas une profession.".
Le rapport sexuel ne serait d’ailleurs pas obligatoire selon eux. Et contrairement au client d’une prostituée, le Sugar Daddy se doit d’être généreux et respectueux, car il souhaite généralement que leur histoire s’inscrive dans la durée: "Alors qu’une escort pourrait avoir un passé sexuel sordide, une relation ‘Sugar’ est souvent monogame", revendiquent-ils. Enfin, une liaison de ce type privilégierait la qualité plutôt que la quantité, car "une prostituée vous considère comme son travail, pas comme un homme".
"On croit que c’est de l’argent facile mais non"
Pourtant, il arrive que certaines refusent de faire un pas dans cet univers. C’est le cas de Diana Tshimwanga, qu’une équipe de Reporters a rencontré. Approchée par un homme aisé alors qu’elle était dans le besoin, elle a préféré décliner l’invitation: "Certaines se tournent vers cette option, on croit que c’est de l’argent facile mais non", promet-elle. "Franchement, psychologiquement il faut le faire ! Ce n’est vraiment pas évident."
Même si de grosses sommes sont à la clé, offrir sa personne n’est bien entendu pas facile. Diana a tenu à livrer cette expérience dans un roman intitulé Job Étudiant: Escort Girl. Elle y raconte l’histoire de Chloé, une étudiante à la vie compliquée contrainte d’accepter la proposition indécente d’un riche avocat.
Avec ou sans sucre ?
Il arrive donc que l’histoire entre Sugar Baby et Sugar Daddy tourne au cauchemar. Pourtant, les plateformes en ligne entendent se placer dans un secteur bien différent, celui des relations stables et consenties.
Une campagne de prévention contre la prostitution étudiante est prévue du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles même si, avec ou sans sucre, elle n’est pas une infraction en Belgique. Seuls le racolage et le proxénétisme sont poursuivis. Ainsi, une étudiante travaillant seule ne pourra pas être poursuivie pour l’acte, mais bien pour les moyens utilisés pour atteindre son client.
Notons en outre que globalement, 90% des prostituées veulent arrêter, sans avoir la possibilité d’y parvenir.
Le reportage a été diffusé ce vendredi soir à 19h45 dans l'émission Reporters, sur RTL-TVI.
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