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L'odeur des champs s'invite en ville et surprend des Bruxellois: "Ça pue la bouse de vache"

L'odeur des champs s'invite en ville et surprend des Bruxellois: "Ça pue la bouse de vache"
 
 

Depuis quelques jours, certains habitants de Bruxelles sont surpris par une odeur nauséabonde. L'épandage des agriculteurs situés en Flandre est très probablement à l'origine du phénomène. Par ailleurs, il provoque une augmentation des particules fines dans l'air.

En plein confinement, bon nombre de Bruxellois se réjouissent à la simple idée d'ouvrir grand leurs fenêtres, de s'aérer sur un petit balcon, une terrasse ou de profiter de leur jardin. Mais pour certains, ce bol d'air frais n'en est pas un. Via le bouton orange Alertez-nous, plusieurs Bruxellois expliquent la désagréable surprise qu'ils ont eue en mettant le nez dehors. "Ca sent les excréments de vache", décrit Dave via le bouton orange Alertez-nous. "J'ai remarqué ça hier à 18h en allant faire mes courses, explique Yasmine, une habitante de Schaerbeek. On se serait crus à la ferme". "Ça pue hyper fort", abonde Luca, habitant d'Anderlecht.

Renseignements pris auprès de FUGEA, le syndicat d'agriculteurs, la Belgique est en pleine période d'épandage. Ceci expliquerait donc cela. "C'est l'une des périodes de l'année où les agriculteurs épandent le fumier sur leurs prairies et/ou cultures, confirme Sabine De Coster, secrétaire générale administrative. On est en plein dedans".

L'épandage dégage de l'ammoniaque qui engendre une pollution dans l'air

Mais selon certains témoins, il n'était pas uniquement question de mauvaise odeur. "Quand j'ai ouvert la fenêtre, ça m'a piqué les yeux, affirme Zahra, habitante de Molenbeek. J'ai aussi eu fort mal à la tête. Et ça s'était déjà produit lors de la première semaine du confinement".  L'épandage serait-il responsable des troubles ressentis par cette Molenbeekoise? Difficile à dire. En tout cas, l'épandage provoque une dégradation de la qualité de l'air. "En dégageant de l'ammoniaque, l'épandage accroît le niveau des particules fines et augmente alors la pollution dans l'air", éclaire le professeur Philippe Baret, doyen et professeur à la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain.

En effet, depuis quelques années, les études montrent un pic de particules fines lié à l'épandage au mois de mars à Bruxelles. "Les études à ce sujet sont assez récentes, précise Philippe Baret. Mais aujourd'hui on sait que lorsque les agriculteurs flamands procèdent à l'épandage, l'air de Bruxelles s'en retrouve vicié. Quant aux odeurs, elles sont perceptibles principalement au nord, car de l'autre côté, la forêt de Soignes fait barrage. L'ensoleillement, les vents et tout un tas de paramètres jouent également".


Une pollution observée sur tout le pays

Mais samedi, cette pollution ne concernait pas seulement Bruxelles. "On a effectivement observé des montées de concentration de particules fines assez élevées dans tout le pays, confirme Philippe Maetz, de la Cellule Interrégionale de l'Environnement (Celine) chargée de surveiller la qualité de l'air. A Bruxelles, les montées étaient beaucoup plus faibles que dans le reste du pays. En Flandre et en Wallonie elles étaient plus importantes et ont chuté en début de soirée. Ce dimanche, la situation est revenue à la normale".

 
Epandre du fumier sans polluer, c'est possible

Selon le professeur Philippe Baret, il existe un moyen de préserver l'épandage tout en éliminant la pollution de l'air et les mauvaises odeurs : l'enfouissement des engrais. "En général, les agriculteurs déposent le fumier en surface, mais il est possible de l'enfouir dans le sol", révèle-t-il. Problème? "Cela exige d'autres machines et une tout autre organisation pour les agriculteurs, souligne le professeur. En France, ils tentent de prendre des mesures en ce sens, mais rien ne serait attendu avant 2030".


 

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