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Est-ce vraiment une bonne idée de plafonner les prix comme le fait la France? "Une protection bien moindre que celle qu'on a en Belgique"

 
 

Le bureau du plan vient de sortir ses prévisions annuelles, soit une inflation de 9,4 % pour 2022. Cela va entraîner une autre inflation en 2023, de 6,5%, et donc une augmentation de l'indice santé et de l'indice pivot. Conséquences ? Il y aura 4 dépassements de l'indice pivot, ce qui va conduire à une indexation des salaires et des allocataires sociaux. Une première augmentation est prévue dès les mois d'octobre et décembre en 2022. Et puis, une autre augmentation est attendues en 2023, en février et en juillet. Pour nous éclairer sur cette actualité, Charlotte de Montpellier, économiste au sein de la banque ING, a répondu à nos questions dans le RTL INFO 19h de ce mardi soir.

Des indexations successives aussi rapprochées, c'est assez inédit. "Depuis que le système actuellement en vigueur existe, c'est-à-dire depuis le début des années 90, c'est clairement inédit", nous confirme notre interlocutrice. Nous avons déjà connu, au cours des derniers mois, 4 dépassements de l'indice pivot. Et selon les estimations du bureau du plan, nous allons encore en connaître 4 dans les prochains mois. "D'habitude, on en a une, voire deux très rarement. Et beaucoup d'années, on n'en a pas du tout."

Pour ce qui est des perspectives, cela dépend évidemment d'hypothèses sur l'évolution des prix, notamment les prix de l'énergie qui varient très fortement en ce moment. Ce n'est pas encore sûr à 100 % que nous connaîtrons ces dépassements, mais même sans ça, nous sommes actuellement "dans une situation tout à fait exceptionnelle. Aussi rapproché, ça n'est jamais arrivé depuis que le système actuel est en vigueur", insiste Charlotte de Montpellier. 

Bien qu'il s'agisse d'hypothèses, quelles sont les limites de ce système ? 

Le système actuel de l'indexation a le mérite de très bien protéger les travailleurs, les allocataires sociaux. Bien mieux que dans tous les pays voisins. C'est évidemment un avantage certain, mais il y a des limites à ce système, notamment le fait que c'est hétérogène. Tout le monde n'est, par exemple, pas indexé en même temps. Certaines personnes doivent en effet attendre le mois de janvier pour être indexées, nous explique l'économiste chez ING. Cela veut dire qu'ils n'ont plus eu leurs salaires ou leurs prestations sociales indexés depuis janvier 2022. 

Il y a aussi des limites dans la mesure où le système se base sur un indice moyen. Tout le monde ne ressent donc pas l'inflation comme la moyenne. Pour certains, l'inflation est plus élevée, pour d'autres, elle est plus faible. L'indexation est évidemment proportionnelle aux salaires. Il y a plus de hausses de salaire pour les très hauts salaires que pour les plus bas salaires. Cela représente aussi un coût très important pour les entreprises, qui sont déjà confrontées à des hausses importantes de leurs factures énergétiques. C'est donc difficile pour leur compétitivité. "Mais cela n'empêche qu'on a un système qui protège bien mieux en Belgique que dans les pays voisins les consommateurs et le pouvoir d'achat", ajoute-t-elle.

Existe-t-il d'autres options possibles pour amortir cette inflation ? Par exemple, le plafonnement de certains prix comme le fait la France ?

En France, ils ont décidé de mettre un plafonnement du prix du gaz et l'électricité. Il s'agit d'un plafonnement pour les consommateurs. Cela veut dire que c'est le gouvernement qui finalement paie la facture. Cela a un coût très important pour les finances publiques : 24.000 d'euros, c'est-à-dire 1% du PIB. Attention que ça ne permet pas d'annuler complètement l'inflation. Elle a été 3% plus faible que sans ce mécanisme, mais on a quand même une inflation autour des 6%. Cela veut dire que comme les salaires ne sont pas tous indexés, les travailleurs, les allocataires sociaux en France perdent en pouvoir d'achat de l'ordre de 6%. Il y a quand même une protection qui est bien moindre que celle qu'on a en Belgique.


 

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