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Même en pleine nature vous entendez encore le bruit des routes? C'est que la déforestation touche aussi la Wallonie

Même en pleine nature vous entendez encore le bruit des routes? C'est que la déforestation touche aussi la Wallonie
© Belga
 
 

Nous avons fait une petite balade dans la forêt du côté de Couvin. Il y a le doux chant des oiseaux et toujours beaucoup d'arbres… Mais en bruit de fond, l'incessante mélodie produite par les voitures et les camions.

Pour contourner la commune, une grande percée a été réalisée dans la forêt pour y faire passer la E420. "Là on a une dizaine de kilomètres qui traversent le massif du Bruly. On a vraiment basculé d'un milieu forestier vers quelque chose qui ne l'est plus et qui est bétonné à vie", indique Juan de Hemptinne, président de la Fondation wallonne pour la conservation des habitats.


2.000 hectares de forêts disparus en Wallonie

D'après Juan de Hemptinne, le contournement de Couvin est l'exemple même d'une déforestation progressive de la Wallonie. En 20 ans, on a perdu plus de 2.000 hectares de forêts.

En regardant les chiffres de Statbel plus précisément, on constate que la forêt recule inexorablement en Wallonie:

  • En 2000, on recensait 496.929 hectares de forêts et de terrains boisés en Wallonie.
  • En 2018, on recensait 494.921 hectares de forêts.

Plus en détails: la province du Luxembourg a perdu 745 hectares et la province de Liège 544 hectares.


Les terres agricoles reculent aussi

Même constat pour les terres agricoles: elles sont passées de 756.660 hectares à 733.881. Faites le compte: 22.779 en moins au total.


Une déforestation peu visible?

Nous avons rencontré une représentante d'Inter-Environnement Wallonie, la fédération des associations environnementales. D'après elle, il est difficile de se rendre compte de l'ampleur des dégâts à l'échelle humaine, car ils sont très émiettés sur tout le territoire.

"On a l'impression qu'un petit bois disparaît mais on a l'impression que les grandes étendues forestières restent bien là. C'est parce qu'on les entame petit à petit et de manière émiettée. Mais tout mis ensemble, ça commence à sauter aux yeux", explique Hélène Ancion.

"A l'échelon local, on enlève un ou deux hectares et ça ne paraît pas très important. Mais si on fait le cumul de tous les espaces qui, annuellement, basculent de zones forestières agricoles ou naturelles vers des milieux plus anthropisés (ndlr: qui s'éloignent de la naturalité), ça fait des montants beaucoup plus significatifs à l'échelle de la région", confie Juan de Hemptinne.

On n'est pas contre l'immobilier en soi, on est contre cette forme d'immobilier qui existe

Une première cause à pointer du doigt serait l'urbanisation. Les terrains bâtis et connexes ont augmenté leur superficie: 257.252 hectares aujourd'hui contre 221.136 en 2000.

Selon Inter-Environnement Wallonie, si on veut sauver ce qu'il reste, il est urgent de revoir l'habitat et de privilégier les rénovations de bâtiments existants plutôt que de construire à tour de bras de nouveaux quartiers. "On supprime des activités humaines, comme l'agriculture ou les bois, ou bien on supprime des activités animales, qui normalement nous aident et qu'on a complètement niées. C'est là qu'à Inter-Environnement Wallonie insiste. On n'est pas contre l'immobilier en soi, on est contre cette forme d'immobilier qui existe", réagit Hélène Ancion.


La Société royale forestière se veut rassurante

D'après la Société royale forestière de Belgique, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Le plus gros de la déforestation n'est pas due à l'urbanisation, mais à la création bénéfique d'espaces naturels ouverts.


 

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