En ce moment
 
 

5 ans des attentats de Bruxelles: Molenbeek a-t-elle changé?

 
5 ans des attentats de Bruxelles
 

Il y a 5 ans jour pour jour, Salah Abdeslam était arrêté en plein cœur de Molenbeek après une traque de plusieurs mois. Une commune qui a été exposée de manière négative dans le monde entier car de nombreux terroristes qui ont attaqué la Belgique et la France y ont grandi. Depuis la commune a tenté de se renouveler avec différentes initiatives positives, mais le malaise demeure au sein de certains quartiers et la délinquance notamment liée aux stupéfiants reste très problématique. Pour certains, Molenbeek est toujours une bombe à retardement.

Rue des Béguines, à un peu plus de deux kilomètres de la place communale de Molenbeek, se tenait le café géré par Salah et Brahim Abdeslam. L’endroit, devenu un sombre symbole, s’est transformé en maison associative, preuve que Molenbeek change.

Rue des Quatre Vents, c’est là que Salah Abdeslam s’était caché et qu’il a quitté un immeuble en courant avant d’être neutralisé d’une balle à la jambe.

Depuis, le calme est revenu dans le quartier presque comme si de rien n’était. Molenbeek a-t-elle vraiment complétement changé ? Pour le savoir, il faut approcher la zone grise de la commune…

Ils sont nés en Belgique mais ils ne s’intègrent pas, ils ne sont pas intégrés

"Pas grand chose a changé"

Vinciane y est policière. Tous les jours, elle fait face à la délinquance dans les quartiers. Son constat est sans appel. "Je pense que la commune essaie de redorer le blason des lieux mais en soi, j’ai envie de dire qu’il n’y a pas grand-chose qui a changé depuis les évènements."

Cette policière s’inquiète du communautarisme toujours présent qui a des conséquences sur une certaine frange de la jeunesse molenbeekoise.

"En fait cette jeunesse est en souffrance. Ils ne sont pas marocains ou maghrébins parce qu’ils ne sont pas nés là-bas. Ils sont nés en Belgique mais ils ne s’intègrent pas, ils ne sont pas intégrés. Du coup ça crée beaucoup de colère chez cette jeunesse et ces jeunes le revendiquent clairement, je pense, par des actes de dégradation, de détérioration, de manque de respect envers les services de police. Il y a un mal-être."

On sort, on redeale et on retombe

Radicalisés sur internet ou dans la rue

"Ama" connaît tous ces jeunes. C’est un grand frère à Molenbeek. Les Abdeslam ou Mohammed Abrini, il les a tous croisés. À l’époque, des garçons comme ceux qu’il rencontre aujourd’hui dans les quartiers et qui dealent.

"C’est automatiquement : on deale, après on est arrêté, après on est en prison. Il y a de la haine qui se crée. Et on sort et on redeale, et on retombe. Et après on en a marre, on pète les plombs. Après, le chemin le plus facile, c’est quoi ? Le terro. Là, le dealer trouve ça facile et commence à se radicaliser."

C’est ce radicalisme moderne qui ne se propage pas dans les mosquées mais de manière incontrôlable sur les réseaux qui l’inquiète.

"Je peux vous certifier que radicalisme, ça ce n’est jamais dans une mosquée. Jamais. Le radicalisme, c’est via Youtube, via internet, via des sites, dans les rues…"

La criminalité organisée à connotation terroriste semble avoir disparu

Juste après les attentats, le plan canal a été activé. Amenant des renforts policiers et par exemple, la traque des fausses domiciliations. Me Hamid El Abouti est l’un des avocats les plus connus à Molenbeek. Dans ses dossiers, il ne retrouve plus la dynamique terroriste d’il y a 5 ans.

"Il y avait une hiérarchie dans les rôles qui étaient attribués à certains ou à d’autres. Certains devaient trouver les endroits, d’autres devaient trouver les armes, il y avait la logistique. Il y avait toute une série de choses et très honnêtement, je n’ai plus jamais aperçu ce type de criminalité organisée à connotation terroriste à Molenbeek."

La commune reste cependant sur le fil du rasoir tant les problématiques judiciaires, policières ou sociales restent présentes. Molenbeek-Saint-Jean est sous la haute surveillance des autorités.


 

Vos commentaires