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90 secondes pour comprendre: en quoi la crise des migrants devient un objet de récupération politique?

90 secondes pour comprendre: en quoi la crise des migrants devient un objet de récupération politique?
 
 

Les initiatives locales ou fédérales se multiplient chez nous. Les hommes politiques surfent sur la vague populiste en présentant des mesures pour contrôler les candidats réfugiés.

On a eu l’annonce par le bourgmestre Open VLD de Coxyde, de la mise en place d’un régime pénitentiaire dans le centre d’accueil Fedasil de sa commune; la lettre de Théo Francken, secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, destinées aux Irakiens leur conseillant de rentrer au plus vite chez eux; l’annonce ce vendredi du Premier ministre: on fera désormais signer un document qui engage les demandeurs d’asile à "respecter nos valeurs". Et la dernière en date: l’annonce du Ministre N-VA de l’Intérieur Jan Jambon qui exhorte les réfugiés à avoir un badge d’identification sur eux.

Mais en quoi est-ce de la récupération ?

Parce que ces mesures sont inutiles et stigmatisantes. Par contre, elles répondent à une certaine frange de la population.

Ces mesures sont inutiles, parce que la plupart ne viennent confirmer que ce qui existe déjà. Le parcours d’intégration est désormais obligatoire. Une éducation à la citoyenneté belge est déjà au programme. Il est déjà prévu de transmettre "nos valeurs".

Le badge d’identité exhorté par Jan Jambon ne ferait que compléter les documents d’identités que possèdent déjà les demandeurs d’asile. Le bourgmestre de Coxyde sait bien qu’il ne peut pas enfermer les candidats réfugiés dans les centres d’accueil.

Mais tout cela met en évidence des hommes politiques qui flattent ainsi leur électorat le plus extrême. C’est une façon de se dédouaner de cet accueil forcé, dont ils n’ont pas voulu et dont ils savent qu’ils pourraient leur coûter très cher électoralement.

Ils craignent un retour de l’extrême droite, comme c’est le cas dans d’autres pays européens. Le phénomène n’est pas généralisé, mais regardez en Suisse, en Autriche, en Hongrie, au Danemark, en Pologne et même en Allemagne. Les partis d’extrêmes droites rencontrent de plus en plus de succès, s’emparent parfois même du pouvoir, en surfant sur la crainte de ces étrangers qui arrivent massivement en Europe.

Ce n’est pas la seule explication à ce phénomène qu’on observe depuis les années 90, mais ce qu’on appelle la "crise des migrants" est une occasion supplémentaire pour ces partis de jouer avec la peur des citoyens… De jouer les populistes.


 

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