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La perte de pouvoir d’achat chiffrée pour des centaines de milliers de travailleurs: cet économiste a fait le calcul

 
 

L’économiste Philippe Defeyt était l’invité de la matinale de Bel RTL. Interrogé par Fabrice Grosfilley, il donne des éléments pour mesurer la perte de pouvoir d’achat de certains travailleurs et plaide pour des mesures plus ciblées pour aider les personnes qui en ont le plus besoin, notamment la classe moyenne inférieure, "les véritables perdants" de cette crise, selon lui.

Pas de doute pour l’économiste à l’Institut pour le développement durable, la baisse du pouvoir d’achat est une réalité, particulièrement pour tous les travailleurs qui n’ont pas encore été indexés. "Même pour ceux qui bénéficient d’une indexation, c’est le salaire brut qu'on indexe mais le net n’évolue pas aussi vite que le brut, autrement dit vous pensez que votre pouvoir d’achat est protégé mais il n’est protégé qu’en partie", précise-t-il. Il ajoute que les factures d’énergie prennent une telle place que des personnes doivent renoncer à des dépenses (vacances, achats,… ), c’est nouveau et c’est un bouleversement du budget du ménage.

Peut-on mesurer la perte du pouvoir d’achat ?

Par exemple, pour un travailleur qui n’a pas encore été indexé en 2022, cela concerne plusieurs centaines de milliers de travailleurs en fonction de leur commission paritaire (et ils seront indexés en 2023). Il a, depuis juillet 2021 (moment où la crise énergétique a commencé), perdu 7 % de pouvoir d’achat. "C’est comme si quelqu’un avait 3.000 euros, et on lui retire 210 euros, les gens hurleraient et bien c’est ce qui s’est passé pour une série de travailleurs".

Et pour ces travailleurs pas encore indexés, l’indexation automatique en janvier aura l’avantage "de remettre les compteurs à zéro, mais la perte de pouvoir d’achat qui s’est accumulé pendant l’année ne sera pas rattrapée".

L’économiste qui a fait partie du groupe d’experts qui a conseillé le gouvernement fédéral au début de la crise souligne que cette crise ne touche pas tout le monde de la même manière : "Il n’y a pas un ménage qui ressemble à un autre. Est-ce que vous avez des panneaux solaires ? Une maison isolée ? Est-ce que vous êtes locataire ou propriétaire ? Est-ce que vous avez un emprunt ? Est-ce que vous avez une voiture de société et une carte essence ?". Certaines personnes gagnent du pouvoir d’achat pour le moment. Le problème, c’est qu’on a mis en place "des mesures qui aident aussi ces personnes-là, qui n’en ont pas vraiment besoin. Ce qui empêche d’aider plus, ceux qui sont les véritables perdants de cette crise énergétique, c’est la classe moyenne inférieure".

Une mesure à demander au Premier ministre

L’économiste pointe l’une des mesures préconisées à l’époque par le groupe d’experts : une indexation plus fréquente des barèmes fiscaux. "En période de basse inflation, on ne le voit pas mais en période de forte inflation, le fait que les barèmes fiscaux ne soient pas indexés en cours d’année fait que c’est le brut qui est indexé mais le net évolue moins vite que le brut". Pour simplifier, notre précompte est toujours sur l’ancien système et "c’est une perte de pouvoir d’achat importante". Changer les barèmes fiscaux, plus souvent, "au moins deux fois par an", serait une vraie innovation, dit-il.

Si Philippe Defeyt avait le Premier ministre en face de lui, quelle mesure lui demanderait-il en priorité ? "Il faut faire en sorte que quand on bénéficie du tarif social, on ne le perde pas du jour au lendemain simplement parce qu’on gagne un euro en plus. C’est ce qu’on appelle l’effet de seuil. Il faut faire en sorte qu’on ne passe pas de tout à rien".


 

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