Le secrétaire d'Etat à l'Asile et aux Migrations Theo Francken (N-VA) a annoncé mardi la création d'une "fast team" ou "fast track" au sein de l'Office des étrangers. Sa mission sera d'intervenir rapidement avec la police en cas d'incidents ou d'émeutes, telles que celles qui se sont déroulées samedi dans le centre de Bruxelles, afin de débusquer des personnes étrangères à l'origine de troubles, notamment lorsque celles-ci se trouvent en situation irrégulière.
Cette équipe d'intervention rapide, logée au sein de la section judiciaire de l'Office des étrangers, serait activée à la demande des communes et polices locales, à l'occasion d'incidents, en ville, dans les transports en commun, les gares, etc. "Il ne s'agit pas de Belges. Je ne suis pas compétent pour les Belges. Il s'agit de personnes qui ne sont pas en ordre de séjour ou d'autres étrangers, il y en a, soyez en assurés", a dit Theo Francken. "L'Office des étrangers fait ce qu'il doit faire, il y a bien sûr la question de la police et du Parquet", a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'Etat a fait cette annonce en marge de la présentation en commission de la Chambre de sa note de politique générale accompagnant le budget 2018. L'annonce de la création d'une telle instance a été mal reçue par l'opposition, le député Emir Kir (PS) reprochant au secrétaire d'Etat de verser une nouvelle fois dans le "populisme". "Les autorités du pays se sont déjà exprimées (sur les incidents provoqués par des fauteurs de troubles s'étant mêlés à des supporters marocains, ndlr). Vous pratiquez l'amalgame, vous stigmatisez, occupez-vous de vos dossiers", a-t-il dit.
La députée N-VA Sarah Smeyers s'est, elle, félicitée d'une telle initiative. Elle permettra, selon elle, de contrer une série d'incidents qui se sont produits ces dernières semaines, à Bruxelles mais également ailleurs, notamment sur des lignes de chemin de fer à destination de Bruxelles, à Alost, Louvain et Ottignies-Walibi, qui "deviennent des banlieues de Bruxelles".
"Le populisme a des limites..."
La discussion sur la note de politique générale se poursuivra la semaine prochaine. Le reste de l'opposition n'a pas eu l'occasion de s'exprimer ce mardi. La coprésidente d'Ecolo Zakia Khattabi a fait connaître son courroux dans un tweet relayé par le député Benoît Hellings, membre de la commission. "Tout y est: confusion de casquette pour ce qui le concerne, confusion et amalgame sur le statut des casseurs... Une police spéciale ?! Décidément, ce n'est même plus que le bruit des bottes, c'est un concert", a-t-elle réagi.
Interrogé par Le Soir, le vice-président de la Commission permanente des polices locales (CPPL) Olivier Libois ne perçoit pas l'intérêt de la création d'une telle force d'interception rapide au sein de l'Office des étrangers. Il existe déjà au sein de l'Office, des inspecteurs investis de compétences judiciaires restreintes chargés de constater les infractions à la loi sur les étrangers, rappelle-t-il, précisant que des collaborations avec ce service se sont notamment matérialisées au parc Maximilien ou à la Côte.
Lier les troubles survenus samedi à Bruxelles au phénomène du séjour illégal relève selon lui de l'"amalgame". Au-delà, chacun son rôle, l'Office des étrangers, la police et le Parquet, dit-il. Si, par contre, la personne interpellée n'a pas commis d'autre infraction qu'une présence illégale sur le territoire, l'Office des étrangers peut intervenir plus rapidement, précise Olivier Libois. "Dans les 5 ou 6 heures qui suivent l'interpellation, là, oui, nous avons besoin d'eux. Et ils ne sont pas toujours au bout du fil...", regrette-t-il.
L'ancienne ministre de l'Intérieur Joëlle Milquet, qui préside la commission des Affaires intérieures du parlement bruxellois a réagi sur le même ton. "C'est à la police - et à la police seule - qu'il revient d'exercer sa mission à l'égard des citoyens quels qu'ils soient et quelle que soit leur origine", a-t-elle dit, dénonçant également "l'amalgame" avec les événements de samedi à Bruxelles. "Le premier ministre ne peut accepter que ce genre de projet puisse voir le jour. Le populisme a des limites que l'Etat de droit ne peut permettre de franchir", a-t-elle conclu.
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