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Coronavirus en Belgique: voici comment le CHU de Liège affronte la seconde vague de l'épidémie

 
 

Lucien Bodson, le responsable des urgences du CHU de Liège, était l'invité du RTL INFO 13H ce lundi. Il a répondu aux questions d'Alix Battard. 

Dans votre hôpital, combien de lits sont encore disponibles ?

"Très peu. Pour le moment, peut-être une douzaine, 7 ou 8 en soins intensifs, c'est vraiment notre dernière réserve, c'est ce qui nous oblige d'ailleurs dès aujourd'hui à rouvrir une nouvelle salle en espérant qu'on ait le personnel suffisant, puisqu'exactement comme je viens d'entendre chez nos collègues d'Erasme, il y a pas mal de personnel qui est OFF, donc on manque vraiment de bras, on manque de médecins, d'infirmiers, d'infirmières. Il faut savoir qu'on en parle rarement, mais le personnel d'entretien, nos brancardiers, nos kinésithérapeutes également, ce sont des personnes qui sont très importantes pour le bon fonctionnement et le bon management des patients, et là on a vraiment de gros ravages".

"Donc on a des problèmes de place, c'est sûr, mais c'est surtout des bras qu'il nous faut, si possible des bras qui ont été formés, qui ont été éduqués à la gestion de cas covid. Ce matin encore j'avais un confrère médecin généraliste qui m'écrivait pour me proposer ses services, mais en disant d'emblée, je suis pensionné, je peux venir aider mais je ne suis plus assuré... Ce n'est pas évident du tout mais on en a, des bonnes volontés qui ne demandent qu'à venir nous épauler. Je pense qu'au niveau fédéral, il est grand moment de se remuer et qu'on trouve le moyen de former très rapidement du personnel pour venir nous aider parce que les courbes le montrent, ça va continuer à monter pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, mais en tout cas plusieurs semaines et on aimerait, tout comme le confrère Van Laethem, ne pas arriver à 1000 lits ou plus de soins intensifs et 3000 ou 4000 de soins normaux, parce que là, tous les hôpitaux vont vraiment saturer". 

Par rapport au par rapport au mois de mars dernier, au début du premier confinement, qu'est-ce que vous ressentez comme plus grande différence?

"La grande différence, c'est d'avoir entre 15 et 20% du personnel en moins, c'est d'avoir du personnel qui est fatigué et ça, c'est quasi 100% du personnel et c'est d'avoir tous les autres patients à traiter puisqu'au mois de mars-avril, on a vidé des services entiers pour pouvoir prendre les patients covid en priorité, parce que là, on ne savait pas jusqu'où allait aller la courbe. Maintenant on ne peut plus se permettre de vider les services, donc de délaisser des patients non covid, de ne plus accepter des patients non covid sous prétexte qu'on recommence un pic. On doit pouvoir mettre tous les patients, tous les Belges, sur un pied d'égalité, qu'ils viennent pour une appendicite ou pour un infarctus ou pour le covid, ils doivent être sur un pied d'égalité. Là, on n'a plus assez de place et plus assez de personnel pour les gérer correctement, pour avoir une qualité de soins suffisants". 

Il n'y a pas des leçons qui ont été tirées dans les services hospitaliers? Des procédures, ou des réflexes qui vous permettent aujourd'hui d'être plus efficaces face à ce regain de l'épidémie? 

"En partie, vous avez raison, on a appris des choses évidemment depuis le mois de mars, c'est-à-dire à mieux prendre en charge les patients covid, ce qui veut dire que dans la balance entrants/sortants, on a des patients qui peuvent être stabilisés plus rapidement et qui peuvent regagner leur domicile plus facilement, ce qui libère à chaque fois évidemment de nouvelles places. Mais ce jeu permanent où on revérifie quasiment d'heure en heure entre les entrées et les sorties, c'est ça qu'on surveille, évidemment, mais en revanche les autres réflexe, la prise en charge etc, ça fait des années qu'on les connaît et qu'on les applique. Donc on sait ce qu'il faut faire, on sait ce qu'il manque, mais il y a des autorités au sommet de la pyramide qui elles doivent comprendre que c'est extrêmement urgent. Alors je peux comprendre aussi qu'en quatre ou cinq mois on ne peut pas multiplier le nombre d'infirmières et le nombre de médecins et le nombre de kinés, mais il faut trouver des moyens. On a besoin de mains et de petites mains même, ne serait-ce que pour transporter du matériel parfois, pour aider les infirmiers et infirmières à amener du matériel de soins, mais on a réellement besoin de 'manpower'".


 

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