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"Personne n'est au courant", selon Marc: dès le 1er janvier, certains moteurs ne pourront plus rouler en Wallonie

"Personne n'est au courant", selon Marc: dès le 1er janvier, certains moteurs ne pourront plus rouler en Wallonie
 
 

C’est une information qui vous a peut-être échappée, mais à partir de janvier 2023, la Wallonie va petit à petit interdire aux véhicules les plus polluants de rouler sur son territoire. Une mesure qui impacte autant les véhicules diesel que ceux à essence. On fait le point sur les voitures qui ne pourront bientôt plus circuler sur les routes wallonnes.

"J’en ai parlé autour de moi et personne n’était au courant. Les collègues, les amis, personne ne le savait". Marc* (prénom d’emprunt) nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous", car il désirait mettre en avant une mesure dont il déplore la communication : la suppression progressive des véhicules les plus polluants. L'occasion de revenir sur cette mesure décidée il y a 3 ans.

En effet, en mars 2019, le Parlement wallon a adopté un décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules. Ce décret a donné lieu à deux principales mesures : l’instauration des zones à basses émissions locales et régionales, mais aussi l’interdiction de circulation des véhicules les plus polluants sur le territoire wallon.

Des interdictions progressives

La première mesure est déjà en vigueur depuis le 1er janvier 2020. Les communes wallonnes peuvent ainsi décider, de manière permanente ou ponctuelle, d’établir une zone de basses émissions sur leur territoire. La seconde, quant à elle, entre en vigueur à partir du 1er janvier 2023. Elle interdit aux véhicules dont la première immatriculation a été réalisée avant 1996, soit des voitures avec de type EURO 1 (ou sans norme EURO), de circuler sur le territoire wallon. Cette interdiction est la première d’une longue série. En effet, quasiment chaque année jusqu’en 2030, de plus en plus de véhicules thermiques seront interdits en Wallonie.

  • De 2023 à 2026, les interdictions concernent les véhicules diesel et essence. Dès le début de l'année prochain, les voitures dont la première immatriculation a été faite avant 1996 sont interdites.
  • À partir du début de l’année 2024, ce sont les voitures qui datent d’avant l’an 2000, les véhicules EURO II, qui seront impactés par l’interdiction de circulation.
  • En 2025, ce seront les véhicules EURO 3, soit d’avant 2005.
  • Et en 2026, l'interdiction vise les voitures EURO IV, donc qui ont été immatriculées pour la première fois avant 2010.

"Ça va beaucoup trop vite !"

"Cela va mettre plus de gens dans la misère qu’autre chose", interpelle Marc. Pour lui, sa voiture est indispensable, car il vit en pleine campagne et doit parcourir 80 km tous les jours pour rejoindre son lieu de travail. Marc a appris l'existence de cette restriction via un post sur Facebook. Un ami à lui rapportait qu'une assurance avait refusé de couvrir sa voiture, car celle-ci ne serait autorisée à rouler que pendant un an. Il s'est alors renseigné sur les voitures qui seront interdites. "Moi-même, j’ai dû changer récemment de véhicule. Je possédais une voiture à essence qui était assez vieille, elle datait de 1995. J’ai changé pour un véhicule Euro 4". Un choix que Marc a pris en étant conscient que dans 4 ans, sa voiture ne pourra plus circuler et qu’il ne pourra pas la revendre : "Je sais que je n’en tirerai rien".

Marc craint que, par manque d'information sur le sujet, certaines personnes se retrouvent avec un véhicule qu'ils ne pourront plus utiliser. "Il y a beaucoup de gens qui vont être impactés. Ils pourront rouler 1 an ou 2 ans maximum avec leur voiture et puis ce sera fini" explique Marc. "Ça va beaucoup trop vite".

Il pointe également du doigt les incohérences que ce décret provoque: "Les gens peuvent tout de même immatriculer leur véhicule en tant qu’ancêtre. Et alors là, ils peuvent même circuler à Bruxelles sans souci. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de juste-milieu. Les gens vont contourner la loi. Et avec ça, la pollution ça va être terrible. En plus, les véhicules qui ne pourront plus circuler ici rouleront dans d’autres pays".

Un élément qui impacte peu les ventes de voitures d'occasion

Au niveau du secteur des voitures d'occasion, l'ancienneté du véhicule intervient dans la décision des nouveaux acquéreurs. "Deux clients sur dix y font vraiment attention" nous rapporte le gérant d'un garage. Cependant, cela ne semble pas être la préoccupation principale. Certains vendeurs de voitures d'occasion ne ressentent même pas du tout les conséquences de cette mesure, car ils revendent des voitures assez récentes. L'un des plus gros vendeurs de voitures d'occasion du pays nous a confirmé ne pas vendre de véhicules de plus de 4 ans.

La partie visible d'un projet plus global

Cette disparition progressive des vieux véhicules s'inscrit dans l'ambition globale de l'Union européenne de réduire la pollution due aux véhicules thermiques. Le Parlement européen a d'ailleurs approuvé en juin 2022 la fin des voitures thermiques pour 2035.

Les autres régions belges ont, elles aussi, adopté un ensemble de mesures pour réduire la quantité de polluants atmosphériques. En Flandre, plusieurs villes sont des zones de basses émissions comme Gand ou Anvers où les restrictions sont importantes. À Bruxelles, les voitures diesel EURO 4 ou inférieures ne peuvent déjà plus y circuler sous peine d'amendes. Une interdiction qui est en vigueur depuis le début de l'année 2022.

En Wallonie, les dernières restrictions porteront sur les véhicules diesel EURO V et EURO VI, soit des voitures immatriculées pour la première fois avant 2015 et avant 2019. Elles entreront en vigueur en 2028 et 2030. En d’autres mots, si vous possédez une voiture diesel qui a été immatriculée pour la première fois en 2018, vous ne pourrez plus rouler avec à partir du 1er janvier 2030. Le décret n'aborde pas encore l'avenir des voitures à essence.

Contacté par nos soins, le service public de Wallonie n'a pas souhaité donner plus d'informations sur le sujet, car les discussions sont encore en cours sur les modalités de ce décret.


 

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