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Paul Magnette prolongé dans sa mission d'informateur: "Un vrai dialogue a commencé à se construire"

 
 

L'informateur royal Paul Magnette a été prolongé dans sa fonction jusqu'au 25 novembre, date à laquelle il fera un nouveau rapport au Roi, a indiqué lundi le Palais royal à l'issue d'un entretien entre le chef de l'Etat et le chargé de mission. Lors de cette rencontre, M. Magnette a exposé au souverain "le travail accompli" et lui a présenté "les pistes de solutions qui se dégagent", a-t-il expliqué sur Twitter.

À 17H, Paul Magnette a tenu une conférence de presse pour informer les citoyens sur l'avancement de sa mission. "Je crois qu'au-delà des difficultés, qui sont nombreuses et réelles, un vrai dialogue a commencé à se construire", a-t-il annoncé en premier lieu.

À la fin de sa présentation devant la presse, Paul Magnette a exprimé une métaphore architecturale. "En architecture il faut d'abord trouver le terrain. Je dirais que nous avons trouvé le terrain. C'est l'exercice de discussion sur les constats. Il faut ensuite construire des fondations. Plus les fondations sont solides, plus l'édifice sera solide. Je travaille aujourd'hui à consolider ces fondations, brique par brique, pour qu'ensuite nous puissions tenter de construire l'ensemble de l'édifice", a déclaré le socialiste.

Il a précisé que c'était sur cette base qu'il présenterait dans une semaine, le 25 novembre, son prochain rapport au Roi.

Paul Magnette évite-t-il les sujets qui fâchent? Voici sa réponse

Après la présentation de Paul Magnette, les journalistes ont pu poser leurs questions à l'informateur. Le socialiste a beaucoup parlé des éléments qui faisaient consensus entre les dix partis rencontrés. Cependant, il a très peu abordé les difficultés et les éventuels blocages. Paul Magnette évite-t-il les sujets qui fâchent?

Voici sa réponse: "Je n'évite pas ce que vous appelez les sujets qui fâchent, puisque les priorités, je les ai choisies en fonction des messages qui m'ont été envoyés par tous les partis politiques".

Le président du PS a ensuite indiqué que certains thèmes étaient plus prioritaires pour certains partis que pour d'autres. Par exemple les migrations, les enjeux sociaux ou la transition climatique. "Mais j'ai cherché à trouver ce périmètre qui permet que chacun considère qu'autour de six grandes thématiques, on est bien d'accord que ce sont là les priorités. Je pense que personne n'a remis ça en cause. Il y a déjà au moins un consensus là-dessus, sur ensuite les constats et, la plupart du temps, sur les objectifs", a déclaré Paul Magnette.

L'informateur reconnaît qu'il existe bien des zones de difficultés. "Après, il faut se mettre d'accord sur les mesures. Ça avance pas à pas. Un certain nombre de mesures font déjà l'objet d'un assez large consensus. D'autres moins… mais c'est tout le travail de rapprocher les points de vue", a précisé M. Magnette.

Il y a des difficultés, c'est incontestable, ces difficultés doivent nous obliger à trouver des solutions

Relancé par notre journaliste Simon François sur le sujet des difficultés, Paul Magnette a cité une phrase de Winston Churchill: "Le pessimiste voit des difficultés dans toutes les opportunités. L'optimiste voit des opportunités dans toutes les difficultés. Moi je veux être résolument optimiste. Il y a des difficultés, c'est incontestable. Mais plutôt que de voir ça comme quelque chose qui doit nous rendre pessimistes, nous devons nous dire que ces difficultés doivent nous obliger à trouver des solutions, à être des opportunités pour rendre notre modèle belge plus efficace. C'est dans cet état d'esprit-là que je me place, et c'est cet état d'esprit que j'essaie de rendre communicatif à tous les partis avec lesquels je travaille".

Six thèmes prioritaires

Mais revenons au début de la conférence de presse. Le socialiste a débuté sa déclaration en présentant le travail accompli. Il a d'abord rappelé les fameuses six thématiques prioritaires identifiées:

  • l'amélioration du taux d'emploi et de la qualité de l'emploi,
  • la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté,
  • la justice et la sécurité,
  • la transition climatique en lien avec le développement économique,
  • les politiques liées aux migrations,
  • la modernisation de l'Etat afin de rendre le fonctionnement de l'Etat fédéral plus efficace.

"Nous avons passé une dizaine d'heures avec chaque parti ou famille politique à examiner en profondeur ces six thèmes", a précisé Paul Magnette. L'informateur a indiqué que chaque note rédigée était composée de trois parties: une sur l'état de la situation chiffrée, une partie fixant un objectif, une partie tentant de définir les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs.

