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90 secondes pour comprendre pourquoi les Wallons font grève et pas les Flamands

90 secondes pour comprendre pourquoi les Wallons font grève et pas les Flamands
 
 

C’est sans doute la question la plus souvent posée ces derniers jours. "En plongeant dans l’histoire, on voit que les mouvements sociaux ne sont pas nés sur les mêmes bases au Nord et au Sud du pays", nous a expliqué Frédéric Moray dans sa chronique 90 secondes pour comprendre ce matin sur Bel RTL.

Que ce soit dans les prisons, sur le rail, les transporteurs routiers… le constat est toujours le même. Grèves et blocages en Wallonie, mouvements beaucoup plus réservés en Flandre. Pourquoi ?

Evidemment, les raisons sont multiples. On a déjà expliqué pourquoi les Wallons se sentent plus lésés que les Flamands dans les politiques actuelles. Mais une des explications est aussi historique, selon le politologue de l’Université de Liège, Pierre Verjans. Les syndicats du Nord et du Sud ont un vécu très différent.

En Wallonie, le combat syndical apparaît au milieu du 19e siècle. Les industries du charbon, de la métallurgie et du textile sont en pleine expansion à Mons, Charleroi, Liège et Verviers. C’est la naissance du capitalisme. Deux classes sociales apparaissent : la bourgeoisie qui possède les moyens de productions et les ouvriers qui produisent. Les syndicats s’installent donc en Wallonie face à des patrons tout puissants, aux bénéfices incontestables. La lutte syndicale doit servir à combattre le capitalisme qui exploite l’homme et creuse les inégalités sociales. En Wallonie, les origines sont donc combattantes.


Ce n’était pas le cas en Flandre

En Flandre, le syndicalisme arrive plus tard. Au début du 20e siècle, lorsque le système politique belge, dirigé majoritairement par des Flamands, organise la transformation de la Flandre d’une région agricole en région industrielle. Les patrons qui s’installent en Flandre à ce moment-là sont de petits industriels, de petits entrepreneurs. Et les ouvriers qui travaillent avec eux connaissent leurs difficultés. Et donc l’attitude est différente.

Les syndicats vont là aussi tenter d’obtenir les meilleurs conditions pour leurs ouvriers, mais en gardant à l’esprit que les bénéfices du patronat sont indispensables pour qu’ils continuent à investir pour survivre.


Deux logiques très différentes qui se perpétuent aujourd’hui

Côté francophone, une grande partie des leaders syndicaux considèrent que le capitalisme est néfaste par essence, qu’il crée des inégalités.

Côté flamand par contre, les dirigeants syndicalistes considèrent que le capitalisme est une machine à créer des richesses. Il faut simplement mieux répartir ces richesses.

Les francophones sont donc anticapitalistes et les Flamands plutôt alter-capitalistes.


 

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