En ce moment
 
 

Voici la mesure envisagée par le gouvernement pour les employés qui fâche les syndicats

Voici la mesure envisagée par le gouvernement pour les employés qui fâche les syndicats
 
 

Le gouvernement envisage de réintroduire la période d'essai pour les employeurs embauchant un travailleur avec un contrat fixe, indiquent L'Echo et De Tijd mardi. De quoi se mettre les syndicats à dos: tous contestent cette idée et en profitent pour réclamer une vraie concertation sociale.

La décision aurait été prise par les partenaires de la majorité lors de leurs discussions budgétaires la semaine passée. Les syndicats et les organisations patronales ont jusqu'au 30 septembre pour donner leur avis ou formuler une solution alternative, rapporte encore L'Echo, qui mentionne la colère des syndicats.     

La période d'essai, au cours de laquelle un licenciement n'était pas assorti d'indemnités, a disparu en 2014 avec l'introduction d'un statut unique pour employés et ouvriers. Les entreprises se tourneraient depuis lors davantage vers des travailleurs intérimaires.

Les syndicats ont sans surprise réagi négativement. "Une négociation où les employeurs murmurent à l'oreille du pouvoir politique n'est pas une négociation", déplore ainsi le syndicat chrétien flamand ACV. Le syndicat libéral ACLVB se dit lui "profondément déçu" par la manière d'agir du gouvernement. "En prédisant déjà carrément l'issue d'un éventuel échec d'un compromis, le gouvernement anticipe le dialogue social", constate-t-il. Quant à Rudy De Leeuw, le président de la FGTB, il qualifie cette façon de faire d'"inacceptable", selon des propos relayés par L'Echo.

Lintroduction du statut unique pour les ouvriers et les employés avait été "un compromis délicat" d'après l'ACLVB, pendant flamand de la CGSLB. "Un compromis comporte de bons et moins bons points, tant pour les travailleurs que pour les employeurs. La suppression de la période d'essai était justement un des points qui rendaient le compromis acceptable pour l'ACLVB." Il n'est pas question de dialogue de cette manière, estime de son côté l'ACV. "Ce sont les employeurs qui tiennent la plume du gouvernement", dénonce son secrétaire national, Mathieu Verjans. Un avis que rejoint le syndicat libéral. D'après les organisations patronales, les entreprises préfèrent recourir aux travailleurs intérimaires et sont moins promptes à signer un contrat de travail à durée indéterminée. "Une erreur", répond-on au sein du syndicat chrétien. "Il n'y a pas une augmentation significative de l'emploi intérimaire qui puisse être liée à la suppression de la période d'essai." Mathieu Verjans évoque enfin les nombreux millions d'euros que les employeurs ont reçu à titre de compensation pour les coûts supplémentaires liés au statut unique. "A ce propos, on ne les entend évidemment pas...", se lamente-t-il. "C'est toujours la même chose avec ce gouvernement: on nous implique quand tout a déjà été décidé. C'est inacceptable", fulmine, quant à lui, le président de la FGTB.


"Toujours dans le sens des employeurs", selon la FGTB

Le secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet, a lui aussi réagi: "Toutes les mesures prises par le gouvernement vont dans le sens des employeurs" et amoindrissent "la protection des travailleurs", déplore-t-il. La position du syndicat socialiste est unanime: il n'est pas question de revenir sur la suppression de la période d'essai. "Les employeurs affirment qu'à cause de cela, ils n'engagent plus à durée indéterminée mais ce sont de fausses excuses", déclare Marc Goblet. "Les employeurs n'en ont jamais assez".

Le secrétaire général de la FGTB dénonce l'ensemble des mesures prises par le gouvernement actuel sur l'emploi et le manque de concertation sociale. Pour la réintroduction de la période d'essai, le gouvernement laisserait jusqu'au 30 septembre aux organisations syndicales et patronales pour émettre leur avis. "Nous, on veut pouvoir négocier sur l'ensemble de mesures liées à l'emploi. Il n'existe pas de situations où on ne va pas dans le sens des employeurs". Pour Marc Goblet, la véritable concertation a disparu. "Là, c'est une concertation bidon. Les décisions sont déjà prises".

La FGTB mène justement ce mardi une série d'actions pour protester contre les mesures prises par le gouvernement dans le cadre du dernier contrôle budgétaire.


Le syndicat libéral ne comprend pas le gouvernement

La CGSLB déclare dans un communiqué être "profondément déçue". Jusqu'au 30 septembre, les syndicats et organisations patronales pourront donner leur avis sur la mesure. Mais en cas de désaccord, la période d'essai serait réintroduite. Pour le syndicat libéral, "le gouvernement vide la concertation sociale en partie de son sens".

La CGSLB dénonce aussi le souhait de revenir sur un "délicat compromis". En 2013, les partenaires sociaux ont dû négocier sur l'harmonisation des statuts des employés et des ouvriers. Dans le cadre de cet accord, la période d'essai, au cours de laquelle un licenciement n'était pas assorti d'indemnités, avait été supprimée.

Le syndicat libéral veut rappeler que "ce genre d'accord contient des points favorables et d'autres qui le sont moins tant pour les employeurs que pour les travailleurs. La disparition de la période d'essai faisait partie des arguments qui ont poussé la CGSLB à accepter le compromis". Le syndicat refuse "d'évaluer tous ces points" et "ne comprend pas que le gouvernement donne, une nouvelle fois, priorité à une revendication injuste des employeurs comme s'ils voulaient se venger de ce qu'ils ont dû concéder autrefois".


"Cela va amener encore plus de précarité", selon le SETca

Pour le syndicat des employés, techniciens et cadres (SETca) de la FGTB, si le gouvernement réintroduit la période d'essai, il doit alors aussi réintroduire les délais de préavis en cours avant l'accord sur l'harmonisation des statuts des employés et des ouvriers, des délais qui étaient plus longs qu'actuellement. De manière générale, le syndicat dénonce ce genre de mesure, qui n'est "pas anecdotique et qui va amener un schéma de précarité plus important".

Myriam Delmée, vice-présidente du SETca rappelle que la suppression de la période d'essai a été accompagnée d'une réduction de la durée des préavis. Si elle est réintroduite, elle devrait alors s'accompagner de compensations, déclare le syndicat. La SETca souhaite également que "le gouvernement finisse d'abord de supprimer les discriminations entre les ouvriers et les employés" avant de revenir sur des accords déjà conclus. Le syndicat vise en particulier le pécule de vacances, plus important pour les ouvriers. "Cette discrimination légale à l'encontre des employés doit prendre fin". Myriam Delmée rappelle également une mesure promise par le gouvernement actuel, à savoir deux mois de salaire garanti en cas de maladie. "Il s'agit d'une des premières mesures postposées, maintenant elle est tombée aux oubliettes. Parlons d'abord de cela". Pour le SETca, les différentes mesures sur l'emploi du gouvernement "ne font qu'amener de la précarité" pour le travailleur. Il manifeste d'ailleurs mardi contre ces mesures à Bruxelles et en Wallonie.


 

Vos commentaires