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Attentats de Bruxelles: 5 ans après, où en est la menace terroriste en Belgique?

 
5 ans des attentats de Bruxelles
 

Il y a 5 ans jour pour jour, deux attentats frappaient Bruxelles, d'abord à l'aéroport de Zaventem, puis dans la station de métro Maelbeek. Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral, était l'invité du RTL INFO 19h. Il est revenu sur la menace terroriste et la longueur des procédures liées à ces attentats.

Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral, répond aux questions de Simon François sur le plateau du RTL INFO 19h.

On se souvient du contexte, à l'époque : la menace terroriste omniprésente en 2016. Cet attentat du 22 mars, vous vous y attendiez ?

Oui, on s'y attendait. On espérait que ça n'allait pas se passer, mais on était quand même dans une spirale infernale au moins depuis 2015. À Verviers, on avait évité quelque chose de très grave, déjà, à ce moment-là. Mais on s'est vite rendu compte avec les autres épisodes : en 2015, il y a eu un attentat manqué à Villejuif, il y a eu le Thalys aussi, il y a eu toute une série d'informations qui sont venues de personnes qui avaient été arrêtés en disant qu'il y a quelque chose qui était en train de se passer et et après ça il y a eu Paris et à chaque fois il y avait des personnes qui s'échappait donc on était dans une espèce de de chasse à l'homme continue...

Ça veut dire que le double attentat de Bruxelles aurait pu être évité ?

C'est toujours la question qu'on me pose. Je veux toujours rappeler que trois jours après les attentats de Bruxelles, on évite un autre attentat majeur qui est maintenant en procès à Paris, qui est l' attentat avec Reda Rriket à Argenteuil, et on arrête quelqu'un place Meiser. C'est une arrestation très spectaculaire. C'est vrai que je me sens parfois un peu comme quelqu'un sur un bateau qui voit des tas de réfugiés à la mer et qui en met 30 sur son bateau, qui se dit toujours qu'il aurait pu en mettre 35. Parce qu'il y en a toujours d'autres qui coulent. On a ce chagrin, et cette émotion des victimes, auxquelles je pense d'ailleurs très fort pour demain, parce que je pense que ça va pas être facile. Mais est-ce qu' on aurait pu l' éviter ? Je ne sais pas vous le dire. On peut toujours se dire qu'on aurait peut-être pu prendre une autre décision, mais est-ce que ça nous aide à avancer ? Non, je ne pense pas.

Ça, c'était la menace terroriste à l'époque, et aujourd'hui en Belgique où est-ce qu'on en est ?

On est le premier pays européen, c'était déjà en 2018, à être descendu de niveau de menace. On est au niveau 2, maintenant. Alors, le niveau 2, ce n'est pas encore un niveau normal. On aimerait bien revenir au niveau 1. Mais il y a des progrès, ça veut dire qu'on ne s'attend quand même plus à des organisations de grande ampleur : ça, je pense qu'on est à même de les détecter maintenant. D'autres États européens aussi échangent un peu plus les informations avec nous, donc ça c'est vraiment important. Il reste aussi cette possibilité de personnes qui se radicalisent de façon isolée et pas uniquement d'ailleurs dans la sphère religieuse, mais aussi avec des discours de White supremacy, ou bien des discours d'extrême gauche. Nous y sommes très attentifs, d'autant plus que pas mal de gens ont été beaucoup isolés pendant ces lockdowns. Certains sont fragilisés, et peuvent être à ce moment-là touchés par cette propagande directement via leur smartphone, et ça c'est vraiment un défi.

Le procès des attentats de Bruxelles, il devrait se tenir en septembre 2022 à Bruxelles. Ça fait plus de six ans après les faits, pourquoi si tard ?

D'abord parce que ça a été une enquête compliquée. C'est une enquête compliquée parce qu'on avait voulu aller loin, on a voulu aller jusqu'à la chaîne de commandement à Racca (Syrie), où il reste encore des zones d'ombre. Ça, je ne vais pas être faire de mystère là-dessus, parce que c'est très difficile d'aller enquêter sur place et ce n'est pas encore possible pour le moment. Aussi parce que nous sommes dans une articulation avec toute une série d'attentats qui se sont passés, dont beaucoup ont échoué heureusement, mais il y a aussi une composante française à cela. Il fallait se mettre d'accord avec Paris et Bruxelles, entre les Français et les Belges, savoir qui allait passer en premier et puis je dois dire que le Corona nous a quand même coûté pratiquement 8 mois, si pas un an de délai.

C'est ce qui explique pourquoi vous plaidez pour un procès jugé par des professionnels, et pas par un jury d'assises constitué de citoyens ?

Ce n'est pas que j'estime que les citoyens ne soient pas capables de juger ce genre de choses. C'est plutôt parce que ce sont des matières très techniques. D'abord, il y a beaucoup de téléphonie, dans ce procès, il y a beaucoup d'analyses d'ordinateurs qui sont faites dans plusieurs versions différentes, plusieurs ordinateurs différents, etc. Ça a été un jeu de piste incroyable : il y a 150 cartons de dizaines de milliers de pages. Des citoyens vont devoir être là pendant des mois, je sais pas si vous imaginez que pendant des mois vous êtes en dehors de votre biotope normal, vous allez devoir écouter et voir des horreurs et on va devoir vous expliquer des choses que normalement on n'explique pas à des juges, puisque les juges en général savent comment se fait une autopsie et autres. En plus de ça, vous rentrez le soir à la maison, vous ne pouvez  rien raconter autour de vous, et cela pendant 6 à 9 mois. Et ce qui sera difficile pour les jurés, le sera à mon avis encore plus pour les victimes, et c'est aussi par grand respect pour les victimes que je le demande. Des procès qui vont durer des mois, c'est très compliqué pour les victimes : il y a beaucoup d'attente et chaque victime a une attente différente par rapport au procès, mais le fait que ça va durer tellement de temps risque d'être quand même très difficile.


 

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