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Des manuels de formation des imams jugés violents et haineux: députés et islamologues dénoncent l'influence de l'Arabie Saoudite

 
 

Ce mardi, RTLinfo vous révélait un document confidentiel de l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) sur la formation des imams et des professeurs de religion islamique en Belgique. Ce mercredi, les conclusions présentées dans le document interpellent les députés de la Chambre, comme des professeurs de religion islamique qui dénoncent le rôle de l'Arabie Saoudite. L'enquête de Jean-Pierre Martin et Thomas Decupère.

Tous les manuels destinés à la formation des imams par la grande mosquée sont des ouvrages répandus à des millions d’exemplaires dans le monde. L'islamologue Michaël Privot les connaît bien: il a dû les étudier pour devenir professeur de religion islamique. "J'ai découvert le livre La voie du musulman dans les années nonante. J'avais passé des examens pour devenir professeur de religion islamique. Ils étaient organisés par l'Exécutif des musulmans de Belgique. Donc le livre faisait partie de la littérature à devoir étudier pour devenir professeur de religion islamique", confie M. Privot, qui est aussi collaborateur scientifique de l'Université de Liège.

Si on la met en contraste avec les valeurs qui sont portées par nos sociétés, c'est extrêmement problématique

A travers ces ouvrages, inoffensifs en apparence puisqu’ils étaient aussi distribués aux familles, l’Arabie Saoudite a diffusé une vision du monde qui nourrit la haine et divise les sociétés. "C'est ce que je dénonce depuis un certain nombre d'années. C'est la façon dont ces écrits, couplés aux émissions de télé et aux sermons, racontent un certain nombre de choses sans se rendre compte de ce qu'il y a finalement derrière. On finit par développer une certaine vision du monde au sein des communautés musulmanes, qui paraît d'une banalité sans nom alors que si on la met en contraste avec les valeurs qui sont portées par nos sociétés, c'est extrêmement problématique", explique Michaël Privot.

C'est extrêmement violent ce qu'il y a dans ces manuels

Le contenu des manuels ne pourrait pas être reproduit ici. Leur violence, selon des députés, justifierait des poursuites judiciaires. "J'ai été fortement impressionné par la lecture de ce rapport. On se trouve face à des cas d'incitation à la haine, à l'antisémitisme, à la xénophobie, à l'homophobie, à la violence. On est sur un terrain qui relève du criminel", souligne le député fédéral Richard Miller.

"Il y a même des appels au meurtre, pour être clair. À l'égard des homosexuels, à l'égard des juifs, mais aussi à l'égard des Alaouites, des Druzes… même de tous les musulmans qui ne correspondraient pas aux rites wahhabites et salafistes. C'est extrêmement violent ce qu'il y a dans ces manuels", estime Georges Dallemagne (CDH), député fédéral.

L’Arabie Saoudite est en cause mais il semble bien difficile de s’attaquer à sa puissance. "Il n'est plus acceptable qu'une puissance étrangère, ici l'Arabie saoudite, puisse financer le culte dans notre pays. C'est tout à fait impossible, il faut y mettre fin et c'est ce que nous sommes en train de faire. Il est temps d'encourager une autre vision de l'islam", lance Gilles Vanden Burre (Ecolo), député fédéral.

"Il y a effectivement des risques qu'ils tentent, par un canal parallèle, à continuer ce type de formation, donc nous devrons y être attentifs", ajoute Stéphane Crusnière (PS), député fédéral.


Le CICB, soutenu par l'Arabie saoudite, pourrait continuer en dehors de la grande mosquée

En application des recommandations de la commission d'enquête, le gouvernement fédéral a annoncé en mars la rupture de la convention entre l'Etat belge et la Ligue islamique mondiale, institution gérée et financée par l'Arabie saoudite, pour la mise à disposition de la Grande Mosquée du Cinquantenaire au Centre Islamique et Culturel de Belgique (CICB).

"Dans le scénario où le CICB quitterait effectivement les bâtiments symboliques de la Grande Mosquée de Bruxelles, il y a lieu de tenir compte du fait qu'ils entendront poursuivre leurs activités ailleurs en Belgique", avertit l'OCAM.

L'un des dirigeants du Centre ne s'en est d'ailleurs pas caché lors d'une visite au Centre islamique de Tilburg aux Pays-Bas: il leur suffira de louer un lieu ailleurs à Bruxelles, ont indiqué des sources au sein de la commission d'enquête.

La semaine prochaine, les députés entendront à huit clos les analystes de l’OCAM qui ont rédigé ce rapport.


 

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