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Les femmes restent peu nombreuses dans le secteur du numérique: quels sont les freins ?

 
 

Le codage, la programmation, le numérique. Des métiers très masculins qui se féminisent petit à petit. En trois ans, le nombre de femmes a doublé mais elles restent en très nette minorité. C’est ce que décrit la sixième édition de l’enquête "Gender Scan" sur l’évolution de la féminisation dans le secteur des technologies et du numérique. Alors, pourquoi les femmes sont-elles sous représentées ? Quels sont les freins ?

Il y a seulement 12% de femmes dans les études liées au numérique. C’est deux fois moins que la moyenne européenne. Louise étudie le codage depuis plusieurs mois. Elle a d’abord étudié l’art avant de faire le choix des chiffres. Même si ce n’était pas forcément évident pour son entourage. "Je pense que je n'ai pas été encouragée, juste par la façon dont je suis éduquée, j'étais prédisposée à venir dans cette école ou à faire ces études parce que ce n'est pas vers quoi on m'imagine", témoigne la jeune femme, étudiante à l’école 19 à Bruxelles. 

C’est le premier frein. 60% des femmes qui étudient dans le numérique estiment qu’elles ont été découragées de faire ce choix par leur famille, leurs professeurs. Elsa est dans la même école. Heureuse de son choix, même si chaque jour, elle se trouve dans un milieu très masculin. "Quand je viens le matin, je ne sais pas, on doit être 4 ou 5 dans la salle. Pas beaucoup de consœurs", souligne-t-elle. 

C'est vrai que des blagues que je n'apprécie pas beaucoup en tant que femme, il y en a beaucoup

Un autre frein, c’est le sexisme. Ici, comme ailleurs, d’autant plus ressenti lorsqu’elles sont en minorité. "C'est vrai que des blagues que je n'apprécie pas beaucoup en tant que femme, il y en a beaucoup", confie Elsa. 

34% des femmes interrogées estiment avoir été victimes de comportements sexistes pendant leurs études et 14% victimes de harcèlement sexuel. Un constat qui est général en Europe. 

Mais alors, comment faire en sorte que ces métiers soient plus attractifs et que les femmes s’y sentent mieux ? D’abord en conscientisant les hommes, que des petits gestes qui paraissent anodins ne le sont en fait pas. "C'est assez courant qu'un garçon va par exemple prendre le clavier d'une fille pour essayer de lui expliquer quelque chose ou essayer d'expliquer le code qu'elle a elle-même créé. Ce qui n'a pas de sens puisque c'est elle qui l'a créé et elle n'a pas besoin qu'on lui explique son propre code", souligne Romain Van der Vennet, membre de l’équipe pédagogique de l’école 19. 

On fait en sorte que les blagues un peu misogynes ne soient pas tolérées ici

Mais aussi en faisant découvrir le métier dans lequel elles ne s’imaginent pas. L’école a déjà organisé une trentaine d’événements. Et cela fonctionne. "On a près de mille femmes qui sont déjà venues chez nous à travers ces événements pour découvrir le code. Certaines sont venues ensuite à 19, d'autres non et sont allées ailleurs. Et c'est très bien. Nous, ce que l'on veut, c'est faire découvrir le code aux femmes", explique Gwenda Frocrain, responsable pédagogique et technique de l’école 19. 

Dans cette autre école bruxelloise, on prend aussi le sujet très au sérieux. Le genre ne doit pas être un frein à l’apprentissage et au développement. "On fait en sorte que les blagues un peu misogynes ne soient pas tolérées ici. On fait en sorte qu'il y ait un respect mutuel. A partir du moment où chacun se respecte, il y a un espace convivial et safe qui se créent où tout le monde se sent à l'aise", souligne Ibrahim Ouassari, fondateur de MolenGeek. 

Et ça semble porter ses fruits auprès de ces jeunes filles rencontrées dans cette classe de marketing digital. "Ici, dans la formation en soi, je n'ai pas encore vu de harcèlement, mais là où je travaillais avant, avec des codeurs, il y a eu des petites blagues, des petits mots déplacés", confie Lise. "Je suis très à l'aise. Franchement, on a eu un groupe mixte et on était bien", assure Yousra. 

Le taux de satisfaction de ces femmes, c'est également une réalité. 89% d’entre elles sont satisfaites ou très satisfaites de leur choix. De quoi peut-être convaincre celles qui hésitent encore ou ne se sentent pas à la hauteur.


 

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