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"Le confinement, c'est encore pire": la comparaison entre le confinement et la Seconde Guerre Mondiale inquiète cette historienne

 
 

Depuis quelques jours, certains comparent la crise sanitaire, avec ses confinements et ses restrictions, à ce que le monde a connu pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des survivants affirment même que la période actuelle est plus difficile. Pour une historienne, si la comparaison a du sens dans une certaine mesure, la situation en 40-45 reste difficile à imaginer.

La crise sanitaire touche durement les personnes âgées. Privées de nombreux contacts, elles se retrouvent isolées, loin de leurs enfants et petits enfants. Une situation très difficile qui incite à des comparaisons étonnantes. Pour certaines de ces personnes, la Seconde Guerre Mondiale était plus facile à vivre que l'époque actuelle.

"Moi j'avais 6 ans quand la guerre a commencé. On avait peur, mais ce n'était pas comme maintenant", témoigne une survivante du côté de Bruxelles, âgée de 87 ans, sur le plateau de C'est Pas Tous les Jours Dimanche.. "Le stress est pire. Cela me choque, je n'ai jamais connu ça. Il y a d'abord la maladie et ensuite les masques. C'est drôle de voir tout le monde avec des masques. La guerre, c'était une époque difficile, mais pas comme maintenant", poursuit-elle.

Jacques, 91 ans, abonde dans ce sens. "C'est pire aujourd'hui parce que les gens sont angoissés, que d'autres virus nous menace. La vie avec des masques n'est pas agréable du tout. Il y a aussi le danger du virus qui est mortel, avec le nombre de morts déjà connus. Il y avait l'angoisse des bombardements, de la nourriture. D'autres personnes ont connu d'autres choses. La grande différence, c'est que les visites sont limitées, pendant la guerre les visites n'étaient pas limitées. On pouvait se voir avant le couvre-feu de 22h, cela ne posait pas de problème", témoigne ce citoyen, qui vivait à Etterbeek à l'époque. 

"Pratiquement incomparable"

Pour Laurence Van Ypersele de Strihou, Historienne à l'Université catholique de Louvain, il faut cependant rester très nuancé tant ces deux périodes sont différentes. "C'est pratiquement incomparable", lance-t-elle d'emblée sur le plateau de l'émission. "Cette métaphore de guerre, nous l'avons vu avec Macron, qui l'a utilisé à plein régime. Nous les Belges, on préfère dire qu'on est une équipe de foot pour créer une union sacrée et avoir l'adhésion d'un maximum de personnes. Nous sommes dans une période difficile, pour certains c'est particulièrement compliqué, mais la comparaison s'arrête là. On ne meurt pas de faim. Pendant la Première Guerre Mondiale, il y a quand même 750.000 Allemands qui meurent littéralement de faim", poursuit-elle ensuite.

Elle se méfie aussi de ces comparaisons concernant les restrictions, notamment en termes de risques encourus. "Actuellement, nos libertés sont rétrécies. Mais si on enfreint les interdictions, on risque une amende, pas d'être envoyé dans un camp de concentration ou fusillé. Je crois qu'il faut garder raison. Je comprends très bien cette dame et ce monsieur, qui étaient enfants pendant la guerre. Certains ont beaucoup souffert, les Juifs cachés, les enfants de prisonniers de guerre qui parfois ne revoient jamais leurs parents, ce qui est incomparable", poursuit Laurence Van Ypersele.

Mais elle comprend par contre parfaitement le ressenti de ces personnes isolées, qui sont confrontées à une situation nouvelle et très difficile. "Ce qui est intéressant ici, c'est que l'enfance peut traverser des choses compliquées, mais ce sont nos personnes âgées aujourd'hui. Qu'est-ce qu'on leur vole ? On leur vole la seule chose qui ne se monnaie pas, c'est la gratuité de la relation. Ce que nos petits vieux nous donnent vraiment, c'est cette gratuité, ce regard qui s'illumine quand on est là. C'est ça qu'on leur vole et donc je comprends que pour eux, on leur vole quelque chose de plus essentiel que les restrictions connues pendant leur enfance, pendant la guerre", explique l'historienne.

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