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Philibert, prof de sport belge expatrié en Chine, a vécu le déconfinement avant nous: voici son conseil pour la Belgique

Philibert, prof de sport belge expatrié en Chine, a vécu le déconfinement avant nous: voici son conseil pour la Belgique
 
CORONAVIRUS
 

Un professeur belge d’éducation physique vivant à Shanghai était interrogé ce matin par Fabrice Grosfilley, dans la matinale de Bel RTL. La Chine où il réside a de l’avance sur l’épidémie. L’expatrié livre un témoignage très éclairant, sur le retour progressif à une vie normale.

"Le déconfinement a commencé chez nous le 9 févier, donc cela fait déjà 3 mois que l’activité reprend petit à petit avec beaucoup de précautions", précise le professeur.
Il poursuit : "La vie est quasi normale : les bars, les restaurants sont ouverts. Dans l’espace public, on continue à mettre un masque et il y a pas mal de petites contraintes, par exemple le fait de devoir présenter un QR code au restaurant et la température prise à l’entrée de certains magasins".

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce QR code ?

Le QR code c’est une application qu’on est obligé de placer sur son téléphone et qui est une application gouvernementale. Si on revient de l’étranger ou d’une autre province, elle indique que nous sommes toujours en quarantaine (avec interdiction de sortir de chez nous ou d’entrer dans un autre bâtiment).

Vous avez connu une vraie période de quarantaine? Pendant deux semaines vous n’avez pas pu sortir de chez vous...

Il y avait des contrôles de température à la sortie de chaque "compound", des habitations… à l’entrée de chaque magasin. Je crois que je n’ai jamais autant connu ma température que pendant ces deux semaines-là et évidemment le port du masque obligatoire et ça c’est très important, ce masque a été obligatoire dès le départ.

Vous retrouvez votre vie d’avant ? Des choses ont concrètement changé ?

Aujourd’hui, la vie reprend réellement comme avant. Oui, on prend encore des précautions, on sort moins que d’habitude mais voilà hier il faisait 30 degrés et j’étais en terrasse sans masque. Cela fait déjà deux semaines que le masque n’est plus obligatoire à 100% mais malgré tout les gens continuent à le mettre quand ils se promènent.

Comment c’est passé le déconfinement chez vous ?

Au départ, c’était vraiment uniquement les métiers essentiels qui sont retournés au travail avec beaucoup de précautions et évidemment avec des roulements où un travailleur sur trois revenait dans son entreprise pour vraiment respecter la distanciation sociale. L’enseignement est le dernier maillon de cette chaîne de reprise du travail. Moi, cela fait trois mois que j’enseigne online et j’ai repris lundi passé.

Comment cela se passe dans votre école ? On a installé des portiques pour prendre la température des élèves…

Les enfants doivent prendre leur température trois fois par jour. Une première fois chez eux avant même de venir à l’école. S’ils ont une température au-delà de 37,3, ils ne peuvent pas se rendre à l’école et doivent évidemment se rendre à l’hôpital le plus proche.
A l’arrivée à l’école, il y a un portique avec caméra thermique qui prend une deuxième fois la température et ensuite l’après-midi lorsqu’on fait l’appel, on reprend une dernière fois la température. Ensuite, le port du masque est obligatoire et on est obligé d’en changer une fois par jour. Donc on est obligé d’avoir deux masques sur soi pour la journée. Il y a du gel hydroalcoolique devant chaque classe dans chaque bâtiment. Les locaux, les classes, les espaces extérieurs, sont désinfectés deux fois par jour. Il y a aussi évidemment la distanciation sociale.

Vous êtes professeur d’éducation physique… Vous faites des sports collectifs ou vous avez adapté votre programme ?

Non pas de sport collectif. Le sport est fait uniquement en extérieur avec des disciplines qui encouragent la distanciation sociale. Par exemple, maintenant on fait de la course d’orientation mais qui est plutôt de la marche d’orientation. Là, les enfants n’ont pas fait de sport, ils sont restés confinés quasiment pendant trois mois, donc voilà on reprend une activité physique douce.

On a vu beaucoup d’images spectaculaires de désinfection des rues avec des nuages de produits… Cela se passe bien comme ça dans les rues, dans les écoles ?

A Shanghai, je ne le vois pas comme ça. Dans les écoles, il y a en effet une armée de femmes d’ouvrage qui nettoient les classes de fond en comble deux fois par jour et il y a du personnel d’entretien qui asperge les espaces extérieurs avec des produits de désinfection.

Vous êtes Belge expatrié en Chine et là où vous vous trouvez, vous avez de l’avance sur l’épidémie. Quand vous voyez la situation en Belgique, quel conseil vous donneriez à la Belgique ?

N’ouvrez pas les écoles maintenant, ouvrez-les en septembre. On a attendu en Chine d’avoir zéro cas depuis plus d’un mois avant de rouvrir les écoles et je pense que cela a du sens.

Vous avez le moral après trois mois de confinement ?

Moi, je me sens vraiment en sécurité. Il n’y a aucun professeur absent à l’école et aucun élève absent non plus dans mon établissement. Je pense que la population a réellement confiance en ce qui a été fait. On peut cracher sur la Chine tant qu’on veut mais la gestion de cette crise, aujourd’hui, elle a prouvé qu’elle était plutôt efficace. Là, aujourd’hui on est assez en confiance.

Cela aura changé votre vie et votre regard sur la Chine ?

Je pense que cela aura changé le regard de beaucoup de gens et cela marquera des générations qu’on soit en Chine ou en Belgique.

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