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Pourquoi un avion escorté par deux F16 a survolé la Belgique ce vendredi matin?

Pourquoi un avion escorté par deux F16 a survolé la Belgique ce vendredi matin?
©BELGA
 
 

Comme certains d'entre vous nous l'ont signalé, un avion escorté de 2 F-16 a survolé la Belgique ce vendredi matin. "Au dessus de Marcinelle, un avion style Boeing vient de passer à très basse altitude escorté de deux F16. Exercices ou situation spéciale ?", s'interroge notamment Eli en région de Charleroi. La porte-parole de la Défense affirme qu'il s'agit du premier A400M belgo-luxembourgeois rejoignant la base de Melsbroek. 

Ce gros appareil de transport militaire, un quadrimoteur revêtu d'une livre grise, s'est posé vers 10h45 en utilisant la piste 25R (droite) de l'aéroport de Bruxelles-National, contigu à la base militaire. Deux camions de pompiers l'ont copieusement arrosé, comme il est de tradition, dans le monde aéronautique, pour des événements marquants, ont constaté les journalistes présents sur place.

L'appareil a effectué un tour de Belgique

L'avion, immatriculé CT-01, a effectué un tour de Belgique aux mains d'un équipage mixte, belgo-luxembourgeois. C'est le premier avion militaire détenu en propre par le Grand-Duché depuis le retrait d'avions légers en 1968.

L'A400M a été accueilli par les ministres de la Défense des deux pays, Ludivine Dedonder et François Bausch qui avait pris place à bord de l'appareil en compagnie d'une délégation venue de Luxembourg. Tous deux ont salué l'excellence de la coopération intense qui unit les deux pays.

La Belgique et le Grand-Duché avaient décidé dès 2001 d'acquérir et d'opérer huit de ces avions de nouvelle génération, dont un luxembourgeois, ont-ils tous deux rappelé. L'A400M luxembourgeois, le numéro de série MSN 104 (le 104e construit, sur les 174 commandés à ce jour par sept pays européens et la Malaisie), avait effectué son premier vol le 14 avril dernier à Séville, en pleine crise sanitaire du coronavirus qui avait affecté les activités d'Airbus.

Il aurait, contractuellement, dû être livré en mai dernier, près de dix-neuf ans après la passation du contrat, qui remonte à décembre 2001.

Les caractéristiques techniques de l'appareil

L'Airbus A400M Atlas est un programme emblématique de la défense européenne qui a peiné à trouver son rythme de croisière, après des années de retards et des milliards d'euros de surcoûts. Cet avion quadrimoteur est censé compenser des lacunes des armées européennes maintes fois constatées en matière de transport aérien.

D'une envergure de 42,4 mètres pour une longueur de 45,1 m, il est capable de transporter, avec un équipage de trois ou quatre personnes, matériels lourds et personnel ainsi que de larguer des parachutistes et des véhicules dans un environnement hostile. Il doit aussi assurer des missions d'évacuation sanitaire et de ravitaillement en vol.

L'A400M dispose à la fois d'une vitesse de croisière élevée (780 km/h) à haute altitude (8.800 m) pour assurer ses missions logistiques rapidement et à grande distance, et d'une capacité à utiliser des terrains sommaires une fois arrivé sur un théâtre d'opération. Les capacités de l'appareil lui permettent de transporter jusqu'à 37 tonnes de fret sur 4.500 km ou 17 tonnes sur 5.800 km et de larguer 116 parachutistes en un seul passage.

"C'est un avion de transport 'state of the art' (de pointe, ndlr) mais aussi un 'game changer' (changeur de la donne)", a commenté vendredi le commandant de la composante Air, le général-major Thierry Dupont, devant un parterre d'invités.

Mais le programme a été marqué par de nombreux retards et des difficultés techniques, qui ont fait passer son coût total de vingt à plus de trente milliards d'euros.

L'A400M, un symbole de la défense européenne en service après des retards et des surcoûts

Le premier prototype de l'A400 avait effectué sa sortie d'usine en grande pompe, en présence du roi d'Espagne de l'époque, Juan Carlos, le 26 juin 2008 à Séville (sud de l'Espagne), où se trouve la chaîne d'assemblage final.

Il n'avait réalisé son premier vol qu'en décembre 2009, avec près de deux ans de retard sur le calendrier initial. A l'époque, le Luxembourg et la Belgique, clients de lancement de cet avion de nouvelle génération avec l'Allemagne, l'Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Turquie, espéraient recevoir leur premier exemplaire en 2017 et 2018 respectivement.

A ce jour, 93 appareils sont en service, selon le directeur des ventes et du marketing d'Airbus Defence and Space, Bernhard Brenner. Quatre ont été livrés à la Malaisie, qui reste à ce jour le seul client à l'exportation.

Le programme est mené en coopération par sept pays (Allemagne, Belgique, France, Espagne, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie). La gestion du programme est confiée à l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAr) et sa réalisation à Airbus Defence and Space Espagne. Le moteur est réalisé par EPI (Rolls-Royce, Snecma, MTU (Allemagne), ITP (Espagne)).

"Ce premier Airbus A400M nous rappelle le combat acharné mené de 1999 à 2008 par les gouvernements Verhofstadt (où j'assurais les fonctions de ministre de la Défense) pour participer au développement d'un avion européen", a l'ancien ministre de la Défense André Flahaut dans un communiqué.

Selon lui, "ce partenariat nous positionnait alors sur la voie de l'Europe de la Défense que nous appelions de nos vœux, et pour laquelle je continue de plaider aujourd'hui. Une voie que mes successeurs au département (de la Défense) n'ont pas voulu suivre, préférant céder aux sirènes américaines, notamment pour l'achat des (avions de combat) F-35".

L'ancien ministre a également insisté sur la dimension "stratégique" de cet avion de transport de nouvelle génération, doté de capacités tactiques de premier plan, qui est capable d'effectuer des missions très variées. "Outil stratégique à haute valeur ajoutée, l'A400M vient renforcer de façon significative nos capacités militaires et celles de l'Union européenne, même s'il s'avère un peu moins flexible que le C-130 sur certains terrains".

André Flahaut ministre évoque enfin une dimension "sentimentale", parce qu'il existe à Beauvechain un superbe musée de l'aviation - le 1 Wing Historical Center. "C'est justement ici qu'il y a lieu de rapatrier, de conserver et de présenter au public un exemplaire de nos emblématiques C-130. J'y serai tout particulièrement attentif", a conclu le député élu du Brabant wallon.


 

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