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Pourquoi la réinsertion après un séjour en prison ne fonctionne pas?

Pourquoi la réinsertion après un séjour en prison ne fonctionne pas?
 
 

C'est la 3e édition des journées nationales de la prison avec comme thématique cette année: la réinsertion post-carcérale, une illusion? Différents événements sont prévus jusqu'au 22 novembre pour sensibiliser et informer la population.

Actuellement, un détenu qui sort de prison pour la première fois a environ 60% de risque de récidiver.  Mais pourquoi la réinsertion ne fonctionne pas?

Tout d'abord, la prison telle qu'elle est prévue et organisée en Belgique, n'a pas pour rôle premier de réinsérer les gens dans la société. Il s'agit plutôt d'une punition. Faute de moyen, des programmes sont mis en place (accompagnement psycho-social ou formation) mais, ils sont insuffisants pour être proposés à tous les détenus. Enfin, les détenus sont souvent des personnes non insérées, en marge de la société avant d'être incarcérés.

"Pour les prisons d'Ittre et de Nivelles qui regroupent à peu près 700 détenus en moyenne, on a un équivalent temps-plein pour le suivi psychologique, avec souvent plus d'un an de liste d'attente", précise Mélanie Bertrand, chargée de mission au sein de l'ASBL Concertation des Associations Actives en Prison. "Il y a des prisons où il y a une seule formation accessible à une quinzaine de détenus."

L'accompagnement à la sortie de prison, un moment cruciale, est aussi insuffisant: "Des gens sortent de prison avec, dans leurs poches et sur eux, la même chose que quand ils sont rentrés donc, s'ils n'ont pas de lieu de vie ou pas de moyens, ils vont faire un nouveau délit",  explique Mélanie Bertrand.

Les coordinateurs des journées nationales de la prison donnent ainsi un zéro pointé à la réinsertion. 

"Le jour où je vais sortir de prison sera spécial."

Une détenue de la prison pour femmes de Berkendael, témoigne sur cette thématique:  "La réinsertion est une utopie pour moi. Surtout pour les personnes qui ont un lourd dossier. Je dois faire ça via personne interposée", confie-t-elle. "Il y a des choses qui ont changé comme pour la carte d'identité ou de banque. Le jour où je vais sortir de prison, je vais découvrir tout cela alors que ça serait plus intéressant d'obtenir cette réinsertion petit à petit et savoir par exemple si le carte SIM à la mutuelle existe encore. Le jour où je vais sortir de prison sera spécial."


Des bénévoles pour accompagner des enfants voir leurs parents en prison

La Croix-Rouge recherche des bénévoles pour accompagner des enfants voir leurs parents en prison. Chaque année, la Croix-Rouge de Belgique permet  1.500 visites  mais ce n’est pas suffisant.

"Il faut accepter de faire dans certains cas beaucoup de kilomètres pour accompagner les enfants vers les prisons où sont détenus soit papa, soit maman. Aller chercher l'enfant à son domicile, à son lieu de vie ou quelque fois à la sortie de l'école. C'est eux qui ont toute l'émotion de l'enfant avant d'arriver près du parent détenu et après la séparation", explique Rose-Marie Baudouin, qui coordonne ces visites pour la Province de Liège. "Le bénévole doit là être à l'écoute de l'enfant, être bien préparé car les enfants ont parfois des questions très bouleversantes. Des formations sont ainsi prévues pour les volontaires. On attire leur attention sur les séries de difficultés qu'ils peuvent avoir."

En Belgique plus de 12.000 enfants sont concernés au quotidien par l’incarcération d’un parent et un sur deux ne rend jamais de visite ! Les bénévoles travaillent en binôme et sont uniquement chargés des trajets. Ils ne rencontrent pas les détenus. Les enfants (0-18 ans) , une fois arrivés sur place, sont pris en charge par un psychologue ou un référent social. Ils doivent être à leur écoute par contre durant l'aller et le retour et disponibles un mercredi par mois.


 

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