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Des manifestants poursuivent les blocages en Wallonie: plusieurs stations sont vides

  • Carburants: se dirige-t-on vers une pénurie de carburant en Wallonie ?

  • "Je pense qu''il n''y a pas lieu de paniquer en Belgique"

  • "J''ai voulu prendre de l''Euro 95 et la pompe est vide"

 
 
 

Quelques pompes à essences commencent à être vides en Wallonie. Le blocage des dépôts pétroliers par les gilets jaunes depuis vendredi provoque quelques répercussions en Wallonie. Christophe Clément, Julien Raway et Alain Hougardy se sont rendus dans plusieurs stations-services de la région de Namur et de Liège pour le RTL INFO 13H.

Se dirige-t-on vers une pénurie de carburant en Wallonie ce lundi? C'est la question que se posent certains conducteurs alors que des manifestants ont poursuivi leurs actions de blocage. Trois dépôts de carburant étaient bloqués ce matin vers 8h: à Feluy, Wandre et Wierde. Dans la matinée, nous avons appris que le dépôt de Wandre avait été libéré. Celui de Feluy a également été levé en début d'après-midi après l'intervention de la police. Quant au dépôt de Wierde, qui fournit l'industrie mais pas les stations-service, les gilets jaunes bloquent les camions de gasoil routier mais laissent passer les camions de gasoil de chauffage.

Pour l'instant, Total Belgium ne souhaite pas faire arrêter le blocage du dépôt de sa filiale Proxifuel à Wierde (Namur), indique lundi son porte-parole, Pascal de Crem. Les "gilets jaunes" ne devraient donc pas être inquiétés.

Pour la société pétrolière, le site n'est pas stratégique dans la mesure où les cuves ne contiennent que du mazout de chauffage (80% du volume environ), du gasoil extra et du diesel destiné à des clients industriels. "Nous ne comprenons d'ailleurs pas bien pourquoi ils contrôlent l'accès à ce dépôt car il n'est pas destiné à l'approvisionnement des pompes à essence", précise M. de Crem.

Le porte-parole de Total ajoute que les cuves seront bientôt vides mais qu'aucun réapprovisionnement n'est prévu jusqu'à nouvel ordre. Le dépôt sera donc bientôt à l'arrêt. "Nous avons d'autres solutions pour livrer nos clients et pour le moment nous nous concentrons sur les dépôts où est stocké du carburant routier, destiné aux pompes", a-t-il indiqué. Total se réserve néanmoins le droit de faire ordonner ultérieurement aux manifestants namurois de quitter l'entrée du site, sous peine d'astreintes.

A l'heure actuelle, les "gilets jaunes" autorisent les camions qui livrent du mazout de chauffage à entrer deux par deux. Leur chargement est systématiquement contrôlé, afin qu'ils ne transportent pas du carburant routier. Total ajoute qu'il n'y a pas de menace de chômage économique, même si les cuves sont vides. Le personnel administratif de Proxifuel prendra toujours les commandes mais les transfèrera vers d'autres sites. Celui dédié aux installations pourrait lui se consacrer à des opérations de maintenance.



Le blocage près du site Total à Feluy.

Aux portes de Namur, Christophe Clément et Julien Raway se sont rendus dans une station-service de Courrière. La station devait être ravitaillée en essence fin de semaine dernière. Mais c’était sans compter sur l’action des "gilets jaunes" qui paralyse le dépôt de carburant de Feluy.


Résultat : il n’y a plus d’Essence 95 et 98 dans les cuves, et un stock de Diesel qui diminue. "En essence, je n’ai plus rien et en gasoil, il reste 4.300 litres", constate Edmond Labye, le gérant d’une station-service, au micro de Christophe Clément.


Des pompes vides dans les provinces de Namur, Liège et de Hainaut 

S’il n’était pas livré dans les prochaines heures, ce commerce pourrait provisoirement fermer ses portes. A eux seuls les produits du magasin ne rapportent pas suffisamment. "Ce soir, on va peut-être fermer la station. On n’a pas le choix, on attend", commente le gérant.

Dans la région liégeoise également, certains types de carburant manquent dans plusieurs pompes, notamment à Beaufays (Chaudfontaine).