"Les débats ont porté sur les trois parties. Il faut d'abord être d'accord sur le constat et sur le diagnostic. Quand on est d'accord sur le constat et le diagnostic, il est relativement facile de dégager des objectifs pour remédier aux problèmes, et puis il devient un petit peu plus difficile de traduire ces objectifs dans des politiques concrètes et efficaces", a expliqué Paul Magnette.

 Je constate aussi une large adhésion à la ligne de conduite

"Où en sommes nous aujourd'hui? J'ai pu constater un large consensus sur la méthode. Ça a permis d'aboutir sur un rapport que j'ai remis au Roi d'une cinquantaine de pages, qui est déjà très détaillé. Et ce travail méthodique de convergence sur base de réalités objectives semble donc porter ses fruits. Je constate aussi une large adhésion à la ligne de conduite, qui consiste à faire passer les besoins des citoyens et du pays avant les partis et leurs stratégies", a indiqué Paul Magnette.

Les consensus se retrouvent surtout dans les objectifs d'augmenter le taux d'emploi. "Sur les pistes qui permettent d'y conduire, on commence aussi à dégager un certain nombre de consensus. C'est bien entendu ce que nous recherchons", a déclaré le socialiste.

L'informateur a ensuite donné deux exemples de sujets où des consensus se dégagent: la justice et la sécurité ainsi que la lutte contre les violences envers les femmes.

Rencontres avec les partenaires sociaux, associations de lutte contre la pauvreté et environnementales

Paul Magnette a ensuite précisé sa façon de procéder au cours de la prochaine semaine. "Je vais d'abord dès demain procéder à une journée de consultations avec des acteurs importants de notre pays: les partenaires sociaux représentants des travailleurs et des employeurs, les associations de lutte contre la pauvreté, les associations environnementales. Je voudrais vérifier avec elles que les points de consensus qui se dégagent parmi les partis politiques correspondent aussi aux ambitions des principales forces vives de la société", a expliqué Paul Magnette.

Ensuite, l'informateur a indiqué qu'il rencontrerait à nouveau les partis et familles politiques, pour vérifier les éléments d'accord sur les diagnostics et les objectifs, "mais aussi chaque fois que possible sur les mesures qui permettront de les atteindre".

Reprendre le flambeau après Demotte, Bourgeois, Reynders et Vande Lanotte

Le chef de l'Etat a désigné le 5 novembre le président du PS pour mener un nouveau tour d'information en vue de former un gouvernement fédéral après l'échec des préformateurs Rudy Demotte (PS) et Geert Bourgeois (N-VA). Le socialiste a pris sa mission en étendant la liste des partis consultés.

Les informateurs précédents, Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a), avaient progressivement réduit leurs discussions à six partis (socialistes, libéraux, CD&V et N-VA). Les préformateurs avaient consulté les écologistes en plus des six partis. M. Magnette a quant lui entretenu des contacts avec dix partis, c'est-à-dire avec DéFI et surtout le cdH en plus.

Ce retour des centristes francophones est sans doute l'un des faits les plus marquants depuis le 5 novembre. Jusqu'à présent, le cdH s'en tenait à son annonce d'après élections: il siégerait dans l'opposition partout. M. Prévot a rappelé qu'il y avait une deuxième partie à sa position du 3 juin: le cdH sera "au rendez-vous pour envisager un soutien, même extérieur, à toutes les importantes réformes dont ce pays a besoin pour sa stabilité et son essor".

L'informateur essaie de trouver des convergences entre les différents partis sur un nombre restreint de thèmes, en essayant d'abord d'identifier des objectifs communs -lundi passé, il a cité le relèvement du taux d'emploi- et les moyens pour y parvenir. Dans ce contexte, l'institutionnel n'est pas un thème en soi mais il est présent de manière "transversale".

L'informateur a eu des entretiens bilatéraux avec des familles politiques (socialistes, écologistes et libérales) ou des partis pris isolément, N-VA, DéFI, cdH et CD&V. Malgré le retour du cdH dans le jeu, il ne forme pas (encore) une famille démocrate-chrétienne avec le CD&V. Jusqu'à l'échec de MM. Bourgeois et Demotte, la formule de coalition privilégiée associait le PS et la N-VA. La désignation de M. Magnette laisse entrevoir des formules sans la N-VA. Pour qu'elles se réalisent, il faudra toutefois que l'Open Vld et/ou le CD&V qui se sont alliés aux nationalistes au gouvernement flamand se désolidarisent d'eux à l'échelon fédéral. Dans le cas du CD&V, il est peu probable qu'une évolution intervienne avant la désignation d'un nouveau président attendue le 6 décembre.


 

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