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LA QUESTION DU JOUR: mais que revendiquent exactement les syndicats du rail?

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Le premier des deux jours de grève sur le rail a fortement perturbé le trafic ferroviaire ce mercredi, essentiellement en Wallonie. A l'heure de pointe du matin, seuls 15% des trains roulaient en Wallonie. Le mouvement était encore mieux suivi à l'heure de pointe du soir avec entre 8%, selon la SNCB, et 13%, selon Infrabel, de trafic assuré au sud du pays. La Flandre a été relativement épargnée. Ce mouvement de grogne a provoqué l’exaspération des navetteurs. Les Belges se demandent pourquoi, une fois de plus, les cheminots (uniquement francophones cette fois-ci) ont débrayé. Voici la réponse.

"J'ai beau chercher sur la toile, je ne trouve nulle part une explication détaillée du mécontentement des cheminots, ni le relevé des mesures mises en place par la ministre Jacqueline Galant, et encore moins quelle fut la pierre d'achoppement lors des pourparlers précipitant les grèves actuelles", nous dénonçait Stéphane ce midi via notre page Alertez-nous.

Pour répondre simplement à ces questions:

1) Les revendications des syndicats existent et sont disponibles sur le net, comme cette fiche reprenant ce que dénonce la CGSP Cheminots.

2) Le fameux plan stratégique de modernisation des opérateurs ferroviaires belges de la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant est également disponible online.

3) Quant à ce qui a bloqué lors des pourparlers entre syndicats et ministre, c’est simple et compliqué à la fois: il n’y a pas réellement eu de négociation sur le fond. En effet, et le Premier ministre Charles Michel l’a rappelé encore ce matin, "le plan de modernisation de la SNCB adopté par le gouvernement fédéral n'est pas négociable". Ce qui l’est, ce sont "les modalités d'exécution de celui-ci et certaines exceptions". La forme donc. Ce qui n’est simplement pas une marge de négociation suffisante pour les syndicats.


Les raisons invoquées par Jacqueline Galant sont bien passées auprès de la population

L’avis du gouvernement, comme quoi les cheminots bénéficient d’un régime de faveur historique qui empêche la SNCB de mieux fonctionner, est lui bien passé auprès de la population. "On entend plein de choses comme leur horaire hebdomadaire de 36 heures et non 38 heures, la pression sur le personnel (laquelle?), on parle d'avantages quasi féodaux des cheminots, …", rappelait encore Stéphane. "Mais rien de très concret. Il serait peut-être temps d'exposer clairement aux braves pommes de citoyens que nous sommes la nature réelle et profonde des revendications", nous demandait-il.


"La pire attaque depuis que je suis à la SNCB"

Pour ceux qui ont cliqué sur le lien vers la fiche de la CGSP ci-dessus, ils l’ont constaté: la liste de ces revendications est longue. Pas moins de 21 points sont repris! Nous allons donc en développer les plus importants ci-dessous, en commençant par le témoignage de François, un cheminot liégeois de 36 ans qui a aussi trouvé notre page Alertez-nous très utile … "Quand j’écoutais la radio, je n’ai entendu que des gens embêtés et qui se plaignent. Ils estiment que la grève ne sert à rien. Mais en tant que travailleur, je dis qu’elle sert à quelque chose, pour garder nos acquis et préserver l’engagement au lieu de supprimer des postes."

"C’est la pire attaque qu’on ait vécue depuis que je suis à la SNCB", résume-t-il pour justifier cette grève de 48h, sans compter les 72h prévues en février. François travaille dans l’atelier de Kinkempois de la SNCB Technics. Il y est notamment responsable de l’entretien, de la réparation et de la rénovation des automotrices. "Nous prestons réellement 40 heures semaines alors que le régime est de 36 heures. Et à présent avec la nouvelle mesure, en cas d’absence prolongée, on va nous supprimer une partie de nos récupérations, ce que je n’accepte pas", dénonce-t-il.


Des flexibilités d'horaires qui fâchent

Il met également d’autres mesures en avant. Il y a le passage à des prestations de plus de 9 heures pour les postes opérationnels et même de 12 heures pour des prestations du personnel des cabines de signalisation du trafic ferroviaire. Il épingle encore la réduction du temps de repos des conducteurs entre deux services, "au nom de la productivité mais au détriment de la sécurité. Par exemple, un conducteur qui a fini son service à 23h ne peut normalement pas reprendre le lendemain avant 5h du matin. Mais maintenant, avec la réforme, il devra reprendre le service à partir de 4h", ajoute-t-il. "On a eu assez d’accidents sur les chemins de fer. Faire grève, c’est montrer au public qu’on fait attention à leur sécurité et non pour ennuyer les étudiants en examen."


Quatre grands points qui braquent les syndicats

Dans le RTLINFO 13H, Frédéric Delfosse et Eric Poncelet ont résumé en 4 points ce qui fâche le plus les syndicats. Les voici détaillés:

1) L’emploi

Les syndicats refusent d’accepter la diminution du nombre de postes de travail prévue par le plan. D’ici 2020, 10.000 cheminots partiront à la retraite, mais seulement 4.000 personnes seront engagées. Soit une diminution d’effectifs de 6.000 postes. "1300 engagements contre 1700 départs chaque année", expliquait un membre de la CSC. "Quand on vous dit qu’on va supprimer 20% d’accompagnateurs de train, les gens se posent des questions", ajoutait un CGSP.

2) La productivité

Autre point qui fâche les syndicats : la réduction du nombre de jours de récupération prévue… alors que certains agents aujourd’hui n’arrivent déjà pas à prendre leurs jours de repos. "On est occupés à augmenter notre productivité. Moi j’ai presté le mois passé 48h par semaine. J’entends un monsieur qui est parlementaire régional du MR dans le journal face à M. Abdissi (Michel Abdissi, le président national de la CGSP Cheminots, ndlr) qui dit que les cheminots prestent 35h semaine. Mais que ce monsieur vienne m’accompagner", lançait encore le syndicaliste CGSP.

3) L’absence de concertation

Troisième problème, et de taille, pour les syndicats : le dialogue social qui est au point mort. La direction de la SNCB décide en effet de ses mesures sans concertation avec les syndicats. « C’est bloqué. C’est toujours en sens unique. La ministre le dit clairement : mon plan stratégique existe, il sera appliqué, je veux bien en discuter avec vous mais point à la ligne. On ne peut pas accepter ce genre de choses », rappelait encore un membre de la CGSP.

4) La reconnaissance des syndicats

Enfin, la ministre Galant prévoit de nouvelles règles pour reconnaitre les syndicats au sein de la SNCB. Aujourd’hui, seuls les syndicats qui représentent au moins 10% du personnel peuvent siéger dans les instances. Demain, ce seuil sera revu à la baisse.

Le bras de fer entre la ministre et les syndicats n'est pas prêt d'être terminé...


 

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