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Révélations surprenantes concernant les 2 millions détournés par un comptable à l'Office wallon des déchets

 
 

L'Office wallon des déchets a été entendu au Parlement wallon dans l'affaire de cette fraude géante commise par un comptable. Le directeur général a soutenu qu'après la découverte des faits, il avait eu de grandes difficultés à joindre le parquet. Quand il a finalement eu quelqu'un au bout du fil après 35 minutes, on lui a dit de porter plainte à la police par écrit, ce qu'il n'a pas pu faire avant le lendemain matin.

La police et le parquet de Namur ont été prévenus dès le lundi 15 février des détournements de fonds reconnus par un comptable de l'Office wallon des déchets, qui est recherché depuis cette date, selon un courrier du directeur général de l'administration wallonne de l'Environnement lu lundi par le ministre Carlo Di Antonio en commission du parlement wallon.


Ils ont tenté de joindre le parquet à une dizaine de reprises

Le directeur général Brieuc Quevy a tenté de joindre à une dizaine de reprises le secrétariat du parquet pendant que le comptable de 64 ans, René Tonneaux, était encore dans les bureaux, après son audition administrative confirmant les faits. Il n'a obtenu un interlocuteur que 35 minutes plus tard, mais il lui a été répondu qu'il devait adresser une plainte écrite ou contacter la police. Le directeur général a alors pris contact avec la police peu après 16h, en insistant sur l'urgence et en détaillant les faits, mais l'inspecteur de police qui lui a répondu n'a accepté de fixer une audition que le mardi à 10h30. M. Quevy répond ainsi à une critique du procureur du Roi de Namur, Vincent Macq, qui jugeait improbable qu'aucun contact avec un magistrat ou la police n'ait pu avoir lieu avant le mardi.


Le comptable s'est présenté le lundi sans soupçonner que sa fraude avait été découverte

Par ailleurs, le contrôleur des engagements de l'OWD a expliqué pourquoi, alors qu'un premier virement suspect de 52.000 euros avait été repéré par hasard le vendredi 13 en fin de journée, il ne l'a signalé à sa hiérarchie que le lundi à la première heure. Il a évoqué les éléments encore parcellaires dont il disposait le vendredi ainsi que le choc psychologique qu'il a reçu. Sans préjudice toutefois, puisque le comptable s'est présenté le lundi sans soupçonner que sa fraude avait été découverte, et qu'aucun mouvement frauduleux n'a eu lieu entre-temps, ni depuis.


Une confusion des rôles originelle que la Cour des comptes pointe depuis plusieurs années

Le contrôleur a par ailleurs confirmé la grande liberté dont bénéficiait le suspect, à la fois trésorier et comptable, une confusion des rôles originelle que la Cour des comptes pointe depuis plusieurs années pour divers organismes wallons et qui ne sera réglée légalement qu'au 1er janvier 2017, avec l'entrée en vigueur d'un décret de 2015 obligeant à séparer ces deux fonctions.


Le bénéficiaire mentionné étant le nom légèrement déformé du comptable

Ces réponses ont suscité l'étonnement et l'agacement de nombreux députés. Quant au modus operandi de la fraude, "le mécanisme n'est pas encore clairement compris", a jugé Alain Houtain, inspecteur général à l'OWD. Les paiements - au moins deux millions d'euros jusqu'à présent - étaient ponctionnés sur le compte de l'OWD sans apparaître dans la comptabilité. Ils avaient lieu depuis plusieurs années presque chaque mois, le bénéficiaire mentionné étant le nom légèrement déformé du comptable, ce qui a mis la puce à l'oreille d'une contrôleuse des engagements. Les débats en commission se poursuivaient lundi sur les avertissements envoyés depuis plusieurs années par la Cour des comptes et via un audit réclamé par le ministre précédent, Philippe Henry (Ecolo), qui s'avère très critique sur l'OWD.


La Cour des comptes détaille le mécanisme frauduleux

La Cour des comptes comment le comptable a pu détourner pendant des années pour au moins deux millions d'euros d'argent public sans éveiller l'attention jusqu'au 13 février dernier. Le comptable, qui a été l'interlocuteur de la Cour des comptes lors d'un audit en 2015, imputait des montants surestimés sur quelques-unes des 500 à 600 factures annuelles, dont la différence correspondait à ce qui était reversé sur ses comptes. La subtilité consistait à gonfler - dans le document financier mais pas dans le comptable - le ou les premiers chiffres des montants en faisant en sorte que les derniers - sur lesquels l'œil du vérificateur se focalise par habitude - soient identiques aux chiffres attendus.

Les sous-totaux et totaux correspondaient grâce à une faiblesse du logiciel comptable, "obsolète et dépassé", qui ne bloquait pas sur ce type de manipulation. "Si nos observations et recommandations avaient été rencontrées, on aurait évité cette situation", selon la Cour. "Comptabiliser, payer, avoir accès au système informatique et avoir un comportement fonctionnel cloisonné, aboutit à ce type de problème". Le représentant de la Cour, manifestement excédé de constater que les recommandations de son institution n'avaient pas été mises en œuvre depuis une dizaine d'années, a mis en garde le gouvernement wallon sur l'horizon 2020, année où la Cour sera chargée de certifier les comptes annuels de l'État fédéral, des Régions et des Communautés. Un décret garantissant la séparation des fonctions de trésorier et de comptable dans les organismes wallons doit entrer en vigueur au 1er janvier prochain.


 

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