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Hazerka, victime de harcèlement scolaire, livre son témoignage: "J'ai été roué de coups dans les vestiaires, j'en ai encore des séquelles physiques"

Hazerka, victime de harcèlement scolaire, livre son témoignage: "J'ai été roué de coups dans les vestiaires, j'en ai encore des séquelles physiques"
©RTL INFO
 
 

Le harcèlement touche entre 8 et 15% des élèves à travers l'Europe, et peut mener à des drames. Pour en parler, Hazerka était sur le plateau du RTL INFO Bienvenue. Âgé de 26 ans, il est auteur, chanteur et conférencier et a connu le harcèlement.

Le harcèlement, vous l'avez vécu vous-même, vous en avez fait un livre, mais aussi des chansons. Quelle est votre histoire ? 

"J'ai connu le harcèlement de la sixième à la troisième. Dès la première année, on avait complètement oublié mon prénom, on m'appelait 'boutonneux', 'calculatrice', 'binoclard', 'pustules', 'Harry Potter'... Les surveillants ne m'appelaient même plus par mon prénom. Et c'est en quatrième que j'ai commencé à recevoir des menaces de mort dans mon casier : 'Si tu reviens dans la classe, tu es mort'. On me disait : 'Si tu ne ramènes pas deux euros du portefeuille de ta mère, je vais te frapper. Si tu ramènes pas les cigarettes de ton beau-père, je vais te frapper'. Je ne prenais pas la chose au sérieux et j'ai eu tort parce qu'en troisième, j'ai été roué de coups dans les vestiaires. Et aujourd'hui, j'en ai encore des séquelles physiques". 

Alors, pour comparer avec le système belge, c'est entre 11 et 14 ans que vous avez été vraiment dans cette spirale-là. On se demande toujours : pourquoi n'avez-vous rien dit ? Qu'est-ce qui se passe dans votre tête quand vous êtes dans une telle situation ?

"Pour ma part, je n'ai pas parlé parce que j'avais peur des représailles. Ils m'ont très bien dit : si tu le dis, tu es mort à la sortie de l'établissement scolaire. Et j'y croyais parce qu'ils le répétaient sans cesse et quand on vous dit à répétition que vous êtes mauvais, que vous êtes nul, que vous allez vous faire frapper, vous finissez par y croire".

Vous avez chanté sur ce thème, vous donnez des conférences et puis ce livre : 'Plus jamais seul, journal d'un collégien harcelé', que vous avez écrit, avec des conseils aussi pour les parents. Comment repérer que votre enfant peut être harcelé ? Votre propre mère ne l'avait pas vu alors qu'elle était très proche de vous. Qu'est-ce que vous dites aux parents aujourd'hui ?

"Aujourd'hui, je pense qu'il faut être proche de l'enfant. Il faut avoir les bons mots et surtout, il faut faire très attention sur les notes scolaires et les notes d'absence, si elles sont à répétition, si l'enfant trouve beaucoup d'excuses pour ne pas aller à l'école... C'est que ça cache quelque chose."

L'enfant se dévalorise aussi lui-même ?

"Oui, bien sûr, il se dévalorise, il n'a plus du tout confiance en lui. C'est un peu mon parcours de vie en tant qu'adolescent."

Qu' est-ce qui a fait qu'à un moment donné, vous avez décidé de parler ?

"J'ai décidé d'en parler parce que je n'avais plus de solution, si ce n'est d'écrire sur un blog ce que je vivais. L'événement dramatique a été le fait que j'ai été roué de coups dans le vestiaire. Et en voulant rendre hommage à mon meilleur ami qui est décédé, j'ai décidé de lui rendre hommage en musique et j'ai sorti ce titre qui s'appelle 'Seul'."

Si vous êtes harcelé, il y a toujours quelqu'un à qui parler ?

"Aujourd'hui bien sûr, et même à mon époque, il y a toujours quelqu'un. Il y a les équipes pédagogiques, il y a des psychologues, et vous avez je pense un numéro vert en Belgique" (NDLR, la ligne écoute école, c'est le 0800 95 580). 

Dans les conseils que vous donnez dans votre livre, vous parlez aussi des gens qui sont témoins de cette situation mais qui n'interviennent pas parce qu'ils ont peur d'être exclu du groupe. Quel est votre conseil pour ces personnes-là ?

"C'est qu'il ne faut pas laisser la personne harcelée toute seul, il faut être l'épaule sur laquelle elle peut se reposer. Ça ne coûte rien d'aider, c'est gratuit d'aider. Et si on peut donner le sourire ne serait-ce qu'une journée, inclure une personne dans un groupe : une personne de plus, une personne de moins, ça change rien. C'est un peu ce que j'ai vécu moi dans mon parcours de vie : j'avais un ami qui a fini par me laisser parce que lui aussi il était une victime en restant avec moi."

Faut-il témoigner de manière anonyme parfois pour dire les choses sans avoir peur des représailles ?

"Il ne devrait pas y avoir de représailles si le travail de l'enseignement est bien fait. Mais ne serait-ce que témoigner à visage couvert, c'est déjà mieux que rien oui." 


 

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