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"On ne peut presser éternellement le citron": le patron de la Sûreté de l'Etat réclame deux fois plus d'effectifs

 
 

L'administrateur de la Sûreté de l'Etat, Jaak Raes, a demandé mercredi le doublement de ses effectifs. Le service civil de renseignement dispose actuellement de 571 personnes pour un budget de 45 millions d'euros. "On ne peut presser éternellement le citron", a-t-il fait remarquer devant la commission d'enquête sur les attentats du 22 mars.

Le patron de la Sûreté a comparé la situation de son service avec les pays proches et semblables à la Belgique. Au Pays-Bas, l'AIVD dispose de 1.500 agents pour un budget de 200 millions d'euros. En Suède, le SAEPO dispose de 1.100 agents pour un budget de 123 millions d'euros. Au Danemark, le PET dispose de 780 agents pour un budget de 75 millions d'euros.

La Sûreté, comme le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS - militaire), dit également éprouver des difficultés de recrutement dans le circuit traditionnel du Selor. La procédure complique la recherche de profils inhabituels, disposant de compétences particulières, et débouche trop souvent sur des profils "standard".

M. Raes a plaidé en faveur d'un statut particulier pour les agents de la Sûreté, du SGRS et de l'Organe de Coordination et d'Analyse de la Menace (OCAM), qui permettrait notamment de faire face à des besoins temporaires.


30 personnes pour un suivi rapproché d'une seule personne

Le SGRS disait suivre 20 djihadistes. Combien en suit la Sûreté? L'administrateur-général n'a pas donné de réponse mais il a insisté sur les moyens nécessaires pour cette mission: pas moins de 30 personnes devraient être mobilisées pour le suivi rapproché d'une seule personne (filature, écoutes téléphoniques, etc.). Il n'est pas nécessaire de suivre tous les combattants de retour en Belgique, a-t-il précisé, soulignant au passage l'importance de collaborer avec les autorités locales dans ce genre de missions.

De l'enveloppe de 400 millions d'euros dégagée par le gouvernement pour la sécurité, la Sûreté doit recevoir 7,3 millions. A ce jour, elle n'en a encore reçu qu'1,7 million. "C'est très lent", a fait remarquer M. Raes.


Ne pas envoyer les dossiers trop vite vers le judiciaire

Comme son collègue du renseignement militaire, le patron de la Sûreté a mis en garde les parlementaires contre la tentation de "judiciariser" trop vite les dossiers de renseignement car cela peut porter préjudice aux enquêtes. Il a pris l'exemple des Pays-Bas où un magistrat est détaché dans les services de renseignement afin de déterminer ce qui doit faire l'objet d'une procédure judiciaire et ce qui peut rester dans le domaine du renseignement.


Une banque de données pour tous les services?

Ces dernières semaines, des avis en sens divers se sont fait entendre sur la création d'une grande banque de données accessible à tous les services. Un arrêté royal permettant à la Sûreté d'accéder à la Banque de données Nationale Générale (BNG) de la police est en préparation. L'inverse semble moins aisé: la Sûreté traite des informations classifiées, a rappelé M. Raes.


 

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