"J’ai voulu prendre de l’Euro 95 et la pompe est vide. C’est déjà la deuxième pompe que je fais et je vais en chercher une troisième", déclare une dame. "Je viens mettre un peu de diesel dans la voiture de mon fils et je me rends compte que le diesel classique il n’y en a plus, et donc je suis obligée de mettre du V-Power qui est encore plus cher", note une autre cliente.

Nous nous sommes également rendus ce matin dans une station-service de Chênée. Vers 8h, en pleine heure de pointe, de nombreux Liégeois voulaient faire le plein de leur véhicule. Certains conducteurs ne prêtaient pas du tout attention aux blocages. D'autres, en revanche, nous ont confié avoir peur d'une pénurie, et ont donc préféré remplir leur réservoir au cas où.

Les automobilistes prévoyants ont peut-être des raisons pour se prémunir. Car l'employé de la station-service de Chênée où nous avons été a expliqué que les cuves n'avaient plus été approvisionnées depuis vendredi. Il y a donc un risque pour les prochains jours, ou peut-être même pour les prochaines heures, de ne plus pouvoir faire le plein à cet endroit. L'employé se veut cependant rassurant. Les camions n'ont plus accès au dépôt de Wandre, mais il indique que cela n'est pas grave car ils peuvent toujours se rendre en Flandre ou à Bruxelles pour remplir leurs citernes et éviter une pénurie.

Dans le Hainaut, Nicolas nous a signalé via notre bouton orange Alertez-nous qu'il n'avait pas pu faire le plein à la station Shell de Seneffe. "J'ai dû aller à la Q8 Easy plus loin, et il y avait déjà beaucoup de voitures quand j'en suis parti", nous a-t-il confié. D'autres témoins nous ont fait part de stations en pénurie du côté de Liège. Ces perturbations ne devraient cependant être que temporaires (voir ci-dessous).


Peut-être des pénuries momentanées le temps de faire le transport... mais il n'y a pas lieu de paniquer

Combien de stations-services sont-elles en difficulté ? Difficile à estimer. Le Groupe Total se montre rassurant: il réorganise la distribution.

Selon Total, la pénurie de carburant n'est pas à l'ordre du jour, même si le mouvement devait durer plusieurs jours. "On ne parle pas de pénurie car les raffineries continuent à produire", a indiqué Pascal de Crem, porte-parole de Total Belgique. "Certaines stations sont peut-être à sec mais nous avons adapté notre logistique, ce qui peut parfois prendre du temps en termes de livraison. Mais il n'y a pas de souci à se faire dans le réseau des stations, il y a du produit".

Total a mandaté dès samedi des huissiers auprès des manifestants qui ont reçu des astreintes en cas de poursuite des blocages. "Nous avons utilisé des huissiers pour essayer de faire lever les blocages mais ce ne fut pas efficace et nous essayons de voir s'il existe d'autres moyens. Nous sommes ainsi en négociations avec les autorités locales", a poursuivi Pascal de Crem, confirmant que certains pompistes regrettent le manque de soutien de la police. "Nous n'agirons pas sans l'appui des autorités". Le porte-parole de Total insiste sur la volonté de l'entreprise pétrolière d'éviter tout dérapage et de faire preuve de toute la prudence voulue envers ses chauffeurs et ses dépôts notamment.

Dimanche, la fédération belge des négociants en carburant a indiqué qu'il n'y avait pas de risque de pénurie. Nous avons interrogé ce lundi matin Olivier Neyrinck, directeur de la fédération, pour lui demander s'il maintenait sa position. "Je persiste et je signe. Effectivement, nous avons toute possibilité pour aller chercher du carburant à d'autres endroits qu'à Wandre, Wierde ou Feluy. Il n'y a que la Wallonie qui subit ce mouvement citoyen. Donc Bruxelles, Anvers, Gand, Bruges, etc. sont toujours accessibles pour nos distributeurs. On mettra peut-être plus de temps, il y aura peut-être des pénuries momentanées qui dureront une heure ou deux, le temps de faire le transport. Mais il n'y a vraiment pas lieu de paniquer pour une éventuelle pénurie de carburant", a-t-il répondu.


 

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