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"Mon rêve de devenir prof de morale tourne au cauchemar": Laetitia adresse un courrier à Joëlle Milquet

"Mon rêve de devenir prof de morale tourne au cauchemar": Laetitia adresse un courrier à Joëlle Milquet
 
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Le 12 mars, la Cour constitutionnelle a déclaré les cours de morale et de religion non obligatoires. Un "coup de massue" pour Laetitia. Cette étudiante en deuxième année en français-morale se demande si elle pourra enseigner la matière qu’elle étudie, et elle adresse une lettre à Joëlle Milquet. Laetitia confronte la ministre de l’Education à son angoisse et ses inquiétudes à propos des cours de morale et de citoyenneté.

Il y a une dizaine de jours, un arrêt de la Cour constitutionnelle a rendu les cours de religion et de morale facultatifs. Une décision qui angoisse Laetitia. "Comment s’imaginer que la formation que nous avons entamée ne nous servira finalement à rien?", s’interroge cette étudiante en deuxième année de bachelier en français-morale. Via la page Alertez-nous, elle nous a fait part de ses inquiétudes et de sa colère dans une lettre destinée à Joëlle Milquet. Nous avons interpellé la ministre de l’Education. Voici toutes les réponses aux questions des étudiants, des professeurs, et des parents.


"Enseigner a toujours été une vocation. La pilule est dure à avaler"

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Laetitia s’est inscrite à la Haute Ecole Charlemagne de Liège il y a deux ans. Son objectif: enseigner. "Le métier d’enseignant a toujours été une vocation pour moi, un idéal", explique-t-elle. "Je veux être un professeur combatif, pour qui l’apprentissage et le développement de ses élèves est une priorité", ajoute la jeune femme.

Alors qu’elle est aujourd’hui à la moitié de sa formation, l’arrêt rendu par le Cour constitutionnelle a remis en questions les projets de Laetitia. "Mon rêve prend la tournure d’un cauchemar", explique-t-elle. Les mots sont forts, et révèlent sa profonde inquiétude. Depuis plusieurs jours, une multitude de questions la tourmentent. "Comment les politiciens peuvent nous annoncer que nos études ne nous permettront pas de donner cours de morale? En quoi consiste le cours de citoyenneté? Serons-nous aptes pour l’enseigner?", se demande-t-elle.

La jeune femme a commencé son stage dans une école ce lundi, et elle aimerait savoir si cela en vaut la peine. "Pourquoi devrais-je peaufiner mes leçons de morale pour entraîner la réflexion de mes élèves, vu que ce cours sera supprimé à la rentrée prochaine?", s’interroge Laetitia.


Le cours de morale n’est pas supprimé

Face à l’inquiétude et aux interrogations, le ministère de l’Education se veut rassurant. "Les cours de morale et de religion ne sont absolument pas supprimés", explique Olivier Laruelle, attaché de presse de la ministre de l’Education. Ce dimanche, sur le plateau de Controverse, Joëlle Milquet a rappelé le cadre légal qui règlemente ces cours. "La Constitution oblige les écoles de l’enseignement officiel à proposer des cours de religion et de morale", a expliqué la ministre CDH.


Comment demander une dispense pour les cours de morale et de religion ?

A partir de la prochaine rentrée scolaire, les parents d’élèves de l’enseignement officiel pourront demander une dérogation pour les cours de morale et de religion. "Concrètement, il s’agit d’un courrier que les parents adressent à la direction de l’école, sans devoir motiver leur demande", explique Olivier Laruelle. "Le cours de morale ne devient donc pas une option qu’on peut choisir de cocher ou non sur une feuille en début d’année. Il faut effectuer une démarche personnelle pour chaque élève", tient à ajouter le porte-parole. En Flandre, il est possible de demander une dispense depuis plus de dix ans. Un choix que très peu de Flamands ont fait. Au total, seulement 0,5% des élèves ont demandé une dispense pour ces cours.


Le cours de citoyenneté ne remplace pas celui de morale

Les cours de religion et de morale restent donc d’actualité. Mais ils seront organisés différemment. Pour l’instant, ces matières sont données à raison de deux heures par semaine. "A la rentrée scolaire de 2016, il n’y aura plus qu’une heure de religion ou de morale, et un cours de citoyenneté sera organisé durant l’heure qui est libérée", précise Olivier Laruelle. "Il n’y a donc aucun changement pour la rentrée de 2015. Mis à part que les parents peuvent demander une dispense pour les cours de morale et de religion", ajoute l’attaché de presse.


En quoi consistera ce cours de citoyenneté ?

Le projet de cours de citoyenneté est toujours dans les cartons du ministère de l’Education. Il n’est pas encore possible de préciser exactement quelle forme prendra cette discipline. Ce qui est sûr, c’est qu’elle sera enseignée de la première primaire à la sixième secondaire. "Le cours abordera les valeurs démocratiques, l’interculturalité, les questions de société et de santé. Il proposera aussi une histoire comparée des religions", a expliqué Joëlle Milquet dans les grandes lignes.


Aucun changement dans l’enseignement libre

L’arrêt de la Cour constitutionnelle ne s’applique pas pour les écoles du réseau libre. Il ne sera donc pas possible de demander une dispense pour le cours de religion dans ces écoles. "Et concernant la nouvelle matière liée à la citoyenneté, elle ne sera pas organisée dans l’enseignement libre", ajoute Olivier Laruelle.


Les professeurs et étudiants devront-ils refaire des études ?

L’arrivée du cours de citoyenneté, et les cours de religion et morale devenus facultatifs, changent finalement peu de choses pour les enseignants. "Les deux matières sont différentes. Mais les professeurs de morale seront tout à fait capables de donner le cours de citoyenneté", affirme Olivier Laruelle. "Des formations de quelques jours seront organisées pour cette matière spécifique. Comme c’est déjà le cas chaque année pour toutes les matières dans le cadre de la formation continue", ajoute-t-il.

Laetitia peut donc aborder son stage et la fin de ses études avec sérénité. La matière pour laquelle elle étudie existera toujours lorsqu’elle sera diplômée, et sa formation devrait lui permettre de l’enseigner avec la même passion qui l’a poussée à réaliser des études d’enseignante.


 

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