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Ancien jihadiste emprisonné à Guantanamo, Mourad est sorti de l'intégrisme: il a raconté son parcours dans des écoles de Bruxelles

Ancien jihadiste emprisonné à Guantanamo, Mourad est sorti de l'intégrisme: il a raconté son parcours dans des écoles de Bruxelles
Capture d'écran L'Avenir
 
 

Libéré de Guantanamo après deux ans et demi de détention, ce Franco-Algérien a résisté à la radicalisation et tente aujourd'hui de faire passer un message auprès des jeunes en Belgique et en France. Il reste cependant très surveillé par les autorités. Le quotidien L'Avenir a recueilli son témoignage.

À 19 ans, Mourad est parti en Afghanistan, poussé par son frère. C'était peu avant les attentats du 11 septembre. Le jeune homme a suivi la filière jihadiste et s'est retrouvé dans les camps d'entrainement d'Al-Qaida. Aujourd'hui, il raconte au journal L'Avenir qu'il ne s'est pas rendu compte d'où il mettait les pieds. "Je le voyais comme une aventure, avec beaucoup de naïveté", dit-il.

Arrêté par les services pakistanais, il a été remis aux mains des Américains et a passé deux et demi en détention au centre pénitentiaire de Guantanamo. Ces longs mois ont été difficiles à vivre pour Mourad: "Là, je suis surtout un jeune qui souffre, de la solitude, de l’abandon. Et des tortures aussi, des mauvais traitements", raconte-t-il. Interrogé durant de longues heures, on ne veut pas croire à son histoire. "J’ai souvent eu le sentiment qu’on faisait tout pour que je devienne un terroriste, dit-il encore. (...) Ils voulaient faire de moi une bête féroce".


Une histoire qui se raconte

De retour en France, il est passé par la prison de Fleury-Mérogis où il ne s'est pas radicalisé malgré l'influence des autres détenus. Et à sa sortie, il est parvenu à garder son calme malgré les violentes suspicions au vu de son parcours. Il a résisté à la tentation de tomber trop facilement dans une attitude de haine: "J’ai eu des moments de colère, mais pas au point d’adhérer aux discours les plus radicaux", raconte-t-il. Il dit avoir "tiré beaucoup de leçons" de son histoire qu'il raconte pour sensibiliser désormais. La semaine dernière, il a expliqué son parcours dans quatre écoles bruxelloises. Il a aussi témoigné au Sénat français ou encore au Conseil de l'Europe.

Il comprend les jeunes qui se font parfois enrôler comme lui l'a été il y a de nombreuses années. Et il l'utilise dans son combat contre la radicalisation. "Il faut connaître les jeunes, ce qui se passe dans leurs têtes, le contexte… Ça demande beaucoup de compétences et tout le monde ne les a pas", estime-t-il.


"Un suspect éternel"

Son quotidien n'est pas simple bien sûr: il est souvent suspecté, comme après les attentats de Paris où il a été convoqué pour donner son ADN. Mais il se plie aux règles et se montre patient. "Je suis un suspect éternel", pense-t-il.


 

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