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Le blues des militaires: "C'est difficile de récupérer une place dans la famille, on a l'impression d'être toujours en transit"

Le blues des militaires: "C'est difficile de récupérer une place dans la famille, on a l'impression d'être toujours en transit"
 
 

Après plus d'un an en patrouille dans les rues belges pour l'opération Homeland, les militaires sont de retour à l'entraînement. Depuis une semaine, des hommes basés à Spa sont en République tchèque pour des exercices militaires. En exclusivité pour RTLinfo, notre journaliste Frédéric Moray les a suivis jusqu'à Boletice.

Depuis la semaine passée, les hommes du bataillon du 12e et 13e de ligne de Spa sont en manœuvre à Boletice, en République Tchèque.


Un peloton se déploie dans la lande pour déloger des ennemis repliés

Notre journaliste Frédéric Moray a assisté à un exercice impliquant un peloton de quarante hommes déployés dans la lande. Leur objectif est d'identifier et déloger les ennemis repliés sur la colline d'en face. Le lieutenant qui commande le peloton est sorti il y a plus d'un an de l'école militaire. C'est pourtant la première fois que Florian dirige une manœuvre. De son propre aveu, lui et ses hommes manquent de préparation. "Certaines carences ont été observées. C'est bien sûr dû au fait qu'on manque de manœuvre et d'exercice à cause de toutes les opérations qu'on mène en Belgique. Deux semaines comme celles-ci permettent de retravailler la base et progresser", confie-t-il.
Concrètement, le commandant Pierre Brennet remarque que "les soldats ont tendance à rester trop groupés, un manque de coordination se fait sentir dans le rappel des véhicules, la gestion des différentes armes et de leurs distances de tir est moins efficace".



Le Général-Major Deconinck: "On doit reprendre tout à la base, on a quasi perdu un an"

Ce voyage en République tchèque est la première manœuvre à l'étranger depuis deux ans, en raison de l'opération Homeland. Normalement, ce type d'entraînement doit avoir lieu 3 à 4 fois par an. L'Etat-Major de l'armée tient le même discours que le lieutenant interrogé par Frédéric Moray: il déplore une perte de savoir-faire et prévient d'un risque de manque d'efficacité lors d'un prochain engagement à l'étranger.

Pour le Général-Major Jean-Paul Deconinck, le patron de la composante Terre de l’armée belge, il est temps de réduire la mobilisation de ses hommes pour l’opération Homeland. Elle met, selon lui, en péril le savoir-faire de nos soldats et leur engagement dans des conflits à l’étranger.

 

"On a l'impression d'être systématiquement en transit"

Outre le manque d'efficacité sur le terrain, l'autre effet du déploiement dans les rues belges est d'ordre privé. L'armée enregistre un taux record de séparations et de divorces parmi ses hommes. Le poids de l'incertitude lié à l'engagement dans les rues renouvelés de mois en mois. Les soldats, eux, préféreraient des départs moins répétés, même s'ils sont plus longs. "Quand vous revenez une semaine ou deux, puis vous repartez deux semaines, le départ est sans cesse. Et quand vous revenez il faut se réhabituer, se réinsérer dans la vie de famille. Du coup c'est difficile de récupérer une place dans la famille, on a l'impression d'être systématiquement en transit", explique un militaire.


 

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