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Le président du MR reproche à Philippe Close, bourgmestre socialiste, d'avoir autorisé la manifestation de dimanche à Bruxelles

 
 

À l'affrontement dans la rue à Bruxelles, dimanche en fin d'après-midi, entre des casseurs et la police, après une manifestation contre le racisme réunissant 10.000 personnes, succède l'affrontement politique. Celui-ci a lieu sur deux questions:

1. Fallait-il autoriser un rassemblement de masse, en infraction avec les règles liées au confinement (interdiction de grand rassemblement, distanciation sociale) ?

2. La police ne devait-elle pas agir plus tôt afin d'éviter les destructions de vitrines et pillages de magasins ?

Fallait-il autoriser la manifestation ?

L'action pacifique de dimanche a réuni quelque 10.000 personnes sur la Place Poelaert, au pied du Palais de Justice de Bruxelles.

En raison de la crise du coronavirus, cette affluence a suscité un torrent de critiques, notamment de la part du MR et de son président, Georges-Louis Bouchez. Invité dans le RTL INFO 13h, il a estimé qu'il y avait bien d'autres façons que la manifestation de dimanche pour montrer son adhésion à la lutte contre le racisme. "Chaque jour il y a 30 manifestations en moyenne à Bruxelles", a déclaré le président libéral. Celles-ci sont interdites depuis deux mois et demi à cause des règles sanitaires et, dès lors, "de nombreuses causes extrêmement légitimes" ne peuvent plus être défendues par une manifestation. "Comment voulez-vous aller verbaliser un citoyen qui ferait la fête avec 50 personnes" si dans le même temps Philippe Close, le bourgmestre de Bruxelles, autorise une manifestation de 10.000 personnes, a encore considéré Georges-Louis Bouchez qui a accusé Philippe Close de récupération politique. "Il a voulu se montrer généreux, c'est plus facile", a-t-il ajouté.

"Il avait prévenu qu'il allait me flinguer", a affirmé ce lundi Philippe Close, le bourgmestre socialiste de Bruxelles qui avait autorisé la manifestation en réaction à la mort de l'Afro-Américain George Floyd étouffé à mort par un policier aux États-Unis. "Le job du bourgmestre, c'est de faire la balance entre l'ordre public, la liberté d'expression et la problématique de la santé publique", a-t-il ajouté en soulignant "l'extrême responsabilité des manifestants dont 99,9% étaient masqués". "L'expression publique doit pouvoir avoir lieu. On ne peut pas demander à la population de contenir plus longtemps une colère que nous devons entendre alors que la diversité est l'ADN de Bruxelles et fait sa force", a poursuivi le bourgmestre de la Ville. "C'est d'ailleurs peut-être le thème de la manifestation qui pose problème à certains membres du MR", a-t-il encore déclaré.

Face à l'éventualité d'une convocation par la Première ministre Sophie Wilmès, qui a regretté, dimanche, qu'une alternative n'ait pu être trouvée, "j'assume toujours mes actes", a répondu Philippe Close. "Elle avait mon numéro de GSM et elle pouvait m'appeler depuis jeudi. Je constate surtout qu'il y a un parti qui se nourrit d'une polémique par jour", a-t-il asséné.

Sur Twitter, Philippe Close a reçu le soutien d'Olivier Maingain (Défi), le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert. "Un peu d'honnêteté intellectuelle: tout bourgmestre sait qu il est vain de chercher à interdire une manifestation à laquelle plusieurs milliers de participants sont annoncés. C'est à chacun d'être responsable de son comportement en cette période de crise sanitaire", a-t-il ainsi réagi. "Toujours la même honnêteté intellectuelle voudrait qu'unanimement, les politiques saluent la motivation noble de la manifestation même si on peut discuter de son organisation, et condamnent les casseurs qui l'ont dénaturée. Voilà comment servir la démocratie", a-t-il ajouté. Interrogé sur LN24 lundi matin, le ministre bruxellois de l'Emploi et ancien bourgmestre de Schaerbeek, Bernard Clerfayt (Défi), n'a pas dit autre chose. "J'imagine mal un bourgmestre interdire ce type de manifestation au risque de créer des rassemblements spontanés, orientés et plus violents encore", a-t-il estimé en dénonçant lui aussi "les sorties idéologiques et politiciennes de certains partis". "Ce n'est pas ça qui va résoudre le problème du racisme, ni ceux de la Belgique", a-t-il dit.

La police ne devait-elle pas intervenir plus tôt ?

Le ministre en charge des Indépendants, Denis Ducarme (MR) va demander des explications au ministre de l'Intérieur sur "les consignes de non-intervention" données à la police.

Des poubelles ont été incendiées et des magasins ont été pillés, dans la chaussée d'Ixelles mais aussi le long du boulevard de Waterloo. "En tant que ministre en charge des Indépendants, je demanderai à la Première ministre et au ministre de l'Intérieur des explications quant aux consignes de non-intervention qui ont été données, jusque tard dans l'après-midi, à la police. Cette absence de contrôles a conduit au pillage et au saccage de nombreux magasins", a affirmé Denis Ducarme. "Pour les commerçants, être confrontés à ces saccages après des mois de confinement est tout bonnement insurmontable", a-t-il ajouté.

"Après le rassemblement, des fauteurs de troubles et des délinquants ont délibérément provoqué les forces de l'ordre et dégradé le mobilier urbain. Ils s'en sont ensuite pris à des magasins pour les dévaliser comme de vulgaires voleurs. J'ai immédiatement demandé aux forces de l'ordre de disperser les fauteurs de trouble et de procéder à leur arrestation. Nous ne tolérons et ne tolérerons jamais l'impunité dans notre capitale", avait assuré Philippe Close. Au total, 239 arrestations ont eu lieu depuis hier après-midi.


 

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