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"J'aimerais décéder parce que j'en ai marre": les résidents des maisons de repos vivent avec douleur un déconfinement très lent

 
CORONAVIRUS
 

Dans les maisons de repos, le déconfinement ne s’opère quasiment pas. Comment les personnes âgées vivent-elles cette situation ? Quels sont leurs espoirs ? Quelles sont leurs frustrations ? Reportage au cœur d'un home bruxellois pour recueillir les impressions des résidents.

Comme les 150 résidents de la maison de repos "Les Azalées" à Bruxelles, Denise commence a en avoir assez. "Le confinement bien sûr que cela devient long. J’aimerais bien me promener ici un peu sur le trottoir, de ne pas être coincée comme ça", confie-t-elle.

Alors que le déconfinement est en cours un peu partout dans la société, les maisons de repos restent des lieux à part. Les résidents ont un peu plus de libertés à l’intérieur. Mais il est toujours hors de question de sortir et les visites familiales se font toujours sous conditions très strictes. Les résidents restent donc confinés à l'intérieur.

Le 29 mai dernier, les maisons de repos ont reçu un document reprenant les consignes de déconfinement. Il reprend beaucoup d'éléments déjà reçus dans les circulaires précédentes. Et certaines questions, notamment celles des modalités d'accueil des nouveaux résidents, ne sont pas évoquées. Du coup, les maisons de repos organisent elles-mêmes leur déconfinement, selon leurs possibilités, en accord avec les médecins.

Une situation difficile pour les personnes âgées. Visiblement, ce déconfinement, les résidents ne le vivent pas. Ce déconfinement, ils ne le voient pas.

"C’est une fin de vie que je ne souhaite pas"

Paul va bientôt avoir 93 ans et cette situation, cet isolement lui pèse au point d'évoquer le pire. "Je le vis mal parce que je souhaiterais un petit peu que cela aille plus vite… décéder…parce que j’en ai marre quoi. C’est une fin de vie que je ne souhaite pas", révèle le nonagénaire. 

A l'étage, Yvette, 92 ans, comprend: "Cela commence déjà à flancher". Car il n'y a rien de pire que la frustration. "C’est affreux pour les gens qui ont l’habitude d’aller à l’extérieur, au restaurant, au café. Ils le ressentent parce qu’ils se retrouvent tout seul et sans occupation. On s’ennuie", regrette-t-elle.

Heureusement, depuis quatre jours, les repas ne se font plus dans les chambres mais par table de deux au rez-de-chaussée. Un petit pas de plus vers une vie normale.

"Il fallait d’urgence s’attaquer au moral des résidents"

Conscients des difficultés, les responsables tentent de rendre le moral à leurs pensionnaires. "La plupart qui suit l’actualité et l’évolution de la maladie est au courant et le comprend. Néanmoins cela reste difficile pour eux. Les premières semaines, cela a été, ils sont restés dans leurs chambres, mais les semaines passant, cela devenait de plus en plus compliqué. Donc, il fallait d’urgence s’attaquer au moral des résidents. Ils ont conscience que les maisons de repos sont les lieux qui seront déconfinés le plus lentement et qui seront les derniers à vivre comme avant. On espère que ce sera le cas après les grandes vacances mais on a aune certitude", confie Olivier Huberty, directeur de la résidence les Azalées.

Pour rappel, une personne sur deux décédée du Covid-19 en Belgique résidait en maison de repos.


 

